Flottille Global Sumud : Humanitaire ou Propagande ? Une Zone Grise au Service de la Cause Palestinienne
Dans un précédent article, j’ai analysé l’écosystème entourant Zaher Birawi, figure centrale de la Freedom Flotilla Coalition (FFC) en tant que porte-parole, organisateur et coordinateur. Ses liens présumés avec des organisations désignées comme terroristes, telles que le Hamas et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), sont bien documentés, malgré ses efforts pour les minimiser. À l'instar du Hamas, Zaher Birawi a également admis que l’objectif principal des flottilles, sous couvert humanitaire, est de maintenir la cause palestinienne sous les feux des médias. Je vais maintenant examiner le dernier épisode de cette télé-réalité humanitaire : la Flottille Global Sumud, qui promeut les intérêts politiques du Hamas à travers une opération médiatique d’envergure inégalée.
1. Organisation de la flottille Global Sumud
Voici une liste des membres officiels du comité directeur : Greta Thunberg, Marouan Ben Guettaia (Algérie), Thiago Avila (Brésil), Wael Nawar (Tunisie) et Hayfa Mansouri (Tunisie).
![]() |
De gauche à droite : Nawar, Guettaia, Mansouri, Avila. |
En juin 2025, Marouan Ben Guettaia, Hayfa Mansouri et Wael Nawar ont rencontré Youssef Hamdan, représentant du Hamas en Algérie, pour coordonner le soutien logistique. Youssef Hamdan est une figure centrale de la représentation du Hamas en Algérie, jouant un rôle de diplomate et de communicant. Ces rencontres ont eu lieu dans le même décor affichant un drapeau avec l'emblème du Hamas à droite, ne laissant aucun doute sur l'idéologie de l'hôte.
La première photo ci-dessous illustre Marouan Ben Guettaia, à gauche, et Youssef Hamdan, à droite. Le drapeau du Hamas est largement visible derrière Youssef Hamdan.
Le second cliché est une photo de groupe affichant Wael Nawar, au centre, Hayfa Mansouri, à gauche et Youssef Hamdan, à droite, dans la même pièce que la photo précédente.
Le drapeau du Hamas et les écharpes portées par Wael Nawar et Hayfa Mansouri, suggérent une proximité idéologique indéniable qu'ils sont heureux d'exhiber librement. Leurs écharpes affichent l'emblème du Hamas. À l'instar d'un kieffeh popularisé par Yasser Arafat, nul ne peut ignorer le sens de tous ces symboles.
Thiago Avila, militant écologiste et influenceur brésilien, s’est positionné comme un fervent défenseur de la cause palestinienne à la suite de la réponse militaire israélienne aux attaques du Hamas du 7 octobre 2023. Bien que Thiago Avila revendique un engagement de 19 ans, les sources disponibles ne fournissent aucune preuve concrète pour corroborer cet activisme spécifique à la Palestine avant octobre 2023. Comme d’autres figures sur les réseaux sociaux, il capitalise sur le conflit pour accroître sa visibilité et son audience, augmentant ainsi ses revenus grâce à sa notoriété en ligne. Sur son compte Instagram, Thiago Avila a commencé à dénoncer ce qu’il qualifie de "génocide palestinien" dès le 13 octobre 2023, orientant 99% de son contenu sur cette thématique. Il n’a pas publiquement condamné l’attaque du 7 octobre 2023 commise par le Hamas.
![]() |
Compte X de Thiago Avila : Pas un mot sur la Palestine avant le 7 octobre 2023. |
Thiago Avila a rencontré deux membres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation marxiste-léniniste classée comme groupe terroriste par plusieurs pays, dont les États-Unis et l’Union européenne :
Leila Khaled, née en 1944 à Haïfa, est une figure emblématique du FPLP. Elle est connue pour avoir été la première femme à participer à des détournements d’avions dans les années 1960 et 1970. Membre du FPLP depuis 1968, elle a pris part à deux opérations majeures : le détournement du vol TWA 840 le 29 août 1969 et celui d’un vol El Al le 6 septembre 1970. Par la suite, elle s’est engagée politiquement, intégrant le bureau politique du FPLP et le Conseil national palestinien.
Nader el-Qissi, représentant du FPLP en Algérie, a également rencontré Thiago Avila, renforçant son lien avec l’organisation.
Le 24 février 2025, Thiago Avila s’est rendu à Beyrouth pour assister aux funérailles de Hassan Nasrallah, ancien secrétaire général du Hezbollah de 1992 jusqu’à sa mort en septembre 2024. Lors de deux interventions sur la chaîne de télévision pro-Hezbollah Al-Mayadeen, les 22 et 23 février 2025, Avila a fait l’éloge de Nasrallah, le décrivant comme une "source d’inspiration" pour le peuple libanais et une figure historique de l’anti-colonialisme et de l’anti-impérialisme. Il l’a qualifié de "martyr" ayant contribué à la "révolution humaine" et à la "libération mondiale" en s’opposant à ce qu’il appelle l’"entité sioniste". Avila a exprimé son honneur d’être présent aux funérailles, soulignant que Nasrallah aurait "vaincu" Israël en 2000 et 2006. Pourtant Israël est toujours là...
Le Hezbollah, organisation chiite libanaise soutenue par l’Iran, est considéré comme un groupe terroriste par plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada et une partie de l’Union européenne. Il est accusé d’implication dans des actes terroristes, le trafic de stupéfiants, le blanchiment d’argent et de compromettre la souveraineté libanaise sous l’influence iranienne. Thiago Avila est aussi un soutien du régime des mollahs iraniens qui, selon lui, est "souverain" depuis la révolution islamique de 1979. Au mois de juin 2024, il a participé au Sommet International sur Gaza qui s'est déroulé à Téhéran. Utilisant la rhétorique habituelle antisioniste, il amplifia la charge en comparant Gaza à "un camp de concentration". En 2025, il a accordé une interview au groupe iranien Press TV, le seul autorisé à diffuser de l'information en Iran. L’interview, réalisée en direct depuis le navire Madleen, a permis à Avila de promouvoir ses objectifs humanitaires et de critiquer le blocus imposé par Israël (mais pas par l'Égypte). Il a également accuser Israël de perpétrer un "génocide de 8 décennies" contre le peuple palestinien.
Avant la Seconde Guerre mondiale, la population juive mondiale s’élevait à environ 16,6 millions. Après le génocide juif, elle a chuté à environ 10 millions en 1945. En 2025, 80 ans plus tard, elle atteint 15,7 millions, sans retrouver son niveau d’avant-guerre. En Palestine mandataire, avant la Nakba de 1948, environ 1,3 million d’Arabes palestiniens vivaient sur le territoire. Aujourd’hui, la population palestinienne mondiale est estimée à 14 millions, dont 5,5 millions en Cisjordanie et à Gaza, 2 millions en Israël, et 6,5 millions dans la diaspora. C'est le génocide palestinien selon la rhétorique pro-palestinienne dont Thiago Avila.
Enfin, Thiago Avila a réalisé un live avec un brésilien converti à l'islam, Sayid Tenorio, devenu pro palestinien après sa conversion. Ce dernier a publié un livre intitulé "Palestina" soutenant ouvertement le Hamas qu'il considère comme un mouvement de résistance légitime.
2. Objectifs politiques et propagandistes
Zaher Birawi a reconnu à plusieurs reprises que les flottilles visent à générer une couverture médiatique pour maintenir la cause palestinienne dans le débat public, plus qu’à livrer de l’aide. Cela permet de stimuler l'opinion publique favorablement à l'égard du Hamas, isoler Israël diplomatiquement et médiatiquement, recruter de nouveaux militants et récolter des fonds. La finalité politique est la libération de la Palestine de l'emprise sioniste.
Échelle de l’opération : 50 navires, 500 participants de 44 pays, forte présence médiatique sur X et des médias de gauche et/ou musulmans comme Le Monde, Libération, L'Humanité, FranceInfo, Al Jazeera, Press TV, Al Manar ou Al-Mayadeen.
Stratégie : En défiant le blocus israélo-égyptien, la flottille mobilise l’opinion publique contre Israël, renforçant indirectement l’image du Hamas comme "résistant". Cela place l’action dans une zone grise, entre humanitaire et soutien politique au Hamas. La FFC est focalisée sur Gaza, elle collaboré donc exclusivement avec le Hamas (Gaza), et non avec l’OLP (Cisjordanie), renforçant les soupçons d’un agenda politique fragilisant le caractère humanitaire de la mission.
Impact médiatique : Grâce à Internet et à une coordination internationale, la flottille amplifie son message via une propagande stratégique, comparable à une opération de communication massive.
3. Opacité financière
Absence de rapports financiers publics de la FFC, alimentant les soupçons de flux financiers opaques, potentiellement via des structures comme Interpal ou des partenaires dans des pays à faible régulation. Selon la Charity Commission britannique, les organisations caritatives doivent publier des rapports financiers transparents. Toute opacité pourrait entraîner des enquêtes ou sanctions.
L’IHH (organisation turque) est un pilier de la Freedom Flotilla Coalition (FFC). En 2008, une délégation IHH, menée par Bulent Yildirim, a rencontré Ahmed Bahar (Hamas) à Gaza, promettant un doublement de l’aide financière. L'IHH avait déjà participé à la flottille du Mavi Marmara en 2010. L'interception du Mavi Marmara causa la mort de 10 activistes, poussant l'ONU à enquêter. Le rapport Palmer 2011 conclut à la légalité du blocus mais à un usage disproportionné de la force, critiquant l'imprudence des activistes ayant défier le blocus.
4. Dimension culturelle et médiatique
No Other Land (2025), réalisé par Basel Adra, Yuval Abraham et Rachel Szor, est un documentaire sur la destruction de Masafer Yatta (Cisjordanie) dénonçant l'occupation israélienne comme un "nettoyage ethnique". Récompenses : Oscar du meilleur documentaire 2025, Documentary Film Award (Berlinale 2024), New York Film Critics Circle Award. Documentaire controversé en Israël, qualifié de "propagande" par le ministre de la culture Miki Zohar.
The Voice of Hind Rajab (2025), de Kaouther Ben Hania, est un docudrame sur une fillette tuée à Gaza. Ovation de 23 minutes à Venise 2025, Grand Prix du Jury, sélection tunisienne pour l’Oscar 2026. Soutenu par le réalisateur Alfonso Cuarón, signataire d'une lettre ouverte avant l'ouverture du festival de Cannes avec 350 stars condamnant le "génocide" de Gaza.
Soul on Your Hand and Walk (2025), de Sepideh Farsi, est un documentaire sur la photographe palestinienne Fatma Hassona, tuée à Gaza. Sélectionné à Cannes, distribué aux États-Unis, Japon, Australie, Canada.
Ces œuvres amplifient la cause palestinienne via le cinéma, renforçant l’impact émotionnel et médiatique des actions comme celles de la flottille. Encore récemment, ce sont 1500 acteurs/réalisateurs qui boycottent les institutions cinématographiques israéliennes. Les manifestations anti-israéliennes ou antisémites se multiplient à l’échelle mondiale, dans la culture, le sport, l'enseignement et plus largement au sein de la société civile, sans montrer de signe d’essoufflement.
5. Analyse : Propagande et zone grise
La flottille, en défiant le blocus israélo-égyptien, agit comme une opération de communication visant à mobiliser l’opinion publique mondiale contre Israël, renforçant indirectement les intérêts politiques du Hamas, même sans implication militaire directe. Un civil peut entreprendre une action non violente face à des militaires sans être considéré comme un ennemi si cette action ne participe pas directement aux hostilités :
- Ne cause pas de préjudice direct aux opérations militaires.
- N’est pas intentionnellement alignée avec une partie belligérante.
- Reste dans un cadre humanitaire neutre et transparent.
Selon le droit international humanitaire (DIH), Protocoles additionnels de 1977 aux Conventions de Genève, les civils perdent leur protection s’ils participent directement aux hostilités :
Article 51(3) du Protocole additionnel I (1977) stipule :
"Les personnes civiles jouissent de la protection conférée par la présente section, sauf si elles participent directement aux hostilités et pendant la durée de cette participation".
En conséquence, tenter de briser un blocus naval, jugé légal par le rapport Palmer (2011) pour empêcher l’entrée d’armes à Gaza, constitue une interférence directe avec une mesure militaire israélienne. Cette action oblige les forces navales à se déployer massivement (interception de 50 navires pour Global Sumud), créant une perturbation opérationnelle significative, voire une faille potentielle dans la surveillance si des ressources sont détournées.
Les liens explicites des organisateurs – Zaher Birawi (Europal Forum, lié au Hamas), Thiago Ávila (rencontres avec le FPLP, Hezbollah, et soutien au régime iranien), et Marouan Ben Guettaia, Hayfa Mansouri, Wael Nawar (réunions avec Youssef Hamdan, Hamas, sous drapeau Hamas) – confirment un nexus belligérant intentionnel avec des groupes désignés comme terroristes par les USA, l’UE et Israël. Ces connexions, publiques via des photos, déclarations (ex. : Ávila sur Al-Mayadeen, 2025), et l’opacité financière de la FFC (absence de rapports, liens avec l’IHH finançant Hamas), renforcent la perception d’un alignement avec le Hamas, acteur belligérant contrôlant Gaza.
Bien que présentée comme humanitaire, la flottille sort du cadre strictement civil en défiant une mesure militaire et en collaborant exclusivement avec le Hamas (non l’OLP), entrant dans une zone grise où les civils comme Ávila risquent d’être assimilés à des acteurs des hostilités. Le CICR et l’ONU soutiennent que les actions humanitaires non violentes restent protégées, mais la coordination logistique avec le Hamas et l’objectif politique explicite (isoler Israël, per Birawi) fragilisent cette protection, surtout dans un contexte où Israël considère ces flottilles comme des provocations stratégiques soutenant des ennemis armés.
Conclusion
La flottille Global Sumud, coordonnée par des figures comme Zaher Birawi et soutenue par des organisations comme l’IHH, s’inscrit dans une stratégie politico-médiatique visant à défier le blocus israélien et à mobiliser l’opinion publique. Ses liens avec le Hamas, son opacité financière et son relais par des productions culturelles (documentaires primés) en font une opération à la fois humanitaire, propagandiste et politiquement ambiguë. L’absence de transparence financière et les connexions explicites avec le Hamas (et non l’OLP) renforcent les soupçons d’un soutien indirect à des objectifs politiques. La rhétorique d’un "génocide palestinien", promue par des figures comme Thiago Avila ou Rima Hassan, est contredite par la croissance démographique palestinienne – de 1,3 million en 1947 à 14 millions en 2025, soit 11 fois plus – contrastant avec la population juive mondiale, passée de 16,6 millions avant la Shoah à 10 millions en 1945, et toujours inférieure à son niveau d’antan (15,7 millions en 2025). Cette exagération propagandiste, combinée à l’absence de transparence financière et aux connexions explicites avec des groupes belligérants, place la flottille dans une zone grise où son caractère humanitaire est fragilisé par un agenda politique aligné sur le Hamas.
Frank D.
Commentaires
Enregistrer un commentaire