Acquittement de Bagui Traoré ?
Cinq personnes étaient visées par une plainte regroupant plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre. Le principal motif de la plainte est tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique lors des émeutes qui se déroulèrent à Beaumont-sur-Oise au mois de Juillet 2016. Comme à l’accoutumée, ces émeutes proviennent des quartiers sensibles, ici ceux de Beaumont-sur-Oise et des communes voisines. Quatre nuits de violences en réponse à de supposés méfaits incriminant les forces de l'ordre lors de la double interpellation de Bagui Traoré et Adama Traoré. Les français ont pris l'habitude d'être les témoins et les victimes de ces scènes de violences urbaines justifiées par de prétendues violences policières.
Et c'est sans doute pour faire un exemple que certains suspects des émeutes de Beaumont-sur-Oise ont été renvoyés devant la cour d’Assises. Peu importe la raison, nul ne peut justifier que des milliers de citoyen, dans plusieurs communes de France, subissent la terreur et les dégradations générées par ce genre de manifestations ultra violentes. Enfin, il est insensé de chercher à banaliser des tirs au fusil visant des membres des forces de l'ordre pour soutenir les intérêts de la famille Traoré. La vie n'est pas une fête foraine ou un jeu vidéo. La réalité des forces de l'ordre sur le terrain consiste à exposer leur vie pour protéger celle des autres.
Seulement cinq personnes suspectées d'être impliquées dans les émeutes de Beaumont-sur-Oise étaient sur le banc des accusés. Selon le réquisitoire des avocats généraux, Bagui Traoré pourrait bénéficier d'un acquittement. La famille Traoré serait-elle devenue intouchable aux yeux de la justice française ? Tandis que trois autres suspects risquent de lourdes peines de prison pour avoir tiré sur les forces de l'ordre. Paradoxal. En tant que présumé organisateur des émeutes Bagui Traoré serait innocent, faute de preuves, alors que ces représailles pour soutenir sa propre famille furent commises quelques heures après la mort de son frère.
Or Bagui Traoré était le premier et principal témoin de l'interpellation de son frère le 19 Juillet 2016. Personne d'autre ne savait mieux que lui ce qui était arrivé à son frère. Sans doute a-t-il prévenu son entourage des événements concernant Adama Traoré. Et si Bagui Traoré n'a joué aucun rôle dans ces émeutes comme semble le suggérer le principal intéressé alors qu’a t-il fait pour empêcher sa cohorte de suiveurs d'agir pendant quatre nuits consécutives ?
Qui donne les ordres ? Qui suit ?
Un autre frère d’Adama, Yacouba Traoré, a été condamné à 18 mois de prison pour avoir tabassé un ancien co-détenu d’Adama Traoré. Cet ancien co-détenu accusait Adama Traoré de l'avoir violé. Ces faits de violence ont notamment été qualifié par le procureur de "véritable guets-apens". Dans une autre affaire, celle du bus incendié à Boyenval, Beaumont-sur-Oise, au mois de Novembre 2016, Yacouba Traoré a été jugé comme étant le "donneur d'ordre" ou le "général" de cette opération. L'enquête a prouvé qu'une "réunion préparatoire" s'était déroulée pour organiser cette funeste attaque contre un chauffeur de bus et son outil de travail.
Ces éléments factuels démontrent que la famille Traoré donne les ordres au sein de son microcosme, dans les cités environnantes, et les autres suivent. Alors pourquoi chercher à blanchir Bagui Traoré ?
Rappelons que le jour de l'interpellation mortelle d’Adama Traoré, Bagui Traoré était aussi présent. Il était recherché par les forces de l'ordre pour violences et extorsion de fonds sur personnes vulnérables. C'était lui la cible originelle des gendarmes et son interpellation se déroula sans anicroche contrairement à son frère Adama qui opta pour la fuite. Il fut le dernier membre de la famille Traoré à voir Adama vivant. Nul doute que Bagui Traoré a ressenti un sentiment de culpabilité en apprenant la mort de son frère car il était présent au moment des faits, pire encore, c'est lui qui a attiré malencontreusement l'attention des forces de l'ordre vers son frère.
A l'époque de la mort de son frère, Bagui Traoré avait témoigné à la télévision, affirmant avoir tout vu. Les flics l’ont "coursé" et "frappé", ajoutant à son récit : "j'ai vu le gendarme, il est parti avec un tee-shirt tout blanc et il est revenu avec un tee-shirt plein de sang, et il n'a pas de plaie. C'est le sang de mon frère qu'il a sur le tee-shirt". Or si le gendarme "est parti" puis "revenu", cela implique que Bagui Traoré n'a pas pu voir toute la scène et qu'il extrapole sur les faits. Avec cette simple déclaration, nous avons la preuve que l'objectivité de sa parole est sujette à caution.
De plus, le casier judiciaire de Bagui Traoré fait apparaître 13 mentions qui dépeignent le profil d'un trafiquant de drogue et d'un vil manipulateur car il faut avoir bien peu de vertu pour extorquer de l'argent avec violences à des personnes en situation de handicap (personnes dites vulnérables). Exercer un métier respectable, utile ou non nuisible à autrui, semble loin des prérogatives des frères Traoré. Adama Traoré était un trafiquant de drogue, nuisible et inutile à la société. Grâce à Assa Traoré, ils deviennent des hors-la-loi érigés en héros. La réalité est que nous sommes loin du mythe Traoré selon lequel le système judiciaire français harcèlerait cette famille puisque nombreux sont les délits de Bagui Traoré et d’Adama Traoré antérieurs à la mort de ce dernier.
Notons que chaque jour en France, 1.500 personnes décèdent en moyenne, dans leur majorité ce sont d'honnêtes citoyens. Est-ce que ces familles endeuillées et leurs proches se transforment en guérilleros de la banlieue pour exprimer leur chagrin ou leur sentiment d'injustice ?
Enfin, citons un extrait du Parisien pour souligner le comportement exemplaire des forces de l'ordre durant les émeutes de Beaumont-sur-Oise :
"Le commandement redoutait de voir un mort chez les émeutiers et le climat s’aggraver. « Ils avaient la légitimité pour le faire, mais ils ne l’ont pas fait. Mais la riposte, c’est vous. La riposte, c’est la justice », a lancé aux jurés Me Caty Richard."
Le verdict des émeutiers de Beaumont-sur-Oise sera rendu aujourd'hui à 19h00 à la cour d’Assises du Val d’Oise. Une décision très attendue après la précédente déconvenue d’autres gendarmes face à Assa Traoré lors d'une procédure en diffamation dont elle est sortie indemne.
Frank D.
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