L'interview dure environ trois heures, abordant essentiellement la Palestine, le prétendu champ d'expertise de Rima Hassan. J'ai inséré le minutage pour chaque passage abordé afin de permettre aux lecteurs de vérifier individuellement les propos. Son intervention sur la Palestine dure 3h05 plus 24 minutes consacrées à sa présentation et à la France. L'article suivant est long (~1 800 mots) car l'interview est longue et les falsifications (x27) sont légions mais non exhaustives.
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Septembre 2025 |
29:12 Elle établit un parallèle entre l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, considérée comme la troisième plus meurtrière dans le monde au XXe et XXIe siècle, et les assauts du FLN sur le sol français, en particulier les "Guerres des Cafés" entre 1956 et 1962. Cette comparaison s’avère être un amalgame réductionniste, visant à invoquer l’héritage colonial français en Algérie, un contexte dépourvu d’équivalence avec le conflit nationaliste opposant Israël aux Palestiniens, et semble chercher à minimiser la gravité de l’événement du 7 octobre. Par ailleurs, elle omet de mentionner la centaine d’attentats perpétrés uniquement par le Hamas contre Israël entre 1987 et 2025, voire ceux du Hezbollah post 1982 et ceux de l'OLP dans les années 1970.
La comparaison de Rima Hassan repose sur un anachronisme et un réductionnisme en assimilant directement Israël à une puissance coloniale classique. Elle omet les spécificités du conflit israélo-palestinien (autochtonie partielle des Juifs, guerres régionales, revendications concurrentes). Cela simplifie le narratif au profit d’une analogie émotionnelle avec la lutte algérienne, mais ignore des différences historiques fondamentales.
Origine des acteurs : La France était une puissance européenne extérieure, tandis qu’Israël est un État régional avec une revendication historique et religieuse sur le territoire. Les Juifs, notamment Mizrahim et certains Ashkénazes, partagent une ascendance levantine (ADN), contrairement aux colons français en Algérie.
Nature du conflit : La guerre d’Algérie était une lutte anticoloniale classique contre une puissance étrangère. Le conflit israélo-palestinien est un conflit nationaliste entre deux peuples revendiquant le même territoire, avec des dimensions religieuses, historiques et géopolitiques complexes.
Contexte juridique : Les colonies françaises en Algérie étaient une entreprise coloniale explicite, tandis que les implantations israéliennes sont contestées en droit international mais justifiées par Israël comme nécessaires à la sécurité ou légitimes historiquement.
Les différences historiques, géographiques et juridiques rendent la comparaison réductrice et anachronique, servant un narratif palestinien visant à légitimer la résistance armée. Rima Hassan fait l'apologie du Hamas et du terrorisme palestinien dans son ensemble en légitimant ces actions comme une lutte armée nécessaire.
34:30 Elle parle d'une "coalition" de "toutes les composantes politiques de la société palestinienne" ayant participé à la préparation de l'attaque du 7 octobre. Or la politique incarne les intérêts du peuple, il n'est donc pas anormal d'assimiler les Palestiniens à l'attaque terroriste du 7 octobre. En revanche, l'exécution de l'attaque a été réalisé majoritairement par les djihadistes du Hamas représentés par 80% des forces.
36:40 Elle présente l'affaire Dreyfus comme un "catalyseur" de la doctrine sioniste du journaliste austro-hongrois, Theodor Herzl, mais commet une erreur sur la date, mentionnant 1884 au lieu du procès de 1894 et de la condamnation en 1895. Elle omet de mentionner les persécutions massives des Juifs, notamment les pogroms en Russie tsariste entre 1881 et 1921, qui ont fortement influencé l'idéologie de Herzl. Elle ne fait pas non plus référence à ses observations à Vienne sur la montée de l'antisémitisme, incarnée par l'élection de Karl Lueger, maire antisémite, le 10 novembre 1895. Cet événement, où l'antisémitisme devient une force politique institutionnelle, convainc ce journaliste viennois de l'échec de l'assimilation, le poussant à publier Der Judenstaat le 14 février 1896 et à organiser le Congrès de Bâle en 1897 pour promouvoir le sionisme politique.
Enfin, Rima Hassan ne mentionne pas Léon Pinsker, un médecin polonais et précurseur du sionisme ainsi que Nathan Birnbaum, dont les idées ont influencé Herzl. Léon Pinsker a été à l'origine de la première Aliyah, 1882-1903, environ 35 000 Juifs. Nathan Birnbaum a inventé les termes "sioniste" et "sionisme" en 1890. Puis, en 1892, il publie Die Nationale Wiedergeburt des Juedischen Volkes ("La Renaissance nationale du peuple juif"), prônant un État juif en Palestine comme solution à l'antisémitisme. D'autres personnalités antérieures à celles-ci, Moses Hess, juif allemand, Zvi Hirsch Kalischer, rabbin prussien, Judah Alkalai, rabbin séfarade de Serbie, Peretz Smolenskin, écrivain russe, ont tous promu l'idée d'un retour à Sion face à l'antisémitisme et aux difficultés d'assimilation juive. Rima Hassan fait étalage soit d'une totale ignorance du sujet soit d'une manipulation contextuelle visant à servir le narratif palestinien et anti français (Algérie/Dreyfus).
39:14 Elle souligne que le peuple palestinien n'a pas été consulté en 1947 lors du plan de partage de la Palestine, un constat stigmatisant qu'elle présente comme spécifique mais qui s'applique à de nombreux peuples à travers l'Histoire, comme lors de la partition de l'Inde ou du découpage de l'Empire ottoman. Elle omet toutefois de mentionner que les Palestiniens étaient représentés dès 1920 par le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, et son clan, une figure centrale mais controversée dans l'histoire palestinienne de 1920 à 1948, notamment en raison de ses alliances et actions politiques. Cette omission évite d'aborder le rôle complexe et polémique de ce personnage. Enfin elle évoque seulement deux propositions de partage de l'UNSCOP en 1947 occultant toutes les négociations antérieures dont les 5 propositions formulées par les commissions Peel (1937), Woodhead (1938) et le plan Morrison-Grady (1946). En abordant seulement les négociations du plan de L'UNSCOP, Rima Hassan décrit une impression de fait accompli alors que les négociations ont plusieurs décennies.
40:40 Rima Hassan stigmatise Israël en dénonçant la loi des absents (1950), qui a permis la confiscation des terres palestiniennes après la guerre de 1948, alors que ce type de mesure est une pratique courante dans l’histoire des conflits. La loi vise à gérer les propriétés abandonnées dans un contexte de guerre, où les propriétaires sont perçus comme ayant rejoint des forces ennemies. Les vainqueurs d'un conflit territorial, comme Israël face à cinq nations arabes en 1948, disposent souvent des territoires conquis, et pointer du doigt Israël revient à l’accuser d’avoir inventé les conséquences naturelles de la guerre, ce qui constitue une forme de biais ou de stigmatisation. Elle omet que les pays arabes ont confisqué 120 000 propriétés juives (850 000 Juifs expulsés, 1948-1970) sans compensation, renforçant un double standard récurrent dans le discours pro-palestinien. Cette focalisation sélective renforce l’idée qu’Israël est jugé plus durement que d’autres États ayant adopté des mesures similaires dans des contextes de guerre. Ce biais sélectif est récurent dans les commentaires et analyses du conflit Israélo-palestinien.
42:16 Elle affirme que "la Bible n’est pas un cadastre" pour justifier la présence juive en Eretz Israël, suggérant que les récits religieux ne peuvent fonder un droit territorial. Bien que les récits bibliques puissent être critiqués quant à la véracité de certains événements, leur précision historique, géographique et souvent chronologique, est largement reconnue, notamment avec l’existence avérée des royaumes d’Israël (environ 930-720 av. J.-C.) et de Judée (930-587 av. J.-C.). Ces faits historiques sous-tendent le sionisme, qui revendique un droit au retour basé sur la continuité du lien juif avec la région. En minimisant cette continuité, Hassan verse dans un réductionnisme, voire un révisionnisme, en occultant la profondeur historique de ce lien. Par ailleurs, elle compare la démarche sioniste à celle des terroristes de Daesh, une analogie problématique, tout en omettant de critiquer la charte du Hamas (1988). Son article 11 définit la Palestine comme un waqf islamique, une terre inaliénable dédiée à Dieu, rejetant toute concession territoriale à Israël ou à tout autre adversaire.
Daesh revendique un califat universel sans lien historique ou génétique spécifique à la plupart des territoires conquis (ex. : Irak, Syrie). Le sionisme cherche un foyer national pour un peuple persécuté (ex. : pogroms russes, Holocauste), tandis que Daesh impose une idéologie totalitaire par la violence indiscriminée.
Un autre argument avancé est celui de la démographie de la région mais les Juifs aussi ont un ADN partiellement levantin, attestant de leur lien génétique et historique avec la région, et ils ont été expulsés par les Romains (notamment après les révoltes de 70 et 135 ap. J.-C.), sans possibilité de retour pendant des siècles, ce qui renforce la légitimité du sionisme et du droit au retour.
53:49 Pour comprendre "l'évolution du désespoir palestinien", autrement dit le terrorisme, elle cite comme point de départ l'année 1920 comme sources des injustices envers les palestiniens, en invoquant les accords Sykes-Picot (1916) et la déclaration de Balfour (1917). Sa remarque est à la fois obscure et anachronique car il n'y a encore aucun palestinien à cette époque puisque les britanniques commencent à administrer la Palestine sous mandat de la Société des Nations. Ce n'est qu'en 1925 que la loi sur la citoyenneté est promulguée créant la citoyenneté palestinienne et le passeport palestinien.
En réalité, l'année 1920 est marquée par les émeutes de Jérusalem, souvent qualifiées de premier pogrom antijuif, qui ont conduit à l'arrestation et à la condamnation pour incitation à la violence de Mohammed Amin al-Husseini, une figure clé mais controversée que Rima Hassan omet toujours de mentionner.
1:00:04 Rima Hassan soutient que la lutte palestinienne s’est historiquement inscrite dans un cadre révolutionnaire marxiste, sans usage du lexique religieux jusqu’à l’émergence du Hamas en 1987, liée à l’essor des Frères musulmans. Cette affirmation est incorrecte, car dès 1920-1948, le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, a mobilisé un discours religieux, invoquant le djihad contre l’immigration juive et le mandat britannique, tandis que les Frères musulmans apparaissent dans les territoires palestiniens dès 1935 via des réseaux éducatifs et sociaux. De plus, Hassan présente la cause palestinienne comme décoloniale, alors qu’elle était principalement panarabe et influencée par l’islamisme dans les années 1920-1948, visant à intégrer la Palestine dans une grande nation arabe, comme la Syrie. L’intervention de cinq États arabes contre Israël en 1948 était motivée par le panarabisme, sans aucune trace de marxisme. Le discours de Hassan est révisionniste, marqué par des omissions sélectives, notamment sur le rôle du grand mufti et le caractère panarabo-islamiste de la lutte.
1:04:00 Dans le cadre de son obstination à faire l'apologie du Hamas, elle évoque le changement politique du Hamas en 2017 alors que la Charte de 1988 n'a jamais été abrogé. D'ailleurs le monde entier a pu admirer le changement politique du Hamas lors du 7 octobre 2023, contredisant toute forme de modération. Rima Hamas prétend que le Hamas revendique la Palestine dans ses frontières pré-1967 or
l'article 2 de la charte révisée revendique toute la Palestine mandataire post-1923.
Cette ambiguïté est intentionnelle. Le Hamas ne renonce pas à son objectif à long terme (libération totale, article 2) mais accepte une solution intérimaire (frontières de 1967, article 20) comme étape stratégique, sans reconnaître officiellement Israël. En effet, "Le Hamas rejette toute alternative à la libération complète et achevée de la Palestine, du fleuve à la mer". L'image introduisant mon article ci-contre, présente Rima Hassan avec une carte de la Palestine qui confirme l'absence d'Israël et la libération complète de la Palestine.
1:06:45 Elle établit un lien entre le Hamas et Benjamin Netanyahu qui aurait facilité son développement à partir de 2019. Rappelons qu'entre 1987 et 2019, le Hamas n'a pas eu besoin de Benjamin Netanyahu pour se développer grâce au cheikh Yassine, reprenant la matrice des frères musulmans installée entre 1935 et 1987 via des écoles coraniques, des associations caritatives et des mosquées. La victoire électorale à Gaza (2006) et la prise de contrôle militaire face au Fatah (2007) n'ont pas eu besoin de l'assistance du premier ministre Netanyahu. Cette présentation de Hassan omet le développement autonome du Hamas et exagère le rôle de Netanyahu, reflétant un narratif biaisé.
1:13:00 Rima Hassan affirme que la mort de Yasser Arafat, survenue le 11 novembre 2004 à 75 ans, résulterait d’un empoisonnement au polonium, sous-entendant une implication extérieure, probablement israélienne. Cette allégation est considérée comme complotiste, car elle repose sur des spéculations sans preuves définitives, alimentant une narrative accusatoire sans fondement solide. Nous sommes toujours dans la diabolisation d'Israël et l'imputation de faits condamnables mais non vérifiés visant les juifs.
1:18:30 Rima Hassan affirme que les Palestiniens ont subi de nombreux "7 octobre" de la part de milices sionistes comme l’Irgoun et le Lehi (Stern). Elle présente ces milices comme une coalition étant à l'origine de la fondation de Tsahal. Mais cette affirmation est historiquement inexacte, car la colonne vertébrale de Tsahal était la Haganah (90-95 % des effectifs), une organisation plus modérée créée en 1920 en réponse aux émeutes antijuives de Jérusalem, tandis que l’Irgoun (3-5 %) et le Lehi (1-2 %) étaient minoritaires. Hassan omet la Haganah, qui a même collaboré avec les Britanniques contre ces milices extrémistes, déformant ainsi l’histoire de la création de Tsahal. Sa comparaison avec le 7 octobre 2023 est problématique, car elle exagère le rôle de l’Irgoun et du Lehi et ignore les différences d’échelle et de contexte. Cette omission et cette simplification suggèrent un biais dans son récit, cherchant à diaboliser Tsahal sans reconnaître la complexité de sa formation.
1:29:25 Rima Hassan condamne l'ancienne première ministre israélienne, Golda Meir, pour l'empoisonnement des terres palestiniennes à Aqraba en Cisjordanie. Cette information est authentique, des documents déclassifiés détaillent l’utilisation de pesticides toxiques sur 83 % des terres d’Aqraba, ordonnée sous la supervision du gouvernement de Golda Meir en 1972. Cela contraste avec la stigmatisation d’Israël dans des discours comme celui de Rima Hassan, qui critique les actions israéliennes sans reconnaître que la démocratie israélienne facilite l’accès à ces informations. Elle ne contextualise pas la capacité d’Israël à s’auto-critiquer, contrairement à des entités comme le Hamas, où la transparence interne est quasi inexistante. De telles actions, bien que condamnables, ne sont pas uniques à Israël et doivent être contextualisées dans l’histoire des conflits mondiaux afin de ne pas diaboliser Israël (ex. : Agent Orange au Vietnam, attaques chimiques en Irak et Syrie).
1:41:30 Elle partage la lecture d'un témoignage évoquant la Nakba et les traitements inhumains commis par des soldats sionistes envers des palestiniens. Elle ne fournit aucun contexte alors qu'elle fait toujours l'apologie du Hamas en utilisant le contexte pour minimiser la gravité de leurs actes. Elle pratique encore le double standard pour diaboliser Israël sans évoquer les antécédents de la guerre civile comme la bataille des routes entre novembre 1947 et mai 1948.
1:44:40 Selon une perspective israélienne, Rima Hassan cherche à qualifier Israël d’État terroriste au même titre que les actions du Hamas, en relativisant la violence palestinienne comme une "lutte armée légitime" et en accusant Israël d’apartheid et de génocide. Elle pourrait aussi qualifier de génocide l’attaque du 7 octobre 2023, qui a visé 68% de civils dans une logique d’extermination (1 195 morts, viols, otages), en s'appuyant sur de multiples déclarations d'intention explicite dont la charte de 1988.
Ces actes sont qualifiés de crimes contre l’humanité par Human Rights Watch et potentiellement de génocide par des avocats des victimes devant la CPI. Cette équivalence morale révèle un double standard dans son discours, où la violence du Hamas est minimisée tandis que celle d’Israël est diabolisée, renforçant l’impression d’un biais sélectif et d’apologie de terrorisme.
2:14:00 Après plus de deux heures de bavardages sans fil conducteur chronologique ou thématique, elle finit par dire : "
Jésus est palestinien". Sans doute la pire ineptie qu'elle n'ait jamais dite. A l'époque de Jésus-Christ, chaque personne se définissait par sa confession religieuse, son ethnie, son clan ou la ville dont il était originaire. Ainsi Jésus est un juif Galiléen de la lignée de David, au Ier siècle dans la Judée romaine, le désigner comme Palestinien est anachronique voire grotesque. Le point de vue de Rima Hassan est une référence implicite à
l'article 7 de la charte du Hamas (2017). Cela reflète une tentative de réécrire l’histoire pour ancrer l’identité palestinienne dans une période où elle n’existait pas.
2:15:15 Elle affirme que le terme Palestinien vient de Philistin sans aucune forme d'explication. Elle annone la propagande pro-palestinienne sans l'once d'une réflexion, une posture étonnante pour une personne qui prétend avoir une pensée complexe. Ainsi elle laisse planer le doute dans les esprits d'une association entre Philistin/Palestinien ou Philistie/Palestine. La réalité est que le lien entre Philistin et Palestinien est purement étymologique car ils n'ont rien de plus en commun. Les Palestiniens n'existent pas à l'époque des Philistins entre le XIIe et le VIIIe siècle avant J.-C. contrairement aux Hébreux/Israélites.
La Palestine n’est pas mentionnée dans l’ancien testament, ni dans le nouveau testament ni dans le Coran. Par contre Israël est mentionné 2507 dans l’ancien testament (5785), 97 fois dans la bible (2025) et 47 fois dans le Coran (1446). Concernant les itérations de Philistin/Philistie, nous relevons 250 mentions dans l'ancien testament, 0 dans le Nouveau Testament et 0 dans le Coran. La réalité historique démontre que Israël a existé ainsi que la Philistie mais pas la Palestine.
En fait la Palestine est un terme majoritairement occidental dérivé de Peleset (Égypte), Palaestine (grec) puis Philistie (philistin) et enfin Syria-Palaestina sous les Romains. Son usage courant vise à désigner une région géographique non un peuple.
Les Cananéens sont présents avant et pendant l’arrivée des Philistins qui sont des migrants. En clair s’ils n’avaient pas migré, cela n’aurait rien changé à l’histoire du Levant et des palestiniens d’aujourd’hui.
Scientifiquement, les Palestiniens modernes descendent des Cananéens, pas des Philistins, et les Juifs ont également une ascendance levantine partielle, ce qui complexifie l’idée d’une "colonisation" au sens classique.
2:18:25 Ce passage est un énorme morceau de propagande. Rima Hassan mentionne le "Grand Israël" qui serait l'objectif d'Israël. Elle affirme qu’il englobe la "Jordanie, le Sinaï et des bouts de territoires de différents pays", en se référant au ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, sans aucune autre forme de précision. Lors d’une commémoration en France en mars 2023, cet extrémiste se tenait derrière un pupitre affichant une carte incluant Israël, les territoires palestiniens et la Jordanie. Rima Hassan exploite cet exemple individuel et extrême (Smotrich) pour discréditer Israël dans son ensemble, tout en passant sous silence le contexte politique interne, notamment l’opposition au sein d’Israël à Smotrich, ainsi que les traités de paix signés avec la Jordanie (1994) et l’Égypte (1979). Cependant, plusieurs points méritent d’être éclaircis : la carte affichée sur le pupitre n’inclut pas le Sinaï, contredisant partiellement son affirmation, tandis qu’elle intègre bien la Jordanie, coïncidant avec les frontières de la Palestine mandataire avant 1923. Ce n'est donc pas une carte sioniste représentant le "Grand Israël" mais une carte ressemblant au mandat britannique jusqu'en 1923, avant le transfert de la Transjordanie.


Après des recherches supplémentaires, j’ai pu visionner le documentaire d’Arte intitulé "
Israël et les ministres du chaos", qui met en lumière deux figures extrémistes, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Au début du film, à 14:13, Bezalel Smotrich expose sa vision territoriale d’Israël, ancrée dans son idéologie, en mentionnant "
de Jérusalem à Damas". Aucune allusion au Sinaï n’apparaît dans ses propos. Cependant, le documentaire poursuit avec une carte, amplifiant sa déclaration en lui attribuant une "
vision maximaliste" de la Terre Promise, incluant potentiellement le Sinaï, ce qui excède clairement ce qu’il a réellement exprimé.
En revanche, sur son compte Twitter, Rima Hassan a partagé, le 13 août 2025,
une carte dépourvue de toute source illustrant son propos complotiste avec la mention suivante : "
Greater khara". Un terme arabe vulgaire signifiant "
excrément". Cette carte non référencée provient selon toute vraisemblance d'une version rééditée en Iran des Protocoles des Sages de Sion (1985). Face à la multitude de représentations illustrant un État palestinien sans Israël, ce type de propagande apparaît largement dénué de sens.
Sur ce sujet, l'historien Daniel Pipes a consacré un article fleuve de 3000 mots avec 63 notes de bas de page, témoignant d'une recherche approfondie, afin de démystifier l'idée d'un "
Grand Israël" s'étendant du Nil à l'Euphrate. Une accusation récurrente contre les sionistes, qu'il qualifie de "
calomnie". Cet article intitulé "
Imperial Israel: The Nile-to-Euphrates Calumny" a été publié le 1er janvier 1994 et mis à jour le 27 juillet 2011.
2:24:15 Rima Hassan dénonce un deux poids deux mesures de l'Occident, pointant l'absence de sanctions du Conseil de sécurité (CS) de l'ONU contre Israël depuis deux ans (post-7 octobre 2023), qu'elle oppose aux sanctions imposées à la Russie pour son invasion de l'Ukraine. Son intention est claire : présenter Israël comme un État impuni, protégé par ses alliés occidentaux, notamment les États-Unis, qui lui accorderaient un régime de faveur via leur veto au CS. Elle brandit le droit international comme une arme pro-palestinienne pour stigmatiser Israël, suggérant qu'il échappe à toute responsabilité pour des actions qu'elle qualifie de violations graves.
Cependant, ce narratif est biaisé et sélectif. Elle omet que l'ONU est un théâtre géopolitique, où l'efficacité des sanctions dépend de la volonté des grandes puissances. Les exemples historiques le prouvent : les États-Unis ont agi unilatéralement sans sanctions CS contre le Vietnam (guerre 1965-1973), Grenade (1983), la Libye (1986), le Panama (1989), ou l'Irak (2003), grâce à leur veto ou à l'inaction du CS. De même, la Russie a échappé à des sanctions pour l'Afghanistan (1979), la Syrie (depuis 2011), la Chine pour les Ouïghours, la Birmanie pour les Rohingyas. L'impunité n'est pas l'exception d'Israël, mais la règle quand une grande puissance couvre un État.
De plus, Rima ignore qu'Israël est loin d'être "intouchable". Il détient le record absolu des résolutions à l'Assemblée générale (154 contre Israël de 2015-2023 contre 71 pour le reste du monde) et au Conseil des droits de l'homme (108 de 2006-2024), en grande partie à cause du biais des 57 pays de l'OCI et 120 non-alignés dominant l'AG/CDH. Ces résolutions, bien que non contraignantes, créent une pression diplomatique et alimentent des boycotts (Ligue arabe depuis 1945, BDS depuis 2005). En minimisant ce déluge de critiques et en focalisant sur l'absence de sanctions CS, Rima construit un narratif sélectif qui exagère l'impunité d'Israël, masquant que l'ONU est structurellement biaisée (anti-sioniste via OCI/MNA) et inefficace sans consensus des cinq membres permanents. Son utilisation du droit comme "totem" pro-palestinien occulte que l'impunité est un standard géopolitique, pas une exception israélienne.
2:25:30 A propos du "génocide", l'ordonnance préliminaire de la CIJ en 2024 reconnaît un "risque plausible" alors "ça suffit puisque c'est une convention sur la prévention". Selon elle, la CIJ impose des mesures conservatoires à Israël sous-entendant qu'en l'absence de ces mesures il y aura "un génocide". Elle assimile abusivement un risque préliminaire à une quasi-condamnation. Or la CIJ n'a pas statué sur le fond du dossier.
Rima Hassan déforme la démarche sud-africaine devant la CIJ en omettant qu’il s’agit d’une plainte en cours, pas une condamnation. Le "risque plausible" de génocide (ordonnance CIJ, 26 janv. 2024) est une évaluation préliminaire, pas une preuve, contrairement à ce que son discours suggère. En s’appuyant sur la Convention de 1948 (prévention), elle assimile ce risque à une quasi-validation d’un génocide, ce qui est juridiquement trompeur – le seuil de condamnation (intention spécifique) n’est pas atteint. Cela renforce son narratif pro-palestinien, stigmatisant Israël comme "impuni".
2:37:30 Elle accuse la France d'être coupable de complicité d'impunité en ayant autorisé ou toléré le survol de son espace aérien par un avion transportant Benjamin Netanyahu malgré son mandat d'arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI, 21 novembre 2024) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à Gaza.
Omar el-Béchir (mandat CPI du 4 mars 2009 pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour ; second en 2010) a voyagé librement pendant 10 ans malgré le mandat, survolant et visitant des pays signataires sans arrestation. Notamment une visite en Afrique du Sud en 2015 ou en Jordanie en 2017. Deux pays appréciés par Rima Hassan. La CPI a constaté la non-coopération de ces États, Afrique du Sud en 2017 et Jordanie en 2019. On peut également citer la Mongolie pour son absence de coopération avec la CPI dans l'arrestation de Vladimir Poutine en septembre 2024.
La diabolisation de Benjamin Netanyahu atteint des proportions épiques, comme si elle ignorait délibérément les figures historiques telles que Saddam Hussein, Pol pot, Bachar al-Assad, Hitler, Staline, Mao Zedong, Leopold II, Yahya Khan, Ismail Enver Pacha, Ion Antonescu, Hirohito, Mobutu Sese Seko, Mengistu Haile Mariam, Jonas Savimbi, Hideki Tojo, Gengis Khan, Hulagu Khan, Tamerlan ou An Lushan.
2:42:20 Rima Hassan affirme que Gaza est principalement peuplée de "réfugiés de 1948", mais omet de préciser que le statut de "réfugié" selon l’UNRWA inclut majoritairement les descendants des déplacés de la Nakba, et non les réfugiés originels (âgés de 80–100 ans). Cette omission déforme la réalité démographique de Gaza, où la population est jeune (âge médian : 18 ans), simplifiant le narratif pour maintenir une image de victimisation liée à 1948. En raison du statut héréditaire unique des réfugiés palestiniens, cette affirmation pourrait rester "valable" même dans 2 000 ans si le conflit persiste, ce qui souligne l’absurdité de cette rhétorique pro-palestinienne biaisée.
2:43:30 Sa comparaison entre la résistance française et celle du Hamas est fragile. La première, défensive et patriotique, ciblait l’occupant nazi sans otages ni civils, honorant ses 20 000/30 000 morts comme héros. Le Hamas, offensif et islamiste, vise des civils, prend des otages, et glorifie ses morts comme martyrs avec des promesses religieuses et financières. Les contextes (occupation vs conflit territorial) et méthodes divergent fondamentalement.
2:44:03 Selon Rima Hassan, les palestiniens n'étaient pas structurés politiquement au moment de la Nakba (1948), affirmant qu'il n'y avait "ni Fatah, ni OLP, ni Hamas". Cette déclaration est inexacte. En réalité, des structures politiques existaient, telles que le Congrès Arabe Palestinien (1919-1928), le Comité Exécutif Arabe (1920-1934) et le Conseil Suprême Musulman (1922-1948), sous l'influence notable du grand mufti de Jérusalem et de son clan. Cette influence pourrait expliquer l'omission de ces structures par Rima Hassan. Sur le plan militaire, les Palestiniens étaient organisés à travers l'Armée de la Guerre Sainte (Jaych al-Jihad al-Muqaddas), l'Armée de Libération Arabe (Jaych al-Inqadh al-Arab) et les fedayin, qui ont joué un rôle dans l'opposition aux forces sionistes en 1947-1948, les fedayin poursuivant leur action au-delà de cette période.
2:51:10 Selon Rima Hassan, le premier grand mouvement de révolte arabe fut dirigé contre les britanniques (1936-1939). L’usage du qualificatif "grand" par Hassan gomme la dimension anti-juive. En se concentrant sur les Britanniques comme cible principale, elle simplifie le récit, occultant les violences intercommunautaires. Cela cadre avec son narratif pro-palestinien, où les Juifs sont présentés comme des victimes collatérales plutôt que des cibles directes, renforçant une vision anti-coloniale unidirectionnelle. Les événements de 1920, 1921, et 1929 montrent que l’hostilité envers les Juifs précédait 1936-1939, liée à l’immigration et aux achats de terres. La révolte de 1936-1939 a cristallisé ces tensions, mais pas uniquement contre les Britanniques.
3:08:41 Elle évoque la flotille niant toute forme de lien avec le Hamas alors que j'ai démontré le contraire dans cet
article. Selon elle, ceux qui dénoncent ce lien sont d'extrême droite et complotiste. Mon article démontre le contraire avec des preuves solides : réunions de Guettaia, Mansouri, et Nawar avec Youssef Hamdan (Hamas) sous drapeau Hamas (juin 2025), les connexions d’Avila avec le FPLP et Hezbollah, et l’admission de Birawi sur l’objectif médiatique pro-Hamas. L’opacité financière (FFC, IHH) alimente ces soupçons renforcée par le fait qu'aucun kilogramme d'aide n'a été livré depuis 2010.

Conclusion
L’analyse de l’entretien de Rima Hassan révèle un enchaînement d’omissions, de simplifications et d’anachronismes qui, loin d’éclairer le débat, reconduisent un récit militant au détriment d’une compréhension historique rigoureuse. En réduisant la complexité des causes (qu’il s’agisse des origines du sionisme, de l’exode palestinien de 1948 ou du rôle différencié des acteurs armés), son discours substitue la rhétorique à la factualité. Or, l’histoire du conflit israélo-palestinien, comme toute histoire humaine, n’est ni univoque ni manichéenne : elle se nourrit de strates multiples, de responsabilités partagées, d’évolutions idéologiques contradictoires.
Mon travail visait non pas à nier la souffrance palestinienne, indéniable et documentée, mais à démontrer que la vérité historique ne peut être convoquée sélectivement pour légitimer une position politique contemporaine. Les faits résistent toujours à la propagande, qu’elle émane de l’un ou l’autre camp. Rappeler les nuances, exposer les points de débat, confronter les narratifs, ce n’est pas un exercice académique vain : c’est la condition pour sortir des caricatures et pour penser lucidement un conflit qui, faute d’être compris dans sa complexité, risque d’être éternellement instrumentalisé.
Frank D.
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