Plainte de l'Afrique du Sud visant Israël pour génocide
Le 29 décembre 2023, l'Afrique du Sud déposait une plainte de 84 pages devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), accusant Israël de génocide contre la population palestinienne de Gaza dans le contexte de l'offensive déclenchée après le 7 octobre. Cet article analyse les éléments majeurs et constitutifs de cette plainte. En premier lieu je vais aborder trois aspects, juridique, rhétorique et matériel.
L'aspect juridique : La plausibilité du génocide
La plainte a été acceptée par la Cour Internationale de Justice (CIJ) car elle estime le risque plausible de génocide à Gaza. Mais cela ne signifie pas qu'un génocide a été constaté. La plausibilité est un seuil très bas, sans commune mesure avec la preuve exigeante de l'intention génocidaire. En clair, il est facile d'accuser, beaucoup plus difficile de prouver. À ce jour, aucun tribunal n'a établi qu'Israël a commis un génocide à Gaza.
L'aspect rhétorique : Le continuum historique
Le cœur de la plainte sud-africaine repose sur une rhétorique : l'idée d'une continuité d'injustices depuis 1948, de la Nakba à l'occupation, jusqu'au blocus de Gaza. Ce récit linéaire occulte pourtant des réalités essentielles : guerres interétatiques (1948, 1956, 1967, 1973), accords de paix (Égypte 1979, Jordanie 1994, Accords d'Abraham 2020), retrait unilatéral de Gaza en 2005. Autant de ruptures qui contredisent l'idée d'un projet israélien monolithique et continu. Cette présentation des 75 ans d'histoire privilégie une lecture militante plutôt qu'une approche juridique rigoureuse.
L'aspect matériel : La preuve matérielle
Démontrer factuellement un génocide est extrêmement complexe et exige des preuves concrètes, loin de toute interprétation spéculative. Les déclarations publiques, pour être recevables, doivent être contextualisées et répétées par différentes personnes exerçant une autorité au sein du pouvoir israélien. La preuve matérielle se matérialise par des lois, des documents, des directives officielles ou des aveux explicites, démontrant une intention génocidaire. La volonté délibérée doit être démontrée sans équivoque. À ce stade la plainte repose surtout sur des citations sorties de leur contexte et sur une rhétorique émotionnelle. À titre d'exemple, les déclarations du ministre de la défense israélien Yoav Gallant (9/10/2023), citées dans la plainte, ne peuvent servir d'argumentaire pour caractériser l'intentionnalité d'un génocide car elles visaient explicitement le Hamas, un groupe armé non protégé par la Convention, et non la population palestinienne dans son ensemble.
En second lieu je vais évoquer le rôle de l'Afrique du Sud dans les conflits internationaux, le continuum historique favorisant une lecture sélective de l'Histoire et les critiques anti-Israël dans la plainte sud-africaine.
Rôle de l'Afrique du Sud sur la scène internationale
En déposant une plainte pour génocide contre Israël, l’Afrique du Sud se présente comme un champion du droit international, une posture exigeant impartialité et cohérence morale, sans agenda politique. Pourtant, son bilan révèle des incohérences. En 2015, Pretoria a violé ses obligations en n’arrêtant pas le président soudanais Omar el-Béchir, accusé de génocide par la Cour Pénale Internationale (CPI), lors de sa visite sur son sol. En 2017, elle s’est abstenue lors d’un vote à l’ONU condamnant les violences contre les Rohingyas en Birmanie. Son silence sur l’oppression des Ouïghours par la Chine, un allié clé, renforce l’impression d’une application sélective des principes. La plainte est soutenue par un axe anti-occidental avec les présidents ou représentants de 21 pays, dont 3 sont ouvertement hostiles aux Etats-Unis (Bolivie, Cuba et Venezuela) et 4 parfois critiques à leur égard (Brésil, Colombie, Honduras et Namibie), 14 pays à majorité musulmane (Mauritanie, Qatar, Algérie, Iran, Turquie, Bangladesh, Egypte, Irak, Jordanie, Libye, Pakistan, Syrie, Tunisie et Malaisie) et l'Etat de Palestine, qualifiant les actions d'Israël de génocide ou évoquant un risque de génocide. Ces soutiens politiques illustrent un alignement idéologique plutôt qu’une démarche universelle. Ce parti pris, ancré dans un continuum historique favorisant le récit du Hamas, est renforcé par des actions concrètes : le 6 novembre 2023, l’Afrique du Sud a rappelé son ambassadeur et sa mission diplomatique d’Israël pour consultations, accusant Israël de « génocide » à Gaza, tandis que la ministre Khumbudzo Ntshavheni a dénoncé les remarques « désobligeantes » de l’ambassadeur israélien contre les opposants aux « atrocités ». De plus, un échange téléphonique entre la ministre sud-africaine Naledi Pandor et Ismail Haniyeh, chef du Hamas, le 17 octobre 2023, bien que présenté comme portant sur l'aide humanitaire selon Reuters, a été critiqué comme un soutien implicite au Hamas, en l'absence d'actions concrètes, et suivi dès le lendemain par l'accusation officielle de génocide contre Israël, prononcée par le président Cyril Ramaphosa. Cette démarche juridique visant Israël contraste avec la situation intérieure de l'Afrique du Sud, marquée par une crise multidimensionnelle : une économie stagnante, un chômage record (33,5%, 45% pour les jeunes), une criminalité endémique avec 25.000 meurtres en 2023 coûtant 10% du PIB, et un système éducatif défaillant avec 1.770 écoles utilisant des latrines à fosse provoquant la noyade de plusieurs enfants. Ces éléments fragilisent fortement la crédibilité de l’Afrique du Sud comme acteur crédible et impartial dans le dossier israélien. En conclusion, l'Afrique du Sud semble répondre à un agenda politique basé sur son alliance avec de grandes puissances, celle de l'alignement sino-russe, privilégiant un agenda idéologique aux considérations humanitaires.
La rhétorique du continuum historique mise à l'épreuve des faits
La plainte sud-africaine accusant Israël de génocide soulève une question fondamentale : pourquoi avoir attendu 2023 pour formuler une telle accusation, couvrant une période de 75 ans (1948-2023) ? Cette approche révèle une incohérence logique et une lecture sélective de l’histoire, marquée par des amalgames, des anachronismes et un révisionnisme par omission. Présenter l’histoire d’Israël et du conflit israélo-palestinien comme un continuum unilatéral de 1948 à 2023 ignore les ruptures historiques, les contextes changeants et les dynamiques complexes du conflit.
1. Une lecture linéaire et sélective de l’histoire.
L’idée d’un régime israélien continu et d'une politique planifiée depuis 1948 est contestable. Cette période inclut des guerres interétatiques (1948, 1956, 1967, 1973), des accords de paix (Égypte en 1979, Jordanie en 1994, Accords d’Abraham en 2020), le processus d’Oslo (1993-1995), et le retrait unilatéral de Gaza en 2005. Ces événements brisent l’hypothèse d’une politique israélienne monolithique visant une domination raciale ou un génocide. La plainte sud-africaine mélange des conflits armés, des occupations militaires et des différends territoriaux, simplifiant un conflit multidimensionnel en une narrative univoque de domination planifiée dès 1947-1948. L’utilisation du terme « apartheid » pour qualifier la situation dès 1948 est anachronique. La Convention internationale sur l’élimination de l’apartheid date de 1973 et vise spécifiquement le système sud-africain de ségrégation raciale institutionnalisée. Appliquer ce terme à un conflit territorial impliquant des revendications concurrentes d’autodétermination (israélienne et palestinienne) est juridiquement et historiquement inapproprié.
2. Contexte historique : une omission délibérée
La plainte omet des faits clés qui contredisent l’idée d’une agression israélienne unilatérale :
1947-1948 : Le plan de partage de l’ONU (Résolution 181, 29 novembre 1947) est rejeté par les arabes et suivi d’attaques immédiates contre les communautés juives du Yishouv. Dès le 30 novembre 1947, un bus est attaqué à Lydda ; les 2-4 décembre, des émeutes éclatent à Jérusalem ; le 2 décembre, des violences arabes visent des Juifs à Haïfa. La première riposte juive causant des pertes arabes intervient le 12 décembre. Ces événements, antérieurs à la création d’Israël, soulignent que les hostilités ne sont pas bilatérales et les ripostes israéliennes parfois brutales (Deir Yassin, avril 1948) étaient une réponse défensive à une agression initiale claire connu sous le nom de la bataille des routes comme le confirment les archives historiques.
1956 (Crise de Suez) : Les incursions des fedayins depuis Gaza, alors sous contrôle égyptien, harcèlent Israël dès 1950. Le blocus du détroit de Tiran restreint la navigation israélienne. La politique antisémite de Nasser, son programme balistique et son alliance avec d’anciens experts nazis accentuent la menace contre Israël. Gaza, sous contrôle égyptien (1949-1967), est maintenue comme un territoire marginalisé, loin d’être un projet israélien ou même palestinien.
1967 (Guerre des Six Jours) : Reconnue par la majorité des historiens comme une guerre défensive, elle est provoquée par le blocus égyptien du détroit de Tiran considéré historiquement comme un acte de guerre, l'ultimatum égyptien du 16 mai (p.2, al.10), le déploiement de troupes égyptiennes dans le Sinaï, constituant un casus belli. Sans compter les attaques syriennes depuis le Golan (64-67).
1973 (Guerre du Kippour) : Une attaque surprise conjointe de l’Égypte et de la Syrie vise à déstabiliser Israël.
Accords de paix et retraits : Les accords de Camp David (1978) entraînent le retrait israélien du Sinaï. Les accords d’Oslo (1993-1995) visent une solution négociée. Le retrait unilatéral de Gaza en 2005, incluant le démantèlement des colonies, contredit l’idée d’une occupation expansionniste continue. Les accords d’Abraham (2020) normalisent les relations avec plusieurs États arabes, marquant une évolution diplomatique.
Ces étapes historiques rompent avec l’idée d’une politique israélienne cohérente et continue sur 75 ans. Les omettre revient à construire un récit idéologique plutôt qu’un dossier juridique rigoureux.
3. Le choix biaisé de 1948
En prenant 1948 comme point de départ, la plainte s’aligne sur le narratif palestinien de la Nakba, occultant le plan de partage de l’ONU de 1947 et les premières agressions arabes entre 1920 et 1947. Ce choix réécrit l’histoire en ignorant le contexte de survie du Yishouv face à des attaques arabes dès 1947. Présenter la Nakba comme le point de départ exclusif du conflit est un biais révisionniste qui élude la responsabilité des acteurs arabes dans l’escalade des violences. De plus la Nakba est une fabrication sémantique axée sur une propagande victimaire consistant à transformer un événement récurrent dans un conflit armé en une catastrophe hors norme, tout en occultant les responsabilités arabes initiales. Voir les historiens Benny Morris, Efraim Karsh, Anita Shapira, Mordechai Bar-On, Daniel Pipes, David Mer-Levi, Yoav Gelber, Itamar Rabinovich, Martin Gilbert, Mitch K. Bard, Ruth Wisse, Howard Sachar, Walter Laqueur ou Shabtai Teveth soutenant cette analyse. Cette fabrication sémantique a pour origine Edward Saïd et Rashid Khalidi qui ont détourné le sens originel du concept de Nakba introduit par le syrien Constantin Zureiq en 1948. Au départ, il s'agissait d'une catastrophe nationale arabe incluant la défaite militaire des nations arabes, la désorganisation politique du monde arabe et le drame des réfugiés palestiniens. Elle pointait une responsabilité arabe, pas seulement une accusation victimaire dirigée contre Israël. Dans les années 1990, les deux historiens américains d'origine palestinienne ont transformé cela en colonisation sioniste et victimisation palestinienne. Or le propos originel de Constantin Zureiq n'était ni une critique du colonialisme ni une victimisation palestinienne.
4. Le terrorisme palestinien : une omission significative
La plainte passe sous silence la menace sécuritaire posée par le terrorisme palestinien, impliquant des groupes comme l’OLP, le Fatah, le Hezbollah, le Hamas ou encore Abu Nidal. Ces acteurs ont mené des attaques contre des civils israéliens sur le sol israélien et même hors sol israélien, influençant la politique sécuritaire d’Israël. Nier à Israël le droit à la légitime défense, reconnu par le droit international même contre des acteurs non étatiques comme le Hamas, est juridiquement partial.
5. Incohérence juridique
La Cour internationale de justice (CIJ) a pour mandat de juger des faits précis et actuels, notamment en matière de génocide, et non de réécrire 75 ans d’histoire. La qualification de « génocide » exige une intention spécifique de détruire un groupe, ce que la plainte ne démontre pas de manière convaincante pour l’ensemble de la période 1948-2023. En amalgamant des événements disparates, elle échoue à établir une base juridique solide.
Conclusion sur le continuum historique de la plainte
La plainte sud-africaine repose sur une lecture sélective et anachronique de l’histoire, ignorant les ruptures, les accords de paix, les contextes de guerre défensive et les menaces terroristes. En simplifiant un conflit territorial complexe en une narrative de domination raciale, elle sacrifie la rigueur historique et juridique à une approche idéologique. Pour la CIJ, juger un prétendu génocide nécessite des preuves concrètes et actuelles, non une réécriture rétroactive de 75 ans d’histoire.
Critiques anti-Israël
La guerre est intrinsèquement un crime, une horreur qui sème la mort, la désolation, la famine, la destruction. Bien souvent, le seul moyen d'y survivre et d'y échapper est la fuite vers des lieux où il est possible de trouver la paix et la sécurité. La réponse d'Israël à l'agression du 7 octobre est violente, inexorable et par certains aspects condamnable. Cependant, nul ne peut nier les intentions du Hamas et les intentions passées des voisins arabes et palestiniens. Et nul ne peut dénier le droit de légitime défense à Israël comme à toute autre nation face à des agressions armées. En ce sens, la partialité de la plainte sud-africaine est notable puisque toutes les actions d'Israël sont interprétées comme des violations de droit, ne lui accordant aucun droit de légitime défense.
Voici mon analyse critique de la stigmatisent d’Israël à la fois dans la plainte sud-africaine et plus couramment dans le discours sur le conflit israélo-palestinien.
- La Nakba et l’exode juif : une narration déséquilibréeLe récit dominant évoque fréquemment la Nakba de 1948, présentée comme un déplacement forcé des Palestiniens lors de la guerre d’indépendance d’Israël. Comme dans tout conflit, les guerres territoriales entraînent des déplacements massifs (700.000) et la Nakba n'échappe pas à cette règle. Cependant, ce discours omet systématiquement le second exode, celui des populations juives chassées des pays arabes voisins, souvent dans des contextes où ces pays n’étaient pas directement en guerre avec Israël. Cet exode, qui a concerné près de 850 000 Juifs entre 1948 et les années 1970, est rarement mentionné, créant un déséquilibre narratif qui occulte une partie essentielle de l’histoire régionale.
- Le retrait de Gaza et la persistance du terme « occupation »Depuis le retrait unilatéral d’Israël de la bande de Gaza en 2005, qui a inclus le démantèlement de toutes les colonies et le retrait des forces militaires, le terme « occupation » continue d’être utilisé pour décrire la situation. Pourtant, Gaza est sous le contrôle effectif du Hamas, qui y exerce une autorité politique et militaire totale depuis 2007. Les attaques répétées lancées depuis Gaza, notamment les tirs de roquettes et les incursions, démontrent que ce territoire fonctionne comme une entité hostile et indépendante, et non comme un territoire occupé par Israël. Cette terminologie est donc détachée de la réalité sur le terrain.
- Contexte stratégique : une analyse biaisée des actions militairesLa stratégie militaire israélienne est souvent critiquée sans tenir compte des contraintes spécifiques auxquelles l’État fait face :
Géographie et démographie : Avec une superficie réduite et une densité de population élevée à Gaza (environ 5 500 habitants/km²), les opérations militaires sont complexes. Près de 47 % de la population de Gaza est mineure, ce qui augmente le risque de victimes collatérales mineures dans un contexte de guerre urbaine.
Stratégie du Hamas : Contrairement à une armée conventionnelle, le Hamas n’opère pas depuis des bases militaires clairement identifiables. Il utilise des infrastructures civiles (écoles, hôpitaux, mosquées) pour stocker des armes, abriter des combattants, établir des centres de commandement ou détenir des otages. Le réseau de tunnels, longtemps nié mais désormais documenté, complexifie encore les opérations militaires. Cette tactique, qui consiste à se fondre dans la population civile, accroît les risques de pertes civiles, utilisées ensuite à des fins de propagande.
Qualifier ces actions de « résistance » pose question lorsque les cibles du Hamas incluent quasi systématiquement des civils israéliens, contrairement à des objectifs militaires, et que ses propres civils sont instrumentalisés pour maximiser les dommages collatéraux et intrinsèquement alimenter la propagande du Hamas.
- Une histoire d’asymétrie ancienneLe conflit à Gaza ne date pas de 1967 ni de 2023. Dès les années 1950, les incursions des Fedayin, soutenus et organisés par l’Égypte, illustraient déjà un conflit asymétrique. Ces groupes n’étaient pas une « résistance spontanée », mais une force encadrée par un État, visant à déstabiliser Israël. Cette dimension historique est souvent absente des récits contemporains.
- Exploitation des chiffres et biais émotionnelsLes chiffres des victimes et les tonnages de bombardements sont fréquemment cités sans contextualisation. La densité de population, l’absence d’abris à Gaza, et la démographie (47 % de mineurs) amplifient mécaniquement le nombre de victimes civiles lors des frappes. Présenter ces chiffres sans mentionner ces facteurs, ou sans évoquer l’utilisation par le Hamas de civils comme boucliers humains, fausse la perception du conflit et dilue les responsabilités aux seuls israéliens. De même, l’emploi de termes comme « camp de concentration » pour décrire Gaza invoque une imagerie associée à la Shoah, créant un biais émotionnel qui obscurcit le débat.
- La guerre des récits et de la propagandeLe conflit israélo-palestinien est aussi une guerre de l’image, où la propagande joue un rôle central. Les images d’enfants ou de civils en souffrance, souvent relayées par des médias internationaux, servent à façonner une narrative unilatérale. Les groupes pro-palestiniens ont été pionniers dans l’utilisation des réseaux sociaux pour diffuser ces images, tandis qu’Israël, souvent en position réactive, peine à contrer cette offensive médiatique.
- Le blocus : une mesure sécuritaireLe blocus imposé par Israël et l’Égypte sur Gaza répond à des impératifs sécuritaires, visant à empêcher l’importation d’armes par le Hamas. Ce dernier a démontré à plusieurs reprises son intention d’utiliser tout matériel disponible pour des actions hostiles. Ce contexte est rarement mentionné dans les critiques du blocus, qui se concentrent sur ses conséquences humanitaires sans aborder ses causes.
- Le cadre juridique des territoires : une sémantique contestéeLa qualification d’« occupation » appliquée aux territoires palestiniens relève d’une simplification juridique contestable. La Résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée le 22 novembre 1967 à la suite de la guerre des Six Jours, n’exige pas un retrait total et immédiat d’Israël des territoires conquis (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est, plateau du Golan). L’omission délibérée de l’article défini « the » dans la formule anglaise « withdrawal from territories », comme l’ont explicité Lord Caradon, rédacteur principal de la résolution (interview au Times, 1970), et Arthur Goldberg, ambassadeur des États-Unis à l’ONU, vise à préserver la possibilité de négociations pour établir des « frontières sûres et reconnues ». Cette nuance, fondamentale en droit international, est systématiquement occultée par les critiques d’Israël. En plus des justifications éclairantes des rédacteurs de la résolution 242, soulignons que la version anglaise de la résolution prime sur toutes les autres langues en cas d'ambiguïté.De 1948 à 1967, la Cisjordanie, annexée illégalement par la Jordanie, et la bande de Gaza, administrée militairement par l’Égypte, n’ont suscité aucune condamnation significative de l’ONU ou de la communauté internationale. Pourtant, lorsque Israël, victorieux d’une guerre défensive en 1967, provoquée par le blocus égyptien du détroit de Tiran et le déploiement de troupes dans le Sinaï, prend le contrôle de ces territoires, les termes « occupation » et « colonisation » fleurissent, portés par un lobbying arabe efficace et des résolutions onusiennes partiales, telle la Résolution 2334 (2016), qui condamne les implantations israéliennes. Ces implantations, abritant environ 700.000 résidents en Cisjordanie en 2025, procèdent d’une conquête défensive, et non d’un projet colonial au sens historique du terme. En effet, ces territoires disputés n'appartenaient à aucun état souverain en 1967. Le vocable « colonisation », prisé par les militants, constitue une caricature visant à délégitimer Israël en l’assimilant aux empires coloniaux européens. Quant à l’« occupation », ce terme juridique, souvent galvaudé, perd de sa pertinence face aux efforts israéliens pour une solution négociée : les accords d’Oslo (1993-1995) ont offert une autonomie sans précédent aux Palestiniens, sabordée par leur refus réitéré et par la recrudescence du terrorisme, notamment les attentats du Hamas (1994-1996, plus de 60 morts civils). D'autres offres de paix ambitieuses pour les palestiniens furent refusées par Yasser Arafat puis Mahmoud Abbas (Camp David 2000 et Olmert 2008) ne permettant pas de trouver une issue diplomatique à ces territoires disputés.
Conclusion
La plainte de l'Afrique du Sud est un instrument redoutable de propagande contre Israël. Mais ces multiples accusations visant Israël ne datent pas d'aujourd'hui, c'est un remake des années 1967 à 1982 qui furent leur point culminant. Israel était un état génocidaire, nazi, raciste, pratiquant l'apartheid et le colonialisme. C'était la réponse des arabes à leurs humiliations militaires successives en 1967 et 1973. Ils ne leur restaient plus que la propagande via l'ONU pour tenter d'isoler Israël sur la scène internationale mais ce sera le sujet d'un prochain article.
Frank D.
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