Aux racines du mal : de la doctrine Monroe à la doctrine Bush


Des organisations para-gouvernementales, des haut-fonctionnaires d’État, des pontes de la finance, voici les détails d'une politique mortifère mise en place sur plusieurs générations par les Etats-Unis. De la doctrine Monroe au corollaire de Roosevelt en passant par le nouvel ordre mondial de Bush père jusqu'à la doctrine de guerre préventive de son fils W. Bush. Voici l'aboutissement de plus d'un siècle de politique étrangère qui permet aujourd'hui aux États-Unis d'attaquer n'importe quel endroit du globe au motif fallacieux d'une présence indésirable qualifiée de « terroriste ».

Les organisations para-gouvernementales sont un outil permettant d'orienter les politiques de nos gouvernements, nous les connaissons sous le terme de think tank. Il s'agit d'une structure privée indépendante de l’Etat regroupant des experts de l'élite qui soumettent des propositions à l'élite dans l'intérêt de l'élite. Cette organisation à caractère non lucratif diffuse son idéologie lors de forum réunissant les agents du pouvoir puis en publiant leurs opinions destinées à orienter nos politiques. Les thèmes abordés sont aussi divers que ceux de la politique sociale, de la géopolitique, de l'économie, de la culture, du secteur militaire ou des technologies. Un think tank agit comme un lobby avec son propre agenda politique. Il parasite l'exercice de la démocratie en s’immisçant entre le pouvoir et le peuple.

Ainsi le milieu de la finance contrôle le complexe militaro-industriel, les masses médias et les think tanks. L'élite a donc la main mise sur la force brute, l'appareil de production, la propagande et l'idéologie, un cocktail idéal pour imposer une domination globale.

Pour clôturer le XXème siècle un think tank s'est particulièrement distingué avec la parution d'un document rédigé et signé par certains des hommes les plus influents de la planète. Parmi eux nous retrouvons les architectes de la politique interventionniste américaine passée, présente et future. Ce sont eux qui ont orchestré les campagnes militaires du nouveau millénaire en Irak et en Afghanistan. Ce think tank était le PNAC (Projet pour un Nouveau Siècle Américain) créé en 1997 à Washington par William Kristol et Robert Kagan.



Le nom de ce think tank annonce la couleur, le XXIème siècle sera américain à l'instar du XXème siècle. L'idéologie du PNAC émane des néo-conservateurs et se concentre uniquement sur la politique étrangère des États-Unis qui conditionne tout le reste. Nous ne raisonnons plus en terme humain, nous sommes une planète à conquérir, il nous faut des ressources et le contrôle des territoires clés pour imposer notre loi. Les néo-conservateurs veulent dominer le monde, c'est l'objectif de la politique étrangère américaine et le PNAC est leur programme. La déclaration de principes du PNAC a été publié le 3 juin 1997 sur leur site internet. En voici quelques extraits :

« ...fought for a defense budget that would maintain American security and advance American interests in the new century ».

Maintenir la position dominante des États-Unis dans les domaines militaire (American security) et économique (American interests).

« ...American global leadership ».

Encore une expression univoque des néolibéraux qui veulent voir les États-Unis dominer le monde.

« We seem to have forgotten the essential elements of the Reagan Administration's success: a military that is strong and ready to meet both present and future challenges; a foreign policy that boldly and purposefully promotes American principles abroad; and national leadership that accepts the United States' global responsibilities ».

Les architectes ou les collaborateurs de la politique Reaganienne (1981/1989) vantent les mérites de cette période. Rappelons que le vice-président des Etats-Unis était alors George H.W. Bush qui succéda à Ronald Reagan au poste de président entre 1989 et 1993. Ce fut George H.W. Bush l'homme clé de Washington durant quasiment 3 décennies. Il fut également directeur de la CIA en 1976. Cet homme avait ses entrées dans tous les domaines, renseignement, militaire, économique et politique.

Les années Reagan ont été d'une rare agressivité. Plusieurs interventions militaires ont eu lieu durant les années 1980 comme à la Grenade en 1983, en Lybie en 1986 et au Panama en 1989. Tout en finançant de nombreux mouvements contre insurrectionnels assimilés à des mouvements libérateurs par la propagande américaine. Ce fut le cas dans la majeure partie de l'Amérique du sud, du Moyen et Proche Orient jusqu'en Asie du Sud Est. C'était l'époque des états voyous ou de l'Empire du Mal, c'est-à-dire des pays opposés aux intérêts américains. En 1990, durant la crise du Golfe, George H.W. Bush psalmodia l'aune d'un nouvel ordre mondial, celui d'une nouvelle ère pour les Etats-Unis.

Voici l'objectif escompté par le PNAC et développé en quelques points :

« Our aim is to remind Americans of these lessons and to draw their consequences for today. Here are four consequences:

we need to increase defense spending significantly if we are to carry out our global
responsibilities today and modernize our armed forces for the future;
we need to strengthen our ties to democratic allies and to challenge regimes hostile to our interests and values;
• we need to promote the cause of political and economic freedom abroad;
• we need to accept responsibility for America's unique role in preserving and extending an international order friendly to our security, our prosperity, and our principles.

Such a Reaganite policy of military strength and moral clarity may not be fashionable today. But it is necessary if the United States is to build on the successes of this past century and to ensure our security and our greatness in the next ».

Ici transparaissent plusieurs points menant à la concrétisation de la domination globale par les Etats-Unis :
  • L'augmentation constante du budget de la Défense.
  • L'assujettissement du plus grand nombre de nations à leur politique ou la relégation de ces nations à l'état de régime hostile aux intérêts et aux valeurs américaines.
  • La promotion du capitalisme dérégulé car si le communisme est un mythe il n'en est pas moins du capitalisme. Ce capitalisme dérégulé se caractérise par une concentration des marchés, des quasi monopoles, la concurrence déloyale voire la non concurrence, l'absence de contrôle de régulation transparent et équitable ou encore des conflits d'intérêts entre les milieux politiques (public) et financiers (privé). Est-ce cela le capitalisme ?
  • Le rôle des Etats-Unis est d'imposer un nouvel ordre mondial.

Au mois de Septembre de l'année 2000, la doctrine néolibérale est exaltée au travers d'un document d'environ 90 pages produit par les membres du PNAC et intitulé « Reconstruire les défenses de l'Amérique, la stratégie, les forces armées et les ressources pour un siècle nouveau ». Son titre suffisamment explicite évoque le concept d'une domination globale des Etats-Unis, sans partage, à travers leur puissance militaire et économique.

Arrêtons-nous sur le profil et l'idéologie des protagonistes du PNAC. Qui sont-ils et qu'ont-ils fait ? D'où vient le néolibéralisme ou le néoconservatisme ? De plus, rappelons que d'autres rapports de ce type ont précédemment conditionné la politique étrangère américaine comme celui de la Team B réalisé par la CIA alors dirigée par George H.W Bush, ou le Defense Planning Guidance (1992) connu aussi comme étant la doctrine Wolfowitz usitée pendant la présidence de George H.W Bush et finalement le PNAC peu avant l'arrivée au pouvoir de George W. Bush.


Le Projet pour le Nouveau Siècle Américain, Project for the New American Century (PNAC), a été fondé en 1997 avec pour but de promouvoir le leadership américain à travers le monde. Il fut dissout en 2006. Les 25 signataires de la déclaration énonçant les principes du PNAC possèdent tous le même penchant pour le néolibéralisme. La plupart d’entre eux sont d’anciens officiels de l’administration Reagan et Bush père, d’autres furent membres de l’administration W. Bush, et pour la poignée restante il s’agit d’idéologues véhiculant la pensée néoconservatrice comme des journalistes, écrivains et professeurs. Voici un portrait succinct des 25 personnes impliquées dans le PNAC à sa création en 1997.


9 signataires du PNAC ont ensuite exercé au sein de l'administration Bush (2001-2009) :

  • Dick Cheney a été secrétaire de la Défense sous le mandat de Bush père et vice-président de George Walker Bush. Il est également membre du Council for Foreign Relations (CFR), l’un des plus puissants think tank américain qualifié de « gouvernement invisible » par Dan Smoot, ancien agent du FBI. Lynne Cheney, sa femme, a quant à elle été membre de l’American Enterprise Institute (AEI), tout comme son époux. L'AIE est un think tank partageant la même vision que le PNAC. A la fin des années 1990 Dick Cheney fut le P-DG de Halliburton.

  • Donald Rumsfeld a été l’envoyé spécial du président Ronald Reagan en Irak en 1984, et depuis 2001 il est à la tête du département de la Défense du gouvernement W. Bush. Durant la majeure partie des années 1990 Rumsfeld travailla pour de nombreuses entreprises dans différents secteurs tels que pharmaceutique (Gilead Sciences) ou aéronautique (Gulfstream Aerospace). Il a également été membre du CFR et président du conseil d'administration de la Rand Corporation dans les années 1980 et 1990.

  • Paul Wolfowitz a été membre du staff en charge de la planification politique à long terme au département d’État de 1981 à 1982 puis assistant au secrétaire d’État pour les affaires de l’Asie de l’Est et du Pacifique de 1982 à 1986, dans la continuité ambassadeur en Indonésie de 1986 à 1989, et enfin sous secrétaire de la Défense pour la politique de 1989 à 1993. George Walker Bush le nomma numéro 2 du département de la Défense en 2001 jusqu’en 2005 où il se retira pour diriger la Banque Mondiale. Paul Wolfowitz fut aussi membre du Groupe Bilderberg.

  • Lewis Libby a servi à divers postes au sein du département d’État entre 1981 et 1985 grâce à son ancien professeur de Yale, Paul Wolfowitz, puis aux côtés de Dick Cheney au département de la Défense durant l’administration de Bush père. Il a été le chef du cabinet du vice-président Cheney jusqu’au 28 Octobre 2005. Puis, il démissionna suite à son inculpation dans l’affaire Valérie Plame, épouse de l’ancien ambassadeur Joseph Wilson qui s’était rendu en Afrique pour vérifier une information concernant une prétendue transaction d'uranium entre le Niger et l’Irak en 2003. C'est le « Nigergate », l'information de l'administration Bush était basée sur de faux éléments et Joseph Wilson n'hésita pas à le faire savoir.

  • Aaron Friedberg a été consultant pour le département de la Défense (DoD), le Conseil de la sécurité nationale (NSC) et la CIA entre autres. Il fut membre du CFR. Enfin il a été conseiller adjoint à la sécurité nationale pour le vice-président Dick Cheney entre 2003 et 2005.

  • Paula Dobriansky a été responsable des Affaires Européennes et Soviétiques au sein du NSC de 1980 à 1987, puis assistante adjointe du secrétaire d’État en charge des Droits de l’Homme et des Affaires Humanitaires de 1987 à 1990. Elle a été directrice et vice-présidente du programme du CFR au bureau de Washington. Elle a été sous secrétaire d’État pour les Affaires Globales entre 2001 et 2009.

  • Zalmay Khalilzad, d’origine afghane, a travaillé au département d’État de 1985 à 1989 puis au département de la Défense de 1991 à 1992. Le président W. Bush le nomma ambassadeur en Afghanistan le 24 Octobre 2003 puis en Irak à partir du 22 Juin 2005. Il a également été un conseiller d’Unocal dans les années 90 et il fit partie de la Rand Corporation.

  • Peter W. Rodman a été directeur de la planification politique au département d’État de 1984 à 1986 et a ensuite évolué à divers postes en liaison avec le NSC entre 1986 et 1990. Il est actuellement assistant au secrétaire de la Défense pour les Affaires de Sécurité Internationale depuis le 16 Juillet 2001.

  • Elliot Abrams a été assistant du secrétaire d’État en charge des Affaires d’Organisation Internationale en 1981, assistant du secrétaire d’État pour les Droits de l’Homme et les Affaires Humanitaires de 1981 à 1985 et assistant au secrétaire d’État pour les Affaires Inter-Américaines entre 1985 et 1989. Il fait partie du CFR. Durant l’administration Bush père il fut assistant spécial du président, et responsable de la Démocratie, des Droits de l’Homme, et des Opérations Internationales au sein du NSC de 2001 à 2002. Puis, toujours au NSC, il devint l’assistant spécial du président et le directeur des Affaires pour le Proche Orient et l’Afrique du Nord. Critique à l'égard du président Trump, il fut finalement nommé représentant spécial des Etats-Unis au Venezuela en 2019.


Personnalités membres des administrations Reagan et Bush père :


  • Dan Quayle a été le vice-président de George Herbert Walker Bush de 1989 à 1993. Il est actuellement membre du Defense Policy Board Advisory ou Comité de Conseil sur la Politique de Défense qui prodigue des analyses indépendantes en matière de Défense pour le département de la Défense et le président des Etats-Unis.

  • Gary Bauer a occupé le poste de sous-secrétaire à l’Éducation de 1985 à 1987 et fut responsable du conseil de la politique intérieure.

  • William J. Bennett a été le secrétaire de l’Éducation de 1985 à 1988 et le directeur du bureau politique du contrôle de la drogue sous l’administration de Bush père. Il était le rédacteur des discours de George W. Bush pendant la campagne présidentielle de 2000.

  • Frank Gaffney a été au service du département de la Défense de 1983 à 1987 sous la houlette de Richard Perle.

  • Fred C Iklé est membre du CFR et de la Rand Corporation, et a été sous-secrétaire de la Défense pour la Politique durant l’administration Reagan. Il travaille aussi en tant que conseiller au sein du Centre d’Études Stratégiques et Internationales (Center for Strategic International Studies, CSIS), un autre think tank.

  • Stephen P. Rosen a été responsable des affaires politico-militaires au sein du NSC pendant l’ère Reaganienne.

  • Henry S. Rowen fut directeur du Conseil National du Renseignement (NIC) de 1981 à 1983 et assistant du secrétaire de la Défense pour les Affaires de Sécurité Internationale de 1989 à 1991. Il a notamment présidé la Rand Corporation et fut l’un des membres du Defense Policy Board Advisory et du CFR.


Autres membres du PNAC n’ayant fait partie d’aucun gouvernement :

  • Eliot A. Cohen a été membre du think tank néoconservateur, American Enterprise Institute (AEI) lié au PNAC, du Defense Policy Board Advisory et du Committee for the Liberation of Iraq (CLI) qui soutint ardemment l’intervention américaine en 2003. Le CLI était fortement lié au PNAC et à l’AEI, il est aujourd’hui dissolu.

  • Midge Decter est une journaliste néoconservatrice, auteur notamment d’un portrait de Donald Rumsfeld, Rumsfeld : A personal Portrait. Elle a fondé le Committee for the Free World, une organisation anticommuniste qui a été dissoute à la suite de la chute du mur de Berlin en 1989 et dans laquelle Donald Rumsfeld présida. Elle est également administratrice du think tank conservateur, Heritage Fondation, depuis 1981. Elle est l’épouse de Norman Podhoretz et sa fille, Rachel Decter, s’est mariée à Eliot Abrams.

  • Norman Podhoretz est un éminent penseur et écrivain néoconservateur et fut membre de l’un des plus influents think tank, le CFR.

  • Steve Forbes est le rédacteur en chef du magazine économique Forbes mais aussi le président de la maison d’éditions Forbes Inc. Il possède également une émission sur la chaîne de télévision américaine FoxNews, intitulée Forbes on Fox, qui aborde des sujets économiques et politiques. Il fait partie des administrateurs de l’Heritage Foundation depuis 2001.

  • Francis Fukuyama, un proche de Paul Wolfowitz, ancien membre du CFR et de la Rand Corporation. Il exerça de 1981 à 1982 et à nouveau en 1989 à la planification politique au Département d’État.

  • Donald Kagan est un historien de Yale spécialisé dans la Grèce Antique, et le père de deux figures du néoconservatisme, Frederick et Robert Kagan lui-même l’un des fondateurs du PNAC.

  • Jeb Bush n’est autre que le frère de l’actuel président des Etats-Unis, il a été élu gouverneur de la Floride en 1998, réélu en 2002 jusqu’en 2007, époque à laquelle les primaires pour les élections présidentielles 2009 débutèrent.

  • Vin Weber est un ancien député républicain du Minnesota de 1981 à 1993, et fait lui aussi partie du Council for Foreign Relations (CFR). Il fut aussi président du conseil d'administration du National Endowment for Democracy (NED) ayant la même activité que la CIA.

  • George Weigel est un lobbyiste évangéliste qui possède des liens dans les sphères de l’éthique, de la politique et de la religion. Il fut aussi membre du NED.


La doctrine du PNAC

L'idéologie du PNAC est celle du mouvement néoconservateur/néolibéral qui regroupe essentiellement des républicains à l'exception de quelques démocrates. Les néo-conservateurs du PNAC sont aussi ceux qui ont tenté de pousser les Etats-Unis vers une escalade militaire avec l'ex-URSS. Ils désirent faire des Etats-Unis une super-puissance incontournable en installant le nouvel ordre mondial. Aucune alliance, aucun traité, aucun accord avec d'autres nations ne seront nécessaires, il n'est même plus question de déléguer une partie du pouvoir à l'ONU ou à l'OTAN pour servir les intérêts des Etats-Unis.

Le peuple élu face au reste du monde.

Nous connaissons trois approches différentes pour gérer un différend opposant deux nations, la manière diplomatique par la détente, l'endiguement (containment) ou l'interventionnisme. Négocier, réagir ou simplement agir sont les options couramment utilisées.

L'origine du néo-conservatisme prend sa source dans une directive du Conseil de sécurité nationale, la directive NSC-68 (1950), préparée par Dean Acheson et Paul Nitze. Ils sont les initiateurs de la politique américaine d'endiguement ayant pour but de contenir l'expansion de « l'empire du Mal » comme le surnomma le président Reagan. La politique d'endiguement n'a rien de pacifique puisqu'elle est caractérisée par l'interventionnisme dans un pays tiers allié à l'ennemi. Dans le cadre de la guerre Froide ce pays tiers était toujours considéré comme étant un satellite de l'ex URSS. Ainsi la politique de « containment » validait le concept de conflit de basse intensité justifiant intrinsèquement les dépenses du budget de la Défense.

Albert Wohlstetter était un historien opposé à la politique de détente et de limitations d'armes. Il prônait l’interventionnisme et le militarisme, nécessitant une augmentation constante du budget de la Défense. Lorsqu'il était professeur en sciences politiques à l'Université de Chicago, des étudiants comme Paul Wolfowitz et Zalmay Khalilzad ont été influencé par ses idées extrémistes. Richard Perle fréquentait Joan, la fille d'Albert Wohlstetter, et ce fut un double coup de foudre pour la fille puis le père, c'était alors le début des années 70's. Albert Wohlstetter s'opposa à la politique américaine menée par les administrations Ford et Carter face aux soviétiques. Son idéologie fut véhiculée par des think tanks ou apparentés comme le CFR (Council on Foreign Relations), la Rand Corporation, la TEAM B de la CIA, l'AEI (American Enterprise Institute), le CPD (Comité sur le Danger Présent), dont les membres étaient des fervents supporters de la militarisation.

Durant l'été 1969, Albert Wohlstetter prit contact avec Richard Perle pour lui faire intégrer, avec Paul Wolfowitz, un modeste comité créé par Dean Acheson et Paul Nitze (committee to maintain a prudent defense policy). Cette étude était destinée au sénateur démocrate de Washington, Henry Jackson, afin de promouvoir un projet de défense antimissile. Nous retrouvions aussi deux autres personnages du mouvement néo-conservateur travaillant aux cotés d'Henry Jackson à cette époque, Eliott Abrams et Douglas Feith. Ensuite, Daniel Patrick Moynihan, le sénateur démocrate de New-York, prit la relève du mouvement néolibéral même s'il n'appartenait pas à la ligne dure comme le seront les Wolfowitz, Perle, Abrams ou Feith.

La NSC-68 a donc posé les bases de la politique de « containment » puis les années Ford et Carter ont instauré la détente. La Team B a fait renaître de ses cendres la NSC-68 grâce au directeur de la CIA George H.W. Bush (1976). Les mêmes ficelles étaient systématiquement employées pour aggraver la menace communiste alors que leur système s'écroulait. Il n'est pas étonnant de retrouver au sein de la Team B des hommes comme Paul Nitze et Paul Wolfowitz avec George H.W. Bush aux manettes.

Pendant cette période, le magazine politique Commentary devint la tribune officielle des néo-conservateurs. Ce magazine fut créé par l'American Jewish Committee et eut pour principal rédacteur en chef (1960-95), Norman Podhoretz. Ce dernier fut récompensé en 2004 par le président W. Bush pour son travail accompli en tant qu'intellectuel. Sa belle-fille, Rachel Decter, épousa Eliott Abrams, un diplomate propagandiste de l'ère Reagan/Bush. Son fils, John Podhoretz, est devenu l'éditeur de Commentary depuis 2009. Il a aussi été le rédacteur des discours des présidents Reagan et Bush père, puis un collaborateur de William Bennett alors responsable de la gestion du bureau national de la lutte contre la drogue sous le président Bush père. John Podhoretz est également intervenant politique sur les chaînes Fox, CNN, et contributeur dans divers journaux.

Enfin, celui qui est considéré comme le parrain du néo-libéralisme est Irving Kristol. Journaliste et écrivain, il a publié ses premiers articles pour le magazine Commentary pendant 5 années. Il créa ensuite plusieurs revues spécialisées en politique, The Public Interest (1965) et The National Interest (1985). Irving Kristol définit le néolibéral comme un « libéral agressé par la réalité », tel un individu rattrapé par la dureté de la réalité le contraignant à devenir d'autant plus rigide et impitoyable. Cette sémantique est la fourberie incarnée, l'élite use inlassablement du même procédé : inversion des rôles par projection. L'humanité souffre t-elle aussi d'un problème majeur de déraison, incapable de discerner le bien du mal de ses propres actions mais capable de juger les autres en les accusant de leur propre carence ?

Irving Kristol a travaillé pour le sénateur démocrate Daniel Moynihan puis il a été le chef du personnel de William Bennett, secrétaire à l’Éducation sous le président Reagan. Il a aussi été le chef du personnel du vice-président Dan Quayle (1989-93). William Bennett fut soutenu par Irving Kristol lorsqu'il changea de parti pour devenir républicain comme d'autres avant lui, Ronald Reagan (1962), Condie Rice (1982) et Jeane Kirkpatrick (1985). William Bennett a été l'un des 37 signataires d'une lettre du PNAC diffusée le 20 Septembre 2001 dans un numéro du magazine conservateur Weekly Standard. Des experts en politique étrangère interpellaient W. Bush sur l'importance de la menace terroriste. Ils militaient pour une guerre en Irak « même si les preuves n'impliquent pas directement l'Irak dans ces attaques, toute stratégie visant à éradiquer le terrorisme et leur soutien doit inclure un effort déterminé au renversement du régime de Saddam Hussein ». Sophisme par excellence, « même si les preuves n'impliquent pas directement l'Irak dans ces attaques... » ils devaient abattre Saddam Hussein. Le 16 Février 2001, le président W. Bush inaugurait sa première action militaire, qualifiée de routine, en tant que chef de l’armée américaine en ordonnant le bombardement de Bagdad en dehors des zones d’exclusion aérienne.


Après la lettre du mois de Septembre 2001, le tirage hebdomadaire du Weekly Standard daté au 1er Octobre 2001 illustrait en première page le portrait des visages de Saddam Hussein et Oussama Ben Laden, côte à côte, avec la mention « WANTED ». Dans ce même numéro, le fils d'Irving Kristol, William (PNAC), publiait un article intitulé « The Right War », ou encore Reuel Marc Gerecht (PNAC) titrait son article « Les alliés ne sont pas nécessaires pour obtenir le respect au Moyen-Orient. La force l'est ». William Kristol, fils d'Irving, est cofondateur du Weekly Standard (1995) avec John Podhoretz.

La NSC-68 et la Team B ont influencé la politique étrangère des Etats-Unis avec des arguments va t'en guerre. Pour le nouveau millénaire, le PNAC joue ce rôle. Le PNAC fut fondé par William Kristol et Robert Kagan, un historien, auteur et journaliste américain, qui a rédigé les discours du secrétaire d’État George Shultz de 1984 à 1986. Puis, de 1986 à 1988, il a travaillé au bureau des affaires inter-américaines du département d’État. Il a également été journaliste pour le Washington Post, le New-York Times, Foreign Affairs ou le magazine Commentary. Sa femme, Victoria Nuland, a été l'ambassadrice des Etats-Unis à l'OTAN pour le président W. Bush (2005-08), porte-parole du département d’État et responsable du bureau des affaires européennes et eurasiennes au département d’État durant l'administration Obama.


Le 26 Janvier 1998 le PNAC expédia une missive adressée au président Bill Clinton afin que les Etats-Unis renversent le régime de Saddam Hussein. Le 29 Mai 1998 une seconde lettre du même acabit fut envoyée, cette fois-ci à l'attention du sénateur républicain Trent Lott et du député républicain Newt Gingrinch, tous deux supporters de l’Iraq Liberation Act (ILA). Finalement, le 31 octobre de la même année, le président Clinton annonça l'adoption de cette loi (ILA) par le Congrès américain. Puis, au mois de décembre, ce fut le lancement de l'opération Desert Fox en Irak.


Opération Desert Fox


L’opération Desert Fox, ou Renard du Désert, fut conjointement menée par les armées américaine et britannique. Elle s’étalonna du 16 Décembre au 19 Décembre 1998. En seulement 4 jours les Etats-Unis et la Grande Bretagne lancèrent plus de missiles de croisière sur l’Irak qu’en 5 semaines lors de l’opération Desert Storm en 1991. De plus, ils effectuèrent 650 sorties aériennes et 600 bombes sur des centres de commandement ou des installations en relations avec les Armes de Destruction Massive (ADM). Suite à cette opération la pression américano-britannique exercée dans les airs s’est poursuivie à un rythme effréné. Selon le Groupe de Recherche et d’Informations sur la Paix et la sécurité (GRIP) basée en Belgique, « au cours des 8 premiers mois de 1999 les pilotes américains et britanniques ont tiré 1.100 missiles contre plus de 360 cibles irakiennes, détruisant 40 à 50% des capacités antiaériennes irakiennes ». L’année 1999 comptabilise à elle seule « plus de 18.000 sorties aériennes », tout aussi traumatisant et dommageable pour la population irakienne que la dernière opération Desert Fox.

Le motif de ces réponses disproportionnées et illégales visant l'Irak est une conséquence du non respect des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU par le régime de Saddam Hussein. Or il n'y avait aucune armes de destruction massive en Irak, aucun laboratoire secret, rien à trouver. Peu importait la bonne ou mauvaise volonté de Saddam Hussein car les accusations américaines étaient infondées. De plus, les opérations d'endiguement baptisées Northern Watch et Southern Watch servaient également à collecter des informations de reconnaissance sur tout le territoire irakien. Plus de 60% de l'espace aérien irakien était interdit de vol au régime de Saddam Hussein. Ajoutons à cela les multiples inspections de l'ONU, il était impossible que le régime de Saddam Hussein puisse produire des armes de destruction massive avec un tel dispositif d'espionnage, de surveillance et d'inspection.

Toutes ces lettres du PNAC contenaient les bases de ce qui devint la Loi pour la Liberation de l’Irak (ILA) et de ce qui fut l’argumentaire principal de l’administration Bush pour justifier leur interventionnisme en Irak, à savoir la menace représentée par l’Irak, les ADM ainsi que les violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.


La synthèse de la politique étrangère américaine se caractérise par son agressivité et son interventionnisme. Peu importe la forme de la doctrine, le fond reste foncièrement identique. La politique étrangère américaine n'a jamais sauvé une vie avant d'en avoir supprimé un million.


> doctrine Monroe (1823)
> corollaire de Roosevelt (1904)
> NSC-68 (1950)
> TEAM B (1976)
> Defense planning guidance (1992)
> PNAC (1997)
> doctrine Bush (2001)


Et pourtant les USA restent une destination phare dans le tourisme mais qu'est ce qui peut pousser un individu à vouloir visiter un tel endroit ? La propagande pro-américaine diffusée dans l'occident à travers l'imagerie d'Hollywood ont permis de créer un mythe qui pousse l'individu à vouloir découvrir le pays des merveilles.


Frank D.





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