Le Mufti de Jérusalem et le nazisme

La base documentaire pour étudier la Palestine mandataire est constituée par l’ensemble des archives britanniques, américaines et françaises de l’époque. Cette source primaire détaille la situation de la Palestine mandataire et apporte un certain nombre d'éclaircissements à propos des activités du Grand Mufti de Jérusalem aka Mohammed Hadj Amin al-Husseini. Enfin nous avons les travaux d'historiens, notamment ceux ayant étudié l'islamisme au travers des frères musulmans, apportant quelques détails substantiels tout en confirmant les informations déjà portées à notre connaissance.

Commission Palin (1920)

Le statut politique de la région du Levant est défini par la SDN. Ce territoire est placé sous mandat britannique. Rappelons que le territoire de la Palestine mandataire n'est pas le même que le territoire partitionné en 1947.

Le mandat britannique est inauguré par un premier pogrom à Jérusalem. Après chaque évènement de cette nature, le pouvoir britannique met en place une commission d’enquête pour en déterminer les causes, identifier les acteurs et proposer une solution.

Concernant le pogrom de Jérusalem, la commission Palin  porte ses soupçons sur le futur Grand Mufti de Jérusalem. Il est condamné à 10 ans de prison. Il fuit en Syrie, un comportement qui résume assez bien sa vie, une fuite perpétuelle accompagnée de mensonges et d’intrigues. Toute la petitesse d’un homme qui se voyait très grand. Peu de temps après, le premier haut commissaire de la Palestine mandataire, Sir Herbert Samuel, gracie Mohammed Hadj Amin al-Husseini. Puis il soutient sa nomination au poste de Grand Mufti de Jérusalem pour apaiser les tensions entre les populations juives et arabes. Ainsi Mohammed Hadj Amin al-Husseini devient le Grand Mufti de Jérusalem.

Commission Haycraft (1921)

Cette commission a pour but d’enquêter sur le pogrom de Jaffa en 1921. Aucun responsable n’est identifié pour ce pogrom alors que la violence dirigée vers les britanniques et les juifs a toujours eu la même source, celle du clan du Mufti de Jérusalem. Le Mufti est un politicien, un intriguant, il n’est pas un soldat. Il se contente de stimuler les foules avec son discours antisémite diabolisant les juifs. Il fédère autour de lui, rassemble autour de la religion, puis il nomme l’ennemi. Ses disciples n’ont plus qu’à diffuser le message ou agir par eux mêmes.

4ème Congrès Arabe palestinien à Jérusalem (1921)

Notons que ces "congrès arabes palestiniens" sont composés par des individus non élus, s’autoproclamant représentant du peuple. L’une des principales revendications issue des précédents congrès reposait sur l’intégration de la Palestine dans un état arabe indépendant comme celui de la Syrie. Lors de ce congrès, les participants décident d’envoyer une délégation à Londres, chapeautée par Musa Qazem al-Husseini, pour négocier l’abandon de la déclaration de Balfour. C’est le début des négociations sur ce thème menée par des arabes palestiniens tandis que d'autres dirigeants arabes avaient une vision différente de la Palestine puisqu’ils souhaitaient l’intégrer à leur propre territoire comme en Transjordanie...

5ème Congrès Arabe palestinien à Naplouse (1922)

Des mesures phares sont adoptées comme le boycott antijuif, interdire la vente de terres aux juifs et interdire l’immigration juive. Soulignons qu’il est bien question des juifs, point des sionistes. Si un arabe ne respectait pas ces mesures, il pouvait être isolé voir éliminé par les partisans du clan Husseini.

Conseil Suprême Musulman (1922)

Un organe créé par l'empire britannique qui devient rapidement un outil exclusivement sous contrôle du clan Husseini. Il est aboli en 1948. Nul doute que la posture britannique penche du côté arabe au regard de ces nombreux cadeaux. Un autre présent britannique est le premier Livre blanc (1922) visant à restreindre l'immigration juive.

Commission Shaw (1930)

Enquête sur les différents pogroms de l’année 1929 minimisant le rôle du Mufti de Jérusalem. En effet, le Mufti de Jérusalem diffusa des tracts accusant les juifs de vouloir prendre le contrôle de la mosquée d’al-Aqsa. Or sa culpabilité est étrangement écartée alors que son passé, son présent et son futur le situent systématiquement là où le sang des juifs coulent. L’importance de l’aura religieuse du Mufti de Jérusalem et de son clan, le rendait intouchable au risque de générer des troubles encore plus violents.

La Commission Shaw aborde également la vente des terres arabes aux juifs en s’appuyant sur des documents et des témoignages. Elle n’est contestée par aucune des parties mais elle dérange les représentants autoproclamés des arabes palestiniens.

2ème Congrès islamique mondial (1931)

Il s’agit d’une conférence internationale créée en 1926 par une autre figure arabe de l’époque, le roi de la future Arabie Saoudite, Abdelaziz Ibn Saoud, afin de soutenir la communauté musulmane dans le monde. À ses débuts, ce sont environ 100 représentants d’une vingtaine de pays musulmans qui sont présents. La deuxième conférence est dirigée par le Mufti de Jérusalem qui est élu président du Congrès islamique mondial. C'est dire l'importance et l'influence du Mufti dans le monde arabo-musulman.

Le Congrès de 1931 appelle à boycotter les produits juifs et dénonce la menace sioniste visant les lieux saints de la Palestine. Une lettre d’Hassan el-Banna est lue à ce sujet, une anecdote confirmée par son compagnon idéologique le Mufti de Jérusalem.

Hassan el-Banna confie à son gendre, Saïd Ramadan, la mission de créer une branche des frères musulmans à Jérusalem. Ce projet est concrétisé en 1945. Selon le politologue et auteur Hamed Abdel-Samad, un an avant la création des frères musulmans en Égypte, le Mufti de Jérusalem entretenait déjà des liens avec Hassan el-Banna. Quand le Mufti de Jérusalem fuit l’Allemagne nazie, il finit sa route en Égypte accueilli en héros par Hassan el-Banna.

Adolf Hitler (1933)

Arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler le 30 Janvier 1933, signant l’avènement du nazisme et de l’antisémitisme en Europe. Le réel début du calvaire pour les juifs.

Le premier contact du Mufti avec l’Allemagne nazie fut par l’intermédiaire du consul général d’Allemagne à Jérusalem, Heinrich Wolff. Ce dernier adresse un télégramme à destination de Berlin, daté au 31 Mars 1933, pour résumer sa rencontre avec le Mufti à Jérusalem. Il soulignait l’enthousiasme du Mufti suite à l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, souhaitant que l’Allemagne lance un boycott contre les biens juifs. Ce boycott serait soutenu par tout le monde musulman. Le lendemain, les premières lois anti-juives étaient promulguées en Allemagne nazie. Une chose est certaine, les idées du Mufti étaient convergentes avec celles du Führer. Ainsi la propagande islamo-nazie débute par l’entremise du Mufti de Jérusalem dans tout le monde arabo-musulman. Son influence fut sans conteste et durant plusieurs générations.

Alors qu’il s'exile au Liban en 1937, fuyant la révolte arabe en Palestine, le Mufti noue des contacts avec plusieurs haut dignitaires de l’Allemagne nazie. Au mois de Juillet 1937, il rencontre le consul général d’Allemagne à Jérusalem, Walter Döhle, afin de solliciter l’aide de l’Allemagne nazie. La même année, le mufti envoie une délégation à Berlin emmenée par Moussa el Alimi pour y rencontrer les diplomates Otto von Hentig, Ernst Weiszäcker et d’autres individus du parti nazi. Puis le Mufti prend contact avec l’ambassadeur nazi en Irak, Fritz Grobba. Il a également des contacts avec Wilhelm Canaris, le chef du service de renseignement allemand (Abwehr) dont il percevra une somme d'argent.

Notons que le Mufti draguait également le tout fascisme incarné par Mussolini. Qui se ressemble s'assemble. Le Mufti n'a pas eu besoin d'avoir la Palestine occupée par les nazis pour se soumettre, il a volontairement couru dans leurs bras.

Arab Higher Committee ou Haut Comité Arabe (1936)

Le Haut Comité Arabe (HCA) est une nouvelle instance représentative autoproclamée du peuple palestinien, créée le 25 Avril 1936 par le mufti et présidée par le mufti. Le HCA est présent durant les différentes phases de négociation du plan de partage de la Palestine mandataire jusqu'en Septembre 1947.

Révolte arabe (1936-1939)

Le clan Husseini est largement impliqué dans cette révolte comme le démontre la Commission Peel qui analyse le début de la révolte arabe qui, au fil du temps, est renommée révolte palestinienne par les révisionnistes. Ce qui n'a aucun sens puisqu'à cette époque la Palestine mandataire était composée par des arabes palestiniens et des juifs palestiniens. A moins que les juifs palestiniens se révoltèrent  contre eux mêmes...?

Tous ceux qui nomment cette révolte "palestinienne", affichent leur biais pro palestinien ainsi qu'une appétence soit pour l'ignorance soit pour le révisionnisme.

Commission Peel (1936)

Là où la Commission Shaw avait été clémente à l'égard du Mufti, la Commission Peel rappelle son rôle central aussi bien dans les évènements de 1929 que dans la révolte arabe. En effet, le Mufti de Jérusalem et sa famille étaient dans une position de toute puissance puisqu'ils avaient des membres de leur clan à tous les postes clés de Jérusalem. Maire de Jérusalem, Grand Mufti de Jérusalem, président du Conseil Suprême Musulman et président du HCA. Le Grand Mufti de Jérusalem était le pilier majeur du clan.

Malgré cela, les britanniques ne souhaitent plus entendre parler des fauteurs de trouble du clan Husseini. Le Mufti s'exile au Liban en 1937 où il continue sa propagande nationaliste islamiste.

La Commission Peel est suivie par la Commission Woodhead, proposant un plan de partage de la Palestine mandataire. Enfin, la conférence Saint-James (1939) visait à trouver une solution au conflit opposant les arabes aux juifs. Sans résultat notoire.

Dans ce contexte, le 17 Mai 1939 est adopté le troisième Livre Blanc. Ce dernier Livre Blanc limitait la vente des terres arabes aux juifs. Preuve s'il en fallait encore que les terres étaient vendues par les arabes et non volées par les juifs. 

Coup d’État en Irak (1941)

En 1939 le Mufti s'exile en Irak où il participe au Coup d'État le 1er Avril 1941 favorable aux intérêts de l'Axe, à savoir l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie. Soulignons que le Mufti de Jérusalem avait aussi des relations diplomatiques avec Mussolini.

Au mois d'Août 1940, il envoie son secrétaire privé en tant qu'émissaire, Osman Kemal Haddad, rencontrer Fritz Grobba à Berlin.  L'occasion de transmettre leurs revendications et aussi de réclamer du soutien financier ou logistique. Le nazi Fritz Grobba fut ambassadeur en Irak entre 1932 et 1941. C'est sous sa supervision que se déroule le Coup d'état en Irak qui installe Rashid Ali al-Gaylani au poste de Premier ministre. Rashid Ali al-Gaylani sera du voyage en Allemagne nazie avec son comparse le Mufti à la fin de l'année 1941. La crise irakienne se ponctue par l'intervention de l'armée britannique et le pogrom de Farhoud au mois de Juin 1941. 

Allemagne nazie (1941)

A la suite de ces événements, le Mufti fuit encore. Cette fois-ci il s'exile en Iran puis vers Rome où il est protégé par Mussolini avant de se rendre en Allemagne nazie.

Le 6 novembre 1941, il part pour Berlin  afin de  s'entretenir avec le ministre des affaires étrangères Joachim Von Ribbentrop puis Adolf Hitler.

Le 28 Novembre il rencontre Joachim Von Ribbentrop en présence de Fritz Grobba. Dans la même journée, peu après, il rencontre Adolf Hitler dont nous avons une vidéo et des photos pour illustrer ce moment historique. Aucun accord entre les deux parties ne sera conclu mais le Mufti avait l’assurance que le Führer appliquera également la solution finale dans les pays arabo-musulmans quand l’armée rouge sera vaincue. Cette affirmation provient du compte-rendu de la rencontre entre Mufti et Hitler en 1941.

(Source: Documents on German Foreign Policy 1918-1945, Series D, Vol XIII, London, 1964)



Le Mufti entretient aussi une relation avec le chef des renseignements de l'Allemagne nazie (Abwehr) en la personne de l'amiral Wilhelm Canaris. Un personnage controversé qui a porté allégeance au régime nazi tout en reniant le nazisme. Il s'opposait à la chasse aux juifs. Paradoxalement, il soutenait un individu comme le Mufti de Jérusalem. Le Mufti a également fait la rencontre d'autres hauts dignitaires nazis comme Adolf Eichmann et Heinrich Himmler.

(Source: Adolf Eichmann, jugement du procès Eichmann à Jérusalem 1961).



Division Handschar (1943)

Le Mufti a participé au recrutement des membres musulmans de la Légion bosniaque via sa propagande anti-juive, anti-britannique et pro nazie. Cette légion se nomme division Handschar. Pour le Mufti, l'ennemi est le même en Croatie qu'en Palestine.

Durant les mois de Mars et Octobre 1943, le Mufti de Jérusalem passe en revue les troupes dans les Balkans. L'impact du Mufti sur l'Allemagne nazie et la Seconde guerre mondiale est évidement inexistant. Mais ceci est une fausse lecture des faits visant à occulter ce pourquoi le Mufti gesticulait, à savoir une grande nation arabe incluant la Palestine dans laquelle il aurait un rôle prépondérant. Et les principales victimes furent bien évidemment les juifs de Palestine mais aussi ceux des pays arabo-musulmans. Sans oublier certains arabes dont le roi Abdallah de Jordanie.

Arrestation par la France (1945)

Le Mufti a été arrêté par les forces d'occupation française à Constance le 5 Mai 1945. Il est maintenu en détention sur le territoire français jusqu'à sa fuite vers l'Égypte. Il fut protégé par le pouvoir français alors que  la Grande-Bretagne et la Yougoslavie demandèrent l'extradition de l'ex Mufti pour le juger en tant que criminel de guerre.

Fuite en Égypte (1946)

L'ex mufti n'est pas extradé. Il fuit en Égypte où il continue la lutte contre les juifs avec d'autres nazis. En Égypte, il est accueilli chaleureusement par le frériste antisémite Hassan el-Banna sous le monarque Farouk 1er. 

Nul historien ne peut nier que l'Égypte et la Syrie furent des destinations préférentielles du monde arabo-musulman pour les nazis, au même titre que l'Argentine en Amérique du Sud. Les révisionnistes pro-islamistes préfèrent occulter cet épisode.

Le nazi propagandiste Johann von Leers est invité par son ami, l'ex Mufti de Jérusalem, à le rejoindre en Égypte en 1956. Puis, en 1957, il se convertit à l'islam et devient Omar Amin von Leers.

D'autres transfuges nazis, Eugen Sänger, Wolfgang Pilz, Heinz Krug, ont participé au programme égyptien de missiles balistiques longues portées. Leur objectif était de pouvoir atteindre Israël. (Factory 333).

Nous ne saurions ignorer l'antisémitisme du premier président égyptien Gamal Abdel Nasser. Peu après la crise du canal de Suez en 1956, ce sont les juifs d’Égypte, environ 65.000 personnes (1947), qui sont concernés par des expulsions. Le 22 Novembre 1956, le président égyptien Nasser autorisa un amendement de la loi (391) sur la nationalité égyptienne, conduisant à la discrimination des juifs. Le gouvernement égyptien déclara "tous les juifs Ennemis de l’État". 

Gouvernement de toute la palestine (1948)

La Ligue Arabe créée le Gouvernement de toute la Palestine en exil, installé dans la bande de Gaza alors occupée et administrée par l'Égypte. L'ex mufti de Jerusalem est élu président de ce Gouvernement. Son objectif principal était d'empêcher l'annexion de la Cisjordanie par la Transjordanie. Une annexion à laquelle s'opposèrent tous les pays voisins arabes car ils ne souhaitaient pas voir l'état de Transjordanie s'agrandir de la sorte. La question du peuple palestinien était toujours inexistante.

Assassinat du roi de Jordanie (1951)

Le 20 juillet 1951, le roi de Jordanie, aligné sur l'Occident, est assassiné par un disciple du Mufti, Mustafa Ashu. Le Mufti s'en félicita.

Aujourd'hui (2024)

Le fondateur de l’OLP, Yasser Arafat, était à la fois un disciple du Mufti mais aussi un membre de sa famille. Quant à son successeur, Mahmoud Abbas, il est profondément lié à Yasser Arafat et à l'idéologie islamiste.

Le Hamas est une filiale Palestinienne des frères musulmans or nous avons déjà vu les liens qui unissait le fondateur des frères musulmans en Égypte, Hassan el-Banna, puis son successeur Saïd Ramadan, au Mufti ainsi qu'au mouvement islamiste. Le Hamas fut fondé par Ahmed Yassine, un frère musulman tétraplégique et malvoyant.

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Liste non exhaustive de tous les contacts de l'ex Mufti avec le régime nazi. Les contacts sont matérialisés physiquement ou par une correspondance.

Ernst von Weizsacker, Joachim Von Ribbentrop, Adolf Eichmann, Adolf Hitler, Wilhelm Canaris, Otto von Hentig, Heinrich Himmler, Fritz Grobba, Franz von Papen (NA), Hellmut Felmy (NC), Edmund Veesenmayer (NC), Walter Döhle, Heinrich Wolff.

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