Muriel Pénicaud : Business is Business
Concernant l'affaire
Pénicaud/Danone, il faut savoir qu'est ce qu'une stock options, quel
est le rôle du directeur général des relations humaines (DGRH) au sein d'une
entreprise, et qu'est ce qu'un délit d'initiés. Voici la piqûre de
rappel.
Une
définition simple des stocks options :
« Une
stock-option est un droit attribué à un salarié de pouvoir acheter
des actions de son entreprise à un prix fixé à l'avance (prix
d'exercice), avec une décote par rapport au cours de Bourse du
moment de l'attribution et dans un délai déterminé. Si le salarié
décide de lever son option, il achète les actions au prix
d'exercice et réalise une plus-value lorsqu'il les revend. Il n'y a
pas de risque de perte car si le cours de l'action est plus
bas que le prix d'exercice, le salarié n'exerce pas son option ».1
Muriel
Pénicaud n'a donc réalisé aucun investissement initial. Pour
imager le procédé, il s'agit d'une simple écriture scripturale qui
se matérialise uniquement au moment où le salarié décide de lever son option
d'achat. Cela se transforme alors en monnaie sonnante et trébuchante.
Il existe un délai
d'indisponibilité de quatre ans avant de pouvoir céder ces
stock-options.
Rendu
sur le web-site de Danone
à la rubrique correspondante à l'historique
du cours de l'action Danone,
il nous est alors possible de choisir la période référence pour
évaluer l'impact du plan de restructuration sur le cours de
l'action.
En
effet, Muriel Pénicaud a réellement acquis ses actions le 30 avril
2013, à la côte de l'année 2009, et elle les a revendues le même
jour. Elle a ainsi dégagé un bénéfice de 1,13 millions d'euros.2
« À court terme, des destructions d’emplois peuvent
remonter le cours de l’action et vont donc bénéficier au capital,
contre la production et la valeur ajoutée », confirme
l’économiste Frédéric
Boccara, spécialiste des entreprises. Membre du Conseil
économique, social et environnemental (CESE)3,
des Économistes atterrés et
de la direction du PCF.
Une
définition du délit d'initié :
« Délit
qui consiste à utiliser ou à transmettre des informations non
connues du public qui si elles l'étaient, auraient un impact positif
ou négatif sur la valeur de titres cotés en bourse. Par exemple,
acheter un titre peu avant le lancement d'une OPA pour le revendre
quelques temps après avec une plus-values importante. Il est punit
pénalement par des amendes et des peines de prison ».
A
ce sujet la députée communiste Éliane Assassi interpella Muriel
Pénicaud au Sénat : « Cette énorme plus-value est
grave sur le plan éthique et peut-être même sur le plan juridique
car à vos fonctions de DRH vous avez réalisé ce plan social et en
avez récolté les fruits pour votre profit personnel ».
Pourquoi l'honnête ministre du Travail n'a t-elle pas déposé une
plainte pour diffamation ? Sans doute que la cohérence des
propos tenus par ces divers intervenants étaient fiables et
pertinentes. Ajoutons l'opinion de la secrétaire de la fédération
nationale agroalimentaire et forestière de la CGT, Jocelyne
Hacquemand, interrogée par Europe 1, elle a déploré la
démagogie pratiquée par Muriel Pénicaud : « Ce n'est
pas unique, toutes les restructurations visent à ça ».4
Effectivement, rien d'extraordinaire, une restructuration entraîne
systématiquement une hausse du cours de l'action mais encore faut-il
fournir les bonnes informations aux citoyens français. Or la
principale intéressée a manipulé les faits avec la complicité du
gouvernement.
Muriel
Pénicaud, via sa position de Directrice générale des ressources
humaines (DGRH) entre 2008 et 2014, avait la primauté de
l'information relative aux plans de licenciement chez Danone
car c'est l'une des attributions d'une DGRH. Elle était aussi membre
du comité exécutif de Danone
qui, placé sous l'autorité du Directeur Général, se réunit une
fois par mois. Ce comité exécutif assure la direction
opérationnelle de la Société, met en œuvre la stratégie définie
par le Conseil d'Administration, s'assure de la cohérence des
actions engagées par les Pôles d'activités et l'ensemble des
filiales, décide des plans d'actions et approuve les budgets. Cette
double casquette lui a permis de savoir que plusieurs mois auparavant
Danone
avait prévu la « suppression
d’environ 900 postes managériaux et administratifs répartis
dans 26 pays européens ».5
Cette
information interne fut officialisée par voie de presse le 19
février 2013 alors que le plan de restructuration fut décidé en
2012.
Pour
se défendre Muriel Pénicaud déclara :
« En
revanche soyons clairs, l’attribution du plan de stock-options
évoqué dans la presse est bien antérieure à l’annonce du plan
de départs volontaires, et n’a aucun lien avec ce dernier. Je ne
peux donc que regretter ces amalgames ».
Muriel
Pénicaud s’était déjà défendue en ces termes au Sénat, après
avoir été interpellée par la présidente du groupe communiste,
Éliane Assassi.6
La ministre du Travail évoqua « l'attribution
du plan de stock-options »
comme étant antérieur à l'annonce des licenciements or ce
qui nous intéresse c'est le
moment de la revente
de ces actions, coïncidant à ce plan de restructuration interne à
l'entreprise. Le
timing était excellent, au moment d'un plan de restructuration qui a
entraîné une hausse du cours de l'action.
Notons
que parmi les ministres du gouvernement d’Édouard Philippe, le
patrimoine de la ministre du Travail était le plus élevé, elle
arrivait en tête avec un patrimoine de 7,5 millions d'euros,
devançant de peu l'ex ministre de l’Écologie.7
La moyenne du patrimoine des français s'élève à 158.000 euros.
Business
France
Dans
l'affaire Business France, l'enquête préliminaire fut
ouverte au mois de mars 2017, ni Emmanuel Macron ni Muriel Pénicaud
n'ont été inquiété, seuls Business France et Havas
furent incriminés.
Autrement dit des personnes morales, des entités possédant une
intelligence artificielle, agissant seules, sans personne physique.
Ceci était le raisonnement fallacieux que les représentants du
parti En Marche ! nous ont offert ainsi que leurs dévoués
scribouillards : les journalistes. Muriel Pénicaud fut à
l'origine de la création de l'entité Business France en
2015, soupçonnée de ne pas avoir procédé à un appel d'offres sur
le marché public pour l'organisation d'un déplacement d'Emmanuel
Macron à Las Vegas au mois de janvier 2016.
Elle
fut également soupçonnée d'avoir encore favorisé la société
Havas via Business France dans le cadre d'une opération
promotionnelle intitulée Créative
France afin de « vanter à l’étranger
l’attractivité de la France ».8
Finalement la ministre du Travail a été placé sous le statut de
témoin assisté « pour favoritisme » dans le cadre de
ces affaire au mois de mai 2018. La proximité de Muriel Pénicaud
avec Stéphane Fouks, vice-président d'Havas, est explicite à
travers plusieurs mails qu'ils se sont échangés. Notamment celui-ci
dans lequel Muriel Pénicaud écrivit à son assistante : « J'ai
un rendez-vous secret avec Fouks, cela ne doit pas figurer à mon
agenda et cela ne doit pas se savoir ».9
Le Canard Enchaîné a relevé que l'inspection du travail a
constaté 671 infractions au Code du travail de Business France
sous la direction de Muriel Pénicaud entre 2015 et 2017.10
Rappelons
que le statut de témoin assisté signifie qu'il existe des preuves
mais pas d'indices graves et concordants pour la personne mise en
cause au cours d'une information judiciaire. Ainsi Muriel Pénicaud
pourrait être mise en examen ultérieurement selon l'avancement de
l'instruction judiciaire ou simplement relaxée.11
Frank
D.
1Site
internet : La toupie de Pierre TOUREV pour la définition de
stock-options.
2L'Humanité :
« Stocks-options.
La ministre du Travail touche le pactole sur le dos des emplois »,
Sébastien Crépel, 27 juillet 2017.
Extrait : « La
transaction porte sur un lot de 55 120 actions acquises à une
valeur de 34,85 euros l’unité, bien en dessous du cours de
l’action ce jour-là, et revendues aussitôt pour l’essentiel
(52 220 actions) à 58,41 euros l’unité, au cours du marché.
Soit 1 920 932 euros à l’achat, et 3 049 966,54 euros à
la revente. Bilan de l’opération : une plus-value immédiate de
1 129 034,54 euros, non comptées les 2 900 stock-options
restant alors en sa possession ».
Le montant de cette plus-value
est avant impôt.
3Le
CESE conseille le Gouvernement et le Parlement sur l'élaboration
des lois et les orientations des politiques publiques. Il est
composé de 233 membres.
4Sud-Ouest :
Pénicaud
a-t-elle gagné 1 million d’euros en bourse grâce à un plan
social ?, 27 juillet 2017.
5Le
Monde : « Danone
va supprimer 236 postes de cadres en France »,
Laurence Girard, 19 février 2013.
6Europe
1 : « Muriel
Pénicaud regrette les "amalgames" concernant une
plus-value d'un million d'euros réalisée chez Danone »,
Bertrand GUAY/AFP, 27 juillet 2017.
Le
Monde : « Muriel
Pénicaud interpellée au Sénat sur une plus-value boursière
réalisée chez Danone », 27 juillet 2017.
Libération :
« La
juteuse plus-value boursière de Muriel Pénicaud chez Danone »,
Ismaël HALISSAT, 27 juillet 2017.
7FranceTVInfo :
Déclaration
de patrimoine : des millionnaires au sein du gouvernement, 16
décembre 2017.
8Capital :
Après
Las Vegas, une nouvelle affaire pour Muriel Pénicaud ?, Samuel
Shalom, 24 juillet 2018.
9Capital :
Affaire
Business France : Muriel Pénicaud convoquée chez le juge, 8
mai 2018.
10RTL :
Business
France : 671 infractions au Code du Travail sous la direction de
Pénicaud, Eléanor Douet, 20 décembre 2017.
11Le
Figaro : Qu'est-ce
que l'affaire «Business France» dans laquelle Muriel Pénicaud est
inquiétée ?, Esther Paolini, 22 mai 2018.
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