PENELOPE GATE (1) : Mitterrand, Sarkozy, Jouyet et Fillon

Dossier sur le Pénélope Gate en 3 parties + la piste Jacquet
(publié sur internet au mois de Juin 2017)

Concernant l'affaire FILLON, rebaptisée « Pénélope Gate » par nos médias sensationnalistes. Il existe au moins deux pistes évidentes à explorer, celle qui consiste à remonter la trace du délateur, à savoir Le Canard Enchaîné, et puis celle de ceux qui ont su tirer avantage de la publication de ces informations, c'est-à-dire les adversaires de François FILLON.

Les auteurs Karl LASKE et Laurent VALDIGUIE ont co-écrit un essai intitulé « Le vrai canard » en novembre 2008, dans lequel un chapitre évoque précisément la promiscuité tout au long de son histoire du journal avec l’Élysée.1 Pour en comprendre les raisons il faut revenir dans le passé, en 1941, à l'époque de la Seconde guerre mondiale, deux français se trouvaient détenus entre les mains des nazis, dans le camp stalag IX A, de Ziegenhain. Deux français poussés par ce contexte historique à se rapprocher, à partager les mêmes souffrances et la même envie de liberté. L'un est lié au journal du Canard Enchaîné, l'autre au destin de la France.

Le Canard Enchaîné pro-socialiste


Robert GAILLARD, père de Michel le dirigeant du Canard Enchaîné depuis 1993, a été prisonnier de guerre en 1940, à la même époque que François MITTERRAND. De mai 1941 à décembre 1941, ils sont co-détenus dans le camp du Stalag IX A en Hesse. Robert GAILLARD s'est ensuite rendu célèbre grâce à ses talents d'écrivain après avoir tenu un journal détaillant son quotidien de prisonnier qu'il publia après sa libération. Cela lui avait permis d'évacuer par l'écriture la souffrance et l'angoisse liées à la captivité. Son ouvrage « Les liens de chaîne », publié en 1942, a été récompensé par un prix littéraire. La préface de cette première édition a été écrite par Paul MARION qui n'était autre que le secrétaire général à l’Information et à la Propagande sous le régime de Vichy de 1941 à 1944.

Durant l'année 1942 Robert GAILLARD fut rapatrié pour raison sanitaire alors que François MITTERRAND, après plusieurs échecs, réussissait à s'évader en décembre 1941. Robert GAILLARD travailla ensuite pour la presse collaborationniste, évitant l'épuration grâce à son ancien compagnon de galère, François MITTERRAND, qui avait été nommé responsable du Mouvement National des Prisonniers de Guerre et Déportés par le Général DE GAULLE en 1944.

Le prix Renaudot 1942 a récompensé l'ouvrage de Robert GAILLARD intitulé « Les liens de chaîne », une évocation de sa captivité au stalag sous la forme d'un hommage rendu aux blessés, aux prisonniers et aux disparus. Robert GAILLARD était infirmier chef au sein du camp de prisonniers à Ziegenhain qu'il décrivait comme « un paradis à côté de ce qu'[il a] connu » :

« Il y a des lettrés, des penseurs, des prêtres de finesse qui acceptent de discuter avec mon scepticisme […]. Il y a François MITTERRAND, futur secrétaire d'ambassade, nourri des Grecs et des Romains, qui dirige avec l'abbé Delattre le petit journal du camp, L'éphémère ».

A ce sujet, François MITTERRAND publia une tribune dans Le Figaro, le 8 avril 1942, pleine de louages à l'égard du livre de Robert GAILLARD : 

« Mitterrand explique notamment que ce livre existe grâce à lui car, non seulement, il a assuré l'auteur ''de l'intérêt et du profit que trouverait un large public dans des pages si véridiques'', mais c'est lui qui a apporté le manuscrit à la censure du stalag, dont il revint sans incident ».

Rappelons aussi que François MITTERRAND a reçu la francisque gallique en 1943, une décoration attribuée par le régime de Vichy, symbolisant une marque d'estime du Maréchal PETAIN. Nul doute que GAILLARD et MITTERRAND avaient en commun un passé trouble, notamment François MITTERRAND qui a entretenu une relative ambiguïté autour de cette période. Il fut à la fois pétainiste et anti allemand, à l'extrême droite puis à gauche, puis en connexion avec René BOUSQUET2 ou Maurice PAPON, sans parler de sa double vie.

François MITTERRAND était un homme de secret, plus fidèle à ses relations qu'à ses convictions politiques. C'est pourquoi le lien noué par deux hommes ayant partagé plus de 6 mois de détention dans un camp de prisonniers nazis, n'est pas une anecdote. Au contraire, ce fut une expérience marquante qui a forgé la relation entre GAILLARD et MITTERRAND, deux hommes qui s'appréciaient comme nous avons pu le constater.

Première affaire : Fillon/Sarkozy


Reprenons au point de départ, la première affaire FILLON, celle concernant une tentative d'influer sur le cours des procédures judiciaires visant Nicolas SARKOZY, notamment dans le cadre de l'affaire Bygmalion. Autrement dit le financement illégal de sa campagne présidentielle en 2012. Selon Jean-Pierre JOUYET, François FILLON aurait abordé ce sujet lors d'un déjeuner au mois de juin 2014 afin d'éliminer Nicolas SARKOZY de son sillage en vue des primaires de la campagne présidentielle 2016. Cette information relative à la première affaire FILLON a été publié par le journal Le Monde au mois de novembre 2014.

Le même procédé a été utilisé, cette fois-ci en 2016, pour écarter définitivement FILLON de la course à la présidentielle via un matraquage médiatique du Canard Enchaîné. Ce fut la fameuse affaire du « Pénélope Gate ».


La réalité de l'entretien entre FILLON et JOUYET ainsi que le sujet de leur conversation ne font plus débat. Leur entretien est de notoriété publique depuis que deux journalistes ont dévoilé un enregistrement prouvant leurs dires. Itélé en a diffusé un court extrait3 dans lequel nous pouvons entendre un enregistrement vocal de JOUYET confirmer la version des journalistes du Monde. Une question demeure, Jean-Pierre JOUYET disait-il la vérité ?

Toujours est-il que la plainte déposée par François FILLON, pour diffamation à l'encontre de Jean-Pierre JOUYET et des deux journalistes, a été classé sans suite. Le tribunal ayant reconnu le caractère diffamatoire de l'article, tout en estimant authentique la bonne foi des trois protagonistes inculpés. La « bonne foi » dans un tel cas est une notion purement subjective, de plus c'était nier l'ambiguïté historique des rapports entretenus par Le Canard Enchaîné et le Parti Socialiste (PS), héritage de François MITTERRAND, légué à François HOLLANDE et profitant aujourd'hui à Emmanuel MACRON.

Dans l'affaire du Pénélope Gate, Louis-Marie HOREAU, rédacteur en chef du Canard Enchaîné, et un journaliste, Hervé LIFFRAN, ont été appelé à témoigner. Personne n'a nié la réalité des faits, mais là aussi personne n'a été condamné pour avoir influer sur le cours des élections et pour avoir servi les intérêts d'une frange du pouvoir. Par la suite, le camp FILLON a émis certains soupçons à l'égard de François HOLLANDE et d'un présumé « cabinet noir ».

Regardons tout ceci de plus près, les médias ont impliqué deux énarques en particulier, des noms jamais cités par François FILLON mais bien par les médias, précisons le.

Le cabinet noir

Le premier énarque est Thomas CAZENAVE, âgé de 39 ans, il a été le dernier secrétaire général adjoint de l’Élysée du Président HOLLANDE, peu avant il a été membre du cabinet ministériel d'Emmanuel MACRON. Sa promotion à l’Élysée est intervenue au mois de décembre 2016, en remplacement du mari de Najat VALLAUD BELKACEM, Boris VALLAUD, issu de la même promotion ENA que MACRON et GANTZER.

Un mois après cette redistribution des rôles, Le Canard Enchaîné déclenchait le scandale du Pénélope Gate.

Le second énarque est Gaspard GANTZER, âgé de 37 ans et provenant de la même promotion que MACRON, autant dire un camarade. Il a été en charge des relations avec la presse en tant que chef du pôle communication du président HOLLANDE, nommé le 23 avril 2014 jusqu'à la fin du mandat présidentiel. JOUYET et GANTZER ont milité pour que MACRON soit nommé ministre de l’Économie. A cette époque cette joyeuse bande fréquentait les mêmes couloirs, ceux de l’Élysée, au plus près du président François HOLLANDE.

Nous avons là deux personnages intéressants autour de laquelle s'est bâtie une partie de cette théorie. L'un d'entre eux est en interaction avec le Président et le Gouvernement, l'autre avec le Président et les médias. Quel heureux hasard, c'est le genre de fonction qu'il faudrait occuper pour fomenter un coup tel que le Pénélope Gate.

Le point de départ de la fuite pourrait se situer en 2016, à travers le ministère de l’Économie d'Emmanuel MACRON via Thomas CAZENAVE, puis vers le bureau du cabinet du secrétaire de l’Élysée, Jean-Pierre JOUYET, ou de son adjoint BORIS VALLAUD. Et, enfin, la basse besogne pour le chef en communication, l'homme de l'ombre en relation avec les médias, Gaspard GANTZER, transmettant l'information à un journal proche et fidèle du pouvoir comme Le Canard Enchaîné de Michel GAILLARD.

Une anecdote récente et éclairante sur le rôle de Gaspard GANTZER nous vient de la journaliste Maryse BURGOT de France 2 qui a ressenti un certain malaise après l'avoir filmé « à son insu ». La scène a lieu aux abords de l’Élysée, Gaspard GANTZER délivrait des consignes à un groupe de journalistes amassés autour de lui. Maryse BURGOT se trouvait sur place pour suivre le discours de HOLLANDE annonçant son renoncement à l'élection présidentielle lorsque le caméraman s'écarta de BURGOT pour filmer GANTZER, encerclé par une dizaine de journalistes qui l'écoutaient avec les mains dans les poches. Maryse BURGOT, professionnelle, commenta ces images afin de combler le direct. Après avoir offert aux téléspectateurs ces brèves images, illustrant les coulisses du pouvoir et mettant en scène la relation presse/pouvoir, elle rendit l'antenne au présentateur du journal télévisé.


Cet incident maladroit n'a pas été apprécié par l'encadrement de l’Élysée comme Maryse BURGOT en a témoigné en direct :

« Les gens de l’Élysée ne sont pas très content que nous ayons montrés ses images ».

Au retour plateau, David PUJADAS enchaînait :

« Voilà, GANTZER un homme de l'ombre, un spin doctor comme disent les anglo-saxons c'est-à-dire ces conseillers en communication qui interviennent très peu d'ordinaire devant les micros ou les caméras... ».

Quelle subtile explication de David PUJADAS, sans détour et en direct. Effectivement, un spin doctor est un communicant qui se mue dans le silence s'il n'a pas sollicité le micro mais qui agit savamment en coulisse auprès de la presse pour leur glisser des consignes ou bien pire... comme le faisait Gaspard GANTZER.

Il s'est ensuite engagé dans le privé après avoir été candidat aux élections législatives dans une circonscription de Rennes, une région qu'il ne connaissait pas. Mais sous la pression locale et de ses opposants, qui n'acceptèrent pas son parachutage breton, il préféra abandonner. Il annula sa candidature pour les législatives et se retira momentanément de la vie politique comme si sa mission était arrivée à son terme. Mais quelle mission ?

Le 27 mars 2017, Thomas CAZENAVE déposait une plainte pour menace de mort après avoir reçu un courrier adressé à son bureau, au Palais de l’Élysée. Preuve s'il en fallait des suspicions émises par François FILLON. Thomas CAZENAVE était-il un cas isolé ? Les politiciens sont-ils souvent menacés de mort ET portent-ils plainte systématiquement ? Les médias ne semblent pas bavard sur ce sujet sauf concernant Thomas CAZENAVE puisque le journal Le Point a obtenu le contenu du courrier anonyme :

« Thomas CAZENAVE Gaspard GANTZER (sic) Vous êtes morts !... dans 1 semaine ?... dans 2 ans ? et qui de vos proches » ? lui aurait été écrit anonymement.

Gaspard GANTZER aurait également été destinataire du même genre de menace mais il n'a pas estimé nécessaire de déposer plainte contrairement à d'autres cibles…



2René BOUSQUETS a été impliqué dans la rafle du Vel d'Hiv.

Maurice Papon, préfet de police de Paris, a été impliqué dans la sévère répression du 17 octobre 1961.

3Itélé (CNews) : Enregistrement de JOUYET disponible sur Youtube, ajouté sur la chaîne CNews, le 28 mai 2015.


Frank D.

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