Les accusations contre Israël : une généalogie de la propagande arabe

Depuis l'émergence du mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, Israël fait l'objet d'accusations récurrentes, promues par l'ONU dans les termes suivants : nazisme, apartheid, racisme, colonialisme (nouvellement colonialisme de peuplement), génocide, ou encore complot mondial juif. Cet article vise à retracer la généalogie contemporaine de ces accusations, à les contextualiser et à identifier leurs sources, en mettant en lumière leur utilisation dans une campagne politique contre Israël sur le terrain de la rhétorique, notamment par certains acteurs arabes en réponse à des revers militaires. En filigrane, nous pourrons constater que l'histoire de la Palestine au XXe siècle s'est construite en miroir inversé de l'histoire juive, en substituant les rôles de victimes et bourreaux.


1. Les racines idéologiques de la propagande palestinienne. 

Mohammed Amin Al Husseini (1920-1948), nommé grand mufti de Jérusalem en 1921 par Herbert Samuel, haut-commissaire britannique de confession juive, fut le premier et l'un des plus influents porte-parole du nationalisme arabe islamiste en Palestine mandataire. Son parcours, marqué par une idéologie islamiste et une propagande antisémite à grande échelle, le distingue comme une figure centrale sans équivalent à son époque. De la Palestine à l'Irak, en passant par l'Egypte, l'Allemagne nazie et la France, il dénonça le sionisme comme un projet de domination raciale, propageant l'idée d'une influence juive mondiale sur les politiques internationales à travers le faux document antisémite Les protocoles des Sages de Sion, fabriqué par la police tsariste russe à la fin du XIXe siècle. Ses alliances avec le régime nazi, notamment sa rencontre avec Adolf Hitler en 1941, renforcent l'unicité de son rôle dans la diffusion d'une rhétorique antisémite au service du nationalisme arabe islamiste. Sa collaboration active avec des responsables du Troisième Reich dans la propagande et le recrutement pour les unités SS musulmanes, lui ont valu d'être considéré comme un présumé criminel de guerre, notamment à la lumière des accusations portées lors des procès de Nuremberg de Dieter Wisliceny, adjoint d'Adolf Eichmann. Malgré ces liens, il échappa à une condamnation formelle grâce à la bienveillance de la France après 1945 jusqu'à son retour en Égypte où il vécut librement. Son lien avec l'Égypte n'est pas anodin puisque c'est le fief des Frères musulmans d'Hassan El-Banna qui avait déjà apporté son soutien idéologique, logistique et financier au mufti de Jérusalem en Palestine mandataire. Ainsi al-Husseini était le seul collaborateur arabe de haut rang aussi activement recherché, plus que al-Gaylani, al-Qawuqji ou al-Hilali. 

L'auteur palestinien antisioniste Rashid Khalidi (The Iron Cage 2006) note que le mufti de Jerusalem a été le premier à donner une dimension internationale à la cause palestinienne, malgré ses méthodes controversées. Pour plus de détails sur les relations du mufti avec le régime nazi, je renvoie le lecteur vers mon article abordant l'histoire d'Al Husseini et qui rassemble plus d'une dizaine de contacts physiques ou par correspondance qu'il a entretenu avec de hauts représentants du nazisme.

Après 1948, la période entre 1948 et 1969 fut marquée par la fragmentation des mouvements palestiniens, avec la création du Fatah en 1959 par Yasser Arafat, proche des camps de réfugiés palestiniens, et de l'OLP en 1964 sous l'égide de la Ligue arabe. A cette période, il y eut surtout une forte influence dans les territoires palestiniens, émanant de l'Égypte qui occupait Gaza et de la Jordanie qui avait annexé la Cisjordanie. Mais cela n'a pas contribué à favoriser la paix et la création d'un état palestinien. 

Yasser Arafat, qui revendiquait un lien familial avec Husseini, émergea comme leader incontesté de l'OLP en 1969. Sous sa direction, le Fatah devint la faction dominante au sein de l'OLP, éclipsant d'autres groupes comme le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP). L'OLP opéra successivement depuis la Jordanie (1964-1970), le Liban (1970-1982), la Tunisie (1982-1994), puis Gaza (1994-2004). Arafat fut associé à des actes de terrorisme, notamment des détournements d'avion et l'attentat contre les athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972, organisé par le groupe Septembre noir, affilié au Fatah. Ces actions ont valu à l'OLP et à Arafat une réputation d'organisateurs de la terreur à l'internationale jusqu'aux années 1980. C'est dans ce contexte de terreur que Yonatan Netanyahu, frère de Benjamin Netanyahu, fut tué lors du raid d'Entebbe en 1976, visant à libérer les otages d'un avion détourné par l'OLP vers l'Ouganda.


2. La construction d'une identité palestinienne par opposition au sionisme

Pour donner une consistance à l'idée d'un État de Palestine et de l'identité palestinienne, il a fallu élaborer une narrative historique et identifier un leader. La lutte contre le sionisme devint le pilier de cette identité, avec la Nakba comme catalyseur fédérateur. Les discours des leaders de l'OLP, notamment dans la charte de 1964 et sa version amendée en 1968, appellent ouvertement à l'élimination de l'"entité sioniste" en Palestine, une rhétorique qui, par son rejet total de l'existence d'Israël, implique une volonté de destruction, voire une incitation au génocide.

Avant 1948, sous les dominations ottomane (1516-1917) et britannique (1920-1948), l’idée d’une nation palestinienne distincte, au sens moderne, n’était pas encore développée. Les habitants arabes de la Palestine s’identifiaient principalement à travers une identité arabe, religieuse (musulmane ou chrétienne) ou régionale, souvent rattachée à la Grande Syrie (Bilad al-Sham) ou à des aspirations panarabes. La Palestine, en tant que région, n’a jamais été un royaume ou un empire indépendant dirigé par un souverain palestinien, ayant été successivement sous l’emprise de puissances étrangères (Cananéens, Israélites, Assyriens, Babyloniens, Perses, Grecs, Romains, Byzantins, Omeyyades, Ottomans, Britanniques). Bien qu’une conscience régionale spécifique à la Palestine ait commencé à émerger dès la fin du XIXe siècle, en réaction au sionisme et au mandat britannique, l’identité nationale palestinienne, telle qu’on la connaît aujourd’hui, ne s’est véritablement cristallisée qu’après 1948, notamment avec la Nakba et la création de l’OLP en 1964.

Rashid Khalidi soutient que l’identité palestinienne s’est forgée face au sionisme et à la Nakba, un exode de ~700 000 Palestiniens en 1947-1949. Introduit par Constantin Zureiq en 1948 pour décrire la "catastrophe" des défaites arabes face à Israël, le terme "Nakba" a été redéfini par des intellectuels comme Edward Said et Khalidi comme un déplacement entièrement forcé, ancré dans la mémoire collective palestinienne. Cependant, en temps de guerre, tout départ est dicté par le chaos, la violence et la survie, rendant absurde l’idée de "volontariat". Ce narratif, consolidé dans les années 1980-1990 par l’OLP, présente les palestiniens comme victimes uniques et Israël comme principal agresseur, occultant les responsabilités arabes, comme le rejet du plan de partage (Résolution 181, 29 novembre 1947) et les attaques contre le Yishouv (Lydda, 30 novembre 1947, ~2 morts ; Kfar Etzion, 11 décembre 1947, 10 morts ; 14 janvier 1948, 35 morts ; Ben Yehuda, 22 février 1948, 58 morts ; Hadassah, 31 mars 1948, 78 morts). Ces offensives arabes connues comme la bataille des routes visaient à la capitulation du Yishouv luttant pour sa survie, mais sont absentes du narratif palestinien, qui exagère la Nakba comme un événement exceptionnel, alors que les réfugiés en temps de guerre sont banals (ex. : 12 millions d’Allemands déplacés après 1945). Ce narratif omet aussi l’exode forcé d’environ 1 million de Juifs des pays arabes et musulmans (1948-1970), expulsés en représailles à la création d’Israël, un déplacement parallèle souvent ignoré. Cette mémoire sélective alimente une bataille de récits, où le contexte de guerre, rendant tout déplacement 100 % forcé, est instrumentalisé pour minimiser les violences arabes et les exodes concomitants.

Selon les données historiques et actuelles de l'ONU, du HCR (UNHCR) et d'organisations comme l'Uppsala Conflict Data Program (UCDP), la grande majorité des déplacements forcés (environ 90-95 % des réfugiés et personnes déplacées internes) proviennent de conflits internes (guerres civiles) ou de conflits régionaux impliquant des acteurs non étatiques (insurrections, milices, groupes armés). 

Yasser Arafat, devenu chef de l'OLP en 1969, contribua fortement à la construction identitaire palestinienne via la mise en place du nouveau narratif. Il proclama l'indépendance de la Palestine en 1988 et institua la Journée de la Nakba en 1998 pour commémorer l'exode palestinien de 1948, présenté comme une "catastrophe" fondatrice de l'identité palestinienne. La charte de l'OLP, rédigée en 1964 à Moscou sous l'influence du KGB et amendée en 1968, prône explicitement la destruction d'Israël, qualifié d'"entité sioniste". Des articles clés, comme l'article 9 : "La lutte armée est le seul moyen de libérer la Palestine", et l'article 19 : "La partition de 1947 et la création d'Israël sont nulles et non avenues", reflètent une rhétorique violemment hostile au sionisme, souvent interprété comme un appel à l'élimination de l'Etat juif. L'article 22 décrit le sionisme comme un mouvement "colonialiste, impérialiste, raciste et fanatique", incompatible avec les principes de justice et de paix. Il serait même "une menace pour la paix mondiale, liée à l'impérialisme mondial", et il doit être éliminé.

Selon des témoignages, notamment celui d'Ion Mihai Pacepa, ancien chef de la Securitate roumaine, Arfat fut un partenaire clé du KGB, qui finança et arma le Fatah dans les années 1960-1970, façonnant son image de "révolutionnaire" tout en falsifiant ses origines pour le présenter comme né à Jérusalem plutôt qu'au Caire. Pendant ce temps, alors que les palestiniens vivaient dans la misère, Arafat accumula une fortune personnelle estimée à des centaines de millions, voire des milliards de dollars, via des comptes opaques et des détournements de fonds de l'OLP, selon un rapport du FMI et d'autres sources. Ce contraste entre son opulence et la pauvreté de son peuple, combiné à son autoritarisme et à sa censure des opposants, lui valut des accusations d'opportunisme et de trahison, faisant de lui un leader aussi adulé par ses partisans que décrié par ses opposants. 

La rhétorique, qui assimile le sionisme à un projet raciste et colonialiste, s'inscrit dans une continuité idéologique remontant aux propagandes antisémites et nazies, notamment via la diffusion des Protocoles des Sages de Sion. Pourtant, il est reconnu par tous les historiens que les juifs palestiniens et les arabes palestiniens ont lutté contre le colonialisme britannique en Palestine mandataire. Plus récemment, des travaux comme celui de l'historien israélien Shlomo Sand (Comment le peuple juif fut inventé, 2008) ont été utilisés par l'antisionisme pour remettre en question la légitimité historique du peuple juif, bien que ces thèses sur "le mythe du peuple juif" soient largement contestées par la communauté scientifique. En contrepoint, le mythe du peuple palestinien opprimé dans sa chair est promu autour du vol de la terre palestinienne, du massacre de Deir Yassin (09/04/48), de la Nakba et de la lutte contre le sionisme. Il n'est pas question de parler de la vente des terres par des propriétaires arabes, des pogroms, de la bataille des routes, du refus du plan de partage et de l'agression d'Israël par 5 nations arabes.


3. Les accusations à l'ONU : un discours structuré 

En 1948, l’ONU trahit sa partialité par la résolution 50 (S/RES/50, 29 mai 1948), exigeant un cessez-le-feu sans condamner l’invasion d’Israël par l’Irak, le Liban, la Jordanie, l’Égypte et la Syrie. Ces États, via la Ligue arabe, rejettent la résolution 181 (1947) actant le partage de la Palestine, au mépris des "Arabes de Palestine", privés de toute représentation. Dans ce contexte, Azzam Pasha, secrétaire Ligue arabe, déclarait : "Je souhaite personnellement que les Juifs ne nous poussent pas à cette guerre, car ce sera une guerre d'extermination et un massacre mémorable qui sera évoqué dans l'histoire comme le massacre des Tartares ou les guerres des Croisades". Propos prononcé le 11 octobre 1947 dans une interview au journal égyptien Akhbar al-Yom, titrée "Une guerre d'extermination". Il transforme une déclaration belliqueuse en une vision apocalyptique, évoquant une intention génocidaire qui dépasse le cadre local pour s'inscrire dans une continuité de carnages collectifs (Tartares et Croisades). 

Ce péché originel consacre l’instrumentalisation éhontée des Palestiniens par les régimes arabes, qui manipulent leur tragédie pour justifier des actions belliqueuses et une propagande venimeuse, relayée sans scrupule par l’ONU. Tout au long du conflit israélo-arabe, les Palestiniens, livrés au sacrifice, restent des marionnettes exploitées pour diaboliser Israël, camouflant les déroutes stratégiques arabes sous une rhétorique incendiaire.

Le ministre des Affaires étrangères égyptien, Mahmoud Fawzi, joua un rôle clé dans la crise de Suez de 1956 en développant une communication à forte charge émotionnelle destinée à influencer l’opinion publique internationale. À l’ONU, il mit en avant des images et récits de victimes civiles, accusant Israël de ne pas distinguer entre cibles militaires et populations, comme dans le cas d’une fillette tuée dans le Sinaï aux côtés de sa mère (A/PV.597). Cette stratégie visait à diaboliser l’ennemi, mobiliser la sympathie internationale et renforcer la position diplomatique de l’Égypte. Cette approche s’inscrivait dans un contexte plus large : l’Égypte de Nasser avait recours non seulement au registre habituel de la propagande de guerre, mais aussi à l’expertise d’anciens nazis réfugiés au Caire. Parmi eux, Johann von Leers, ancien propagandiste de Goebbels, arrivé en 1956 à l’invitation d’Amin al-Husseini, le Mufti de Jérusalem, lui-même collaborateur du régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale. Converti à l’islam en 1957 sous le nom d’Omar Amin von Leers, il contribua activement à la propagande égyptienne, en renforçant les narratifs antisionistes et émotionnels déjà présents dans les discours officiels, notamment ceux tenus à l’ONU.

Dans ce même cadre, certains diplomates arabes utilisèrent des concepts juridiques lourds pour qualifier les actions israéliennes. Ainsi, le représentant saoudien Jamil Murad Baroody parla dès le 1er novembre 1956 du massacre de Deir Yassin comme d’un "génocide" (A/PV.562). Ce type de vocabulaire, visant à associer Israël aux pires crimes de l’époque, s’enracinait dans une propagande arabe qui se poursuivit durant les décennies suivantes, jusqu’à devenir un leitmotiv de la rhétorique anti-israélienne. Le Hamas en est le parfait héritier. 

Peu après la guerre des Six Jours, Noureddine al Atassi, président de la république Arabe syrienne 1966-1970, déclarait à l'ONU : "Le peuple arabe est aujourd'hui soumis à une opération d'extermination, surpassant en ampleur ce que les nazis ont fait". (20/06/67 A/PV.1527). Durant la même intervention, il met sur le même plan ce qu'il nomme "l'invasion du sionisme colonialiste" et les conquêtes européennes d'Hitler. 

Chaque conflit impliquant Israël intrinsèquement chaque défaite côté arabe est suivie par des provocations, de la propagande et des mesures de rétorsion, mais rien qui ne puisse aider les palestiniens ou apaiser leur relation avec Israël. Cela fut souvent marquée par une rhétorique incendiaire, comparant le sionisme au nazisme ou à l'apartheid. Voici un récapitulatif de ce constat post-conflit entre 1948 et 1993 :

  • 1948-1949 Guerre d'indépendance : élargissement du blocus économique des nations arabes contre Israël + non reconnaissance d'Israël + financement et armement de milices arabes palestiniennes (fedayins).
  • 1956 Crise de Suez : rhétorique propagandiste via l'ONU + blocus maritime (Tiran/Suez) + renforcement du soutien aux fedayins.
  • 1967 Guerre des Six Jours : résolution de Khartoum + guerre d'usure (67/70) + montée de l'OLP + résolution 242 (initialement rejetée et ensuite constamment instrumentalisée), charte OLP 1968.
  • 1973 Guerre du Kipour : choc (embargo) pétrolier visant Israël et ses alliés + admission de l'OLP à l'ONU (74) + résolution 3379 assimilant sionisme au racisme (75) + renforcement de la lutte armée.
  • 1975-1990 Guerre libanaise : rhétorique accusant Israël de génocide à l'Assemblée générale + soutien au Hezbollah.
  • 1987-1993 (1ère Intifada) : indépendance de la Palestine (88) + journée de la Nakba (90) + sionisme = apartheid + soutien accru à l'OLP + émergence du Hamas. 

Apres la guerre des six jours la résolution de Khartoum adoptée par la Ligue arabe, établissait une position intransigeante avec "les trois non" : pas de paix, pas de reconnaissance, pas de négociation avec Israël. Ce cadre a amplifié et alimenté une rhétorique virulente et décomplexée à l’égard d’Israël notamment au sein de l’ONU. Les nations unies ont été, et le sont encore, le théâtre privilégié pour la propagande anti-israélienne depuis 1948.

Selon les données chiffrées et calculées par l'intelligence artificielle, Grok ou ChatGPT, le volume des résolutions onusiennes visant Israël relève d'un véritable harcèlement diplomatique et d'un biais systèmique, car aucune autre nation n'est ciblée avec une telle intensité. Israël détient le record mondial. Depuis 1947, l'Assemblée Générale (AG) a adopté environ 250-300 résolutions contre Israël, et environ 150-180 résolutions au Conseil de Sécurité (CS). En comparaison, aucun autre pays, pas même la Syrie (60 résolutions), la Russie (30 résolutions), ou la Corée du Nord (25), n'approche ce volume. Israël est ciblé 5 à 10 fois plus que toute autre nation, un déséquilibre flagrant qui reflète la loi du nombre et un biais géopolitique orchestré par le bloc arabo-musulman (57 pays), héritier des influences historiques comme l'antisémitisme nazi et la propagande soviétique, et ses alliés regroupant les pays non alignés (120 pays). Comble de l'ironie ceux qui s'acharnent contre Israël sont très souvent ceux qui sont les auteurs de graves violations des droits humains sur leur propre sol. 

En 1980, Yehuda Zvi Blum, représentant permanent d'Israël aux Nations Unies, dénonçait déjà ce constat accablant à l'Assemblée générale : "Il y a le monde de la réalité et le monde de l'ONU ... la manipulation de cette organisation, la monopolisation de son temps, l'abus de ses moyens et de ses mécanismes... l'ensemble du système onusien est exploité pour une campagne arabe de guerre politique contre Israël".  (A/ES-7/PV.11 p.56)

Les accusations contre Israël, notamment celles associant le sionisme au nazisme ou à l’apartheid, ont trouvé un écho sans pareille via l’ONU. Abdel Halim Khaddam, ministre Syrien des Affaires étrangères (1970 à 1984) devenu vice-président de la Syrie (1984-2005) et président par intérim de la Syrie (2000) employait une rhétorique inénarrable pour évoquer son ressentiment envers Israël. Dans un discours adressé à l'Assemblée générale de l'ONU en 1971, il commence par exprimer sa solidarité au Prince Sihanouk qui a permis de légitimer les Khmers rouges au Cambodge en 1970. Ensuite, voici des extraits significatifs de ce discours illustrant parfaitement la manière dont les pays arabos musulmans vilipendaient Israël : "La solidarité de la lutte du peuple arabe avec la lutte des peuples d'Afrique assurera, nous croyons, la défaite de l'ennemi commun et de son idéologie raciste-sioniste, fondée sur la haine, la malveillance et le génocide". L'assimilation au nazisme était systématique "...condamnations répétées d'Israël pour des actes de massacre collectif et de génocide", "l'agression sioniste de type nazie au Moyen-Orient", "le massacre collectif de civils désarmés de manière nazie", "les nazis de l'époque moderne". Enfin il était l'un des premiers à évoquer le colonialisme de peuplement en rappelant que "Le peuple arabe de Palestine a été arraché à sa patrie pour faire place à l'établissement d'un État colonial de peuplement basé sur une idéologie raciste qui prône la discrimination fondée sur la race, la couleur et la religion, une idéologie qui incarne la folie des nazis et les pratiques criminelles des régimes minoritaires de Rhodésie et d'Afrique du Sud". (5/10/71 A/PV.1952). Dans une autre intervention en 1975, il déclara que les pratiques sionistes "dépassent de loin celles des nazis pour éliminer leurs adversaires". (30/09/75 A/PV.2367). 

Dans la continuité, Saadoun Hammadi, ministre des Affaires étrangères irakien, déclarait que la Palestine est le meilleur exemple de "colonialisme de peuplement" par un "régime raciste" ayant eu recours à des "tueries de masses pour exterminer les palestiniens". (24/09/1975 A/PV.2359)

Le 5 novembre 1975 (A/PV.2394), Basel Amin Aql, délégué de l'OLP à l'ONU affirme que "le sionisme est une forme de racisme" qui détruit "des villages entiers de la même manière que les nazis ont détruit Lidice". Puis il dénonce le supposé racisme sioniste en ajoutant que les citoyens arabes d'Israël votent pour des listes approuvées par le gouvernement, les comparant à des "marionnettes" telles les Quislings en Europe, les Oncle Tom aux États-Unis ou les Beni Oui-Oui en Algérie. Paradoxalement, sous couvert d’antiracisme, Basel Amin Aql verse dans le racisme en assignant tous les Arabes à l’antisionisme, sous peine d’être qualifiés de marionnettes siégeant à la Knesset ou dans les délégations israéliennes.

Le 22 juillet 1980, lors d’une session de l’Assemblée générale de l’ONU, Farouk Kaddoumi, co-fondateur du Fatah et représentant de l’OLP, fidèle à la ligne dure de l’organisation, a qualifié le Premier ministre israélien Menahem Begin de "terroriste" (A/ES-7/PV.1, p.61). Cette accusation, ironique étant donné que l’OLP était elle-même considérée comme une organisation terroriste par certains États, s’inscrit dans une stratégie d’inversion accusatoire. Kaddoumi, rejetant toute compromission avec l’"entité sioniste" qu’il estimait néfaste aux droits palestiniens, a dénoncé Israël pour son "colonialisme de peuplement" dans les territoires occupés et pour avoir mené, selon lui, une "guerre quotidienne d’usure génocidaire" contre les Palestiniens au Liban, où de nombreux réfugiés vivaient dans des camps. Ces termes reflètent la rhétorique virulente de l’OLP, qui utilisait des accusations fortes comme "génocide" pour condamner les actions israéliennes, tout en étant critiquée pour ses propres méthodes violentes.

A propos du colonialisme de peuplement

Fayez Sayegh, membre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a appliqué le concept de "colonialisme de peuplement" pour décrire le projet sioniste dans son livre Zionist Colonialism in Palestine publié en 1965. En tant que rapporteur à l’ONU de 1969 à 1980, il a promu cette vision, qui a influencé en partie la résolution 3379 (1975) de l’Assemblée générale, assimilant le sionisme à une forme de racisme et de colonialisme. 

Cependant, ce cadre ignore le contexte historique de l’immigration juive en Palestine mandataire, majoritairement composée de réfugiés fuyant les persécutions (pogroms en Russie tsariste et Shoah) plutôt que d’une entreprise coloniale classique visant à exploiter des ressources. 

Contrairement à l’image d’une puissance étrangère, les Juifs avaient des liens historiques et religieux avec la région du Levant, marquée par une présence continue, bien que minoritaire.

Les terres acquises par les immigrants juifs n’ont pas été volées, mais achetées légalement à des propriétaires arabes ou ottomans, souvent absents, comme l’a documenté la Commission Woodhead (1938). Les Juifs n’étaient pas responsables des conditions des locataires arabes exploités par ces propriétaires.

Aucun empire incarnant une autorité centrale n'administrait une forme de colonialisme sioniste. 

De plus, l’immigration juive ne se limitait pas aux Juifs européens (Ashkénazes), mais incluait des Juifs mizrahim, séfarades, et asiatiques (comme les Boukhariotes), ce qui distingue d'autant plus le sionisme du colonialisme européen classique. Aucune langue commune et nationalités différentes. 

Le concept de "colonialisme de peuplement", forgé par Sayegh pour associer l’immigration juive à une entreprise coloniale, ne reflète pas la réalité d’une immigration motivée par la survie et non par l’exploitation ou le remplacement systématique de la population autochtone. Ce terme a été repris récemment par la rapporteuse spéciale de l’ONU Francesca Albanese, qui utilise l’expression "colonialisme de peuplement" pour critiquer les politiques israéliennes, marquant une continuité avec la rhétorique de l'OLP via Sayegh et Kaddoumi ou de hauts représentants étatiques comme l'irakien Saadoun Hammadi et le syrien Halim Abdel Halim Khaddam. 

4. Cas d'école : la guerre civile libanaise (1975/1990) 

En 1970, l’OLP, sous la direction d’Arafat, s’installa à Beyrouth, lançant des attaques répétées contre Israël. Cette présence déstabilisa le Liban, contribuant au déclenchement de la guerre civile (1975-1990) entre les chrétiens maronites, soutenus par les Phalanges de Bachir Gemayel, et les factions pro-OLP. En juin 1982, Israël intervint militairement au Liban pour neutraliser l’OLP. Après la reddition de l’OLP en août 1982, environ 14 000 combattants furent évacués vers la Tunisie, laissant les camps de réfugiés palestiniens, comme Sabra et Chatila, vulnérables.

Le 14 septembre 1982, Bachir Gemayel, récemment élu président, fut assassiné dans un attentat attribué à Habib Tanious Chartouni, membre d’un parti pro-syrien. En représailles, les Phalanges, soupçonnant l’OLP, orchestrèrent le massacre de Sabra et Chatila (16-18 septembre 1982). Peu après le massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, perpétré par milices phalangistes chrétiennes libanaises,  Zehdi Terzi, représentant de l'OLP, a prononcé un discours devant l'Assemblée générale de l'onu, condamnant "la junte des judéos-nazis" de Tel-Aviv (terme utilisé à 7 reprises) et accusant Israël de "génocide" (A/ES-7/PV.32).


Conclusion

Depuis l’émergence du sionisme à la fin du XIXe siècle, Israël est la cible d’une campagne rhétorique implacable, orchestrée à l’ONU par le bloc arabo-musulman et leurs alliés, qui l’accuse de nazisme, d’apartheid, de racisme, de colonialisme de peuplement, de génocide, voire de complot juif mondial. Cette propagande, initiée par des figures comme Mohammed Amin Al-Husseini, collaborateur nazi et promoteur des Protocoles des Sages de Sion, et prolongée par l’OLP de Yasser Arafat, repose sur une inversion historique. Alors que les Arabes, de la Syrie à l’Égypte en passant par l’Irak et la Palestine, ont recruté d’anciens nazis (comme Johann von Leers) et entretenu des liens directs avec Hitler via le mufti, ils qualifient Israël de "judéo-nazi" à l’ONU, notamment à travers les sept mentions virulentes prononcées dans un discours de Zehdi Terzi en 1982 (A/ES-7/PV.32). Comble de l’ironie, la culture antisémite de la région, bercée par le nazisme, se révèle dans des faits accablants : en 1999, Mein Kampf (édition Bisan) se hisse au sixième rang des ventes à Ramallah selon l’Agence France-Presse. Sept accusations de "génocide" ou d’"extermination" contre Israël à l’ONU entre 1956 et 1982 viennent couronner cette hypocrisie, alors que la population palestinienne des territoires croît de 950 000 à 1 450 000 sur la même période, un "génocide" unique dans l’histoire où la population ciblée prospère. Pendant ce temps, le colonialisme arabo-musulman, dantesque du VIIe au XXe siècle à travers la traite orientale et la traite transsaharienne, est soigneusement occulté par les accusateurs d’Israël, l'auteur Tidiane N'Diaye nomme cela le "génocide voilé". Enfin, les pays qui dénoncent le "racisme" israélien présentent une homogénéité ethno-religieuse quasi totale sur leur sol, reflet de leur absence de diversité. Cette instrumentalisation atteint son paroxysme avec des cas comme cette étudiante palestinienne, réfugiée en France et inscrite à Sciences Po, contrainte de fuir au Qatar après la découverte de son apologie du nazisme, un écho contemporain de l’héritage antisémite promu par Al-Husseini. L’histoire du conflit israélo-palestinien, construite en miroir inversé de l’histoire juive, révèle une bataille de récits où les civils palestiniens, maintenus dans la misère des camps par l’Égypte, la Jordanie, puis l’OLP, sont les premières victimes d’une propagande cynique. Ce texte expose une réalité peu débattue : les accusations contre Israël ne sont qu’un diversion pour masquer les échecs arabes et leur propre passé trouble, orchestrés dans une ONU devenue théâtre d’un harcèlement diplomatique sans équivalent. Ce constat fait directement écho aux événements post 7 Octobre 2023 puisqu'Israël est la cible d'une propagande 2.0 inénarrable pendant que le Hamas capitalise les morts palestiniennes. 

Frank D. 

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