Le Génocide de Srebrenica comme Instrument des Pro-Palestiniens : Une Analyse Critique

Les guerres qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie entre 1991 et 1999, souvent qualifiées de "guerres balkaniques" ou de "désintégration de la Yougoslavie", ont causé environ 140 000 morts, des millions de déplacés et des crimes de masse systématiques. Ces conflits, survenus dans le sillage de la fin de la Guerre froide, ont opposé les républiques sécessionnistes (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine et plus tard Kosovo) à la Serbie dominée par Slobodan Milosevic, perçu comme pro-russe et nationaliste. À l'époque, l'Occident (États-Unis, Union européenne, OTAN) a adopté une posture de "complicité passive" initiale, marquée par une hésitation à intervenir militairement, motivée par le désir de contenir l'influence russe sans risquer une escalade. Ce n'est qu'en 1995 (Bosnie) et 1999 (Kosovo) que l'OTAN est intervenue, transformant les Balkans en zone stratégique pour l'Alliance atlantique. Ces guerres ont été marquées par des nettoyages ethniques mutuels, mais les crimes croates ont souvent été perçus comme d'une ampleur moindre et moins médiatisés que ceux serbes, alimentant des accusations de "justice sélective" au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Contexte Historique et Géopolitique : Post-Guerre Froide et Containment de la Russie

La désintégration de la Yougoslavie s'inscrit dans la fin de la bipolarité est-ouest. Tito, mort en 1980, avait maintenu une unité fragile grâce à une politique de non-alignement entre l'URSS et l'Occident. La chute du Mur de Berlin en 1989, a ravivé les nationalismes : la Slovénie et la Croatie, soutenues par l'Allemagne et l'Occident, proclament leur indépendance en 1991, provoquant des guerres brèves (Slovénie) ou sanglantes (Croatie). Milosevic, président serbe depuis 1989, s'oppose à ces sécessions, invoquant l'unité serbe et craignant un "nouveau Jasenovac", référence au camp de concentration oustachi (1941-1945) où environ 80 000 à 100 000 Serbes, Juifs et Roms ont été exterminés, un traumatisme collectif serbe comparable à la Shoah pour les Juifs.

L'Occident, initialement passif, adopte une politique de containment : sanctions économiques contre la Serbie, reconnaissance rapide des indépendances slovène et croate en 1992, mais hésitation avec la Bosnie pour éviter une intervention humanitaire massive, comme au Rwanda en 1994. Cette passivité est critiquée comme une "complicité" : l'ONU déploie 38 000 Casques bleus (UNPROFOR) sous-équipés, tandis que la Russie, affaiblie par l'effondrement soviétique, soutient diplomatiquement Milosevic sans intervention militaire. Les guerres visent à "contenir" la Russie via l'affaiblissement serbe et l'expansion de l'OTAN dans les Balkans, comme en témoigne l'intervention de l'OTAN au Kosovo en 1999 sans mandat ONU explicite.

Dynamiques Éthniques et Traumatismes Collectifs : Jasenovac et la "Répétition de 1941"

Pour les Serbes, les guerres des années 1990 évoquent 1941 : invasion nazie, création de l'État indépendant de Croatie oustachi, et massacres à Jasenovac ("Auschwitz des Balkans", 45 000/52 000 Serbes tués). Ce traumatisme alimente la peur d'un "nouveau Jasenovac", justifiant pour les nationalistes serbes le nettoyage ethnique comme "défense préventive". Des paramilitaires serbes (ex. : Tigres d'Arkan) commettent des atrocités, mais le discours serbe minimise ces crimes en les relativisant face à l'histoire. Une frange Serbe vise la Grande Serbie. 

Côté Croate, l'armée Croate (HV) et la milice Bosno-Croate (HVO) intègrent des groupes paramilitaires se réclamant des Oustachis. Franjo Tuđman, président Croate (1990-1999), minimise les crimes oustachis dans ses écrits et vise une "Grande Croatie" incluant des territoires bosniaques.

Les crimes Serbes dominent (90 % selon rapport ONU Bassiouni, 1993), avec nettoyages ethniques systématiques (ex. : Omarska, 3 000 détenus torturés). Cependant, les crimes Croates, d'ampleur moindre mais massifs, sont moins jugés : impression de "justice sélective" au TPIY (90 Serbes condamnés vs. 17 Croates). L'Occident, après sa passivité au Rwanda, utilise Srebrenica pour se donner un rôle moral et rendre sa cohérence au droit international, en "sauvant la face".

En Europe, les gouvernements – surtout les Pays-Bas, la France et le Royaume-Uni – étaient sous pression car leurs Casques bleus avaient échoué : les forces néerlandaises laissent faire les Serbes, provoquant un scandale international. Reconnaître un génocide permettait de transformer leur impuissance en acte de mémoire et de repentance. Les images de cadavres dans les fosses communes ont choqué l’opinion publique, amplifiant cette dynamique.

Débats sur la Qualification de "Génocide" : Juridique vs. Historique, et Inflation du Terme

Le TPIY (1993) et la CIJ (2007) qualifient Srebrenica de génocide (intention de détruire "en partie" un groupe ethnique), avec environ 8 000 musulmans bosniaques tués. Les forces serbes de Ratko Mladić prennent l’enclave de Srebrenica (zone "protégée" par l’ONU), et l’ONU est accusée d’inaction. L’OTAN, elle, reste en retrait initialement. Cependant, il n'y a pas de consensus historique, pour de nombreux historiens, il s'agit d'un "massacre de masse" ou d'un crime contre l'humanité, non d'un génocide "global" comme la Shoah (6 millions de Juifs) ou le Rwanda (800 000 morts). L'intention n'était pas l'extermination totale des Bosniaques, mais un "nettoyage" territorial serbe – une stratégie militaire et politique pour vider une zone et créer une continuité territoriale serbe. Contrairement au Rwanda ou à la Shoah, il n’y avait pas de projet d’exterminer tous les Bosniaques musulmans. Pour beaucoup d’historiens et politologues, la notion reste discutable car l’intention n’était pas d’anéantir tout un peuple. Beaucoup d’historiens préfèrent garder une hiérarchie historique : Srebrenica relève de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, mais "génocide" serait une exagération. Des juristes (même au TPIY) auraient préféré s’en tenir à "crimes contre l'humanité" ou "nettoyage ethnique", estimant que l’intention d’extermination d’un peuple entier n’était pas prouvée. Srebrenica est un cas limite car l'intention est prouvée pour une enclave (donc "en partie"), mais pas pour l’ensemble du peuple bosniaque d’où les débats et les critiques.

Les critiques parlent de "génocide dilué", rendant le terme trop flexible, risquant une "inflation" et générant des inégalités de traitement. Si Srebrenica (8 000 morts) est un génocide alors Al-Anfal, Falloujah, Gaza, Yémen, Syrie ou Ukraine le sont également. Le terme devient un "outil diplomatique" plus qu'un concept juridique. Chaque fois qu’un conflit éclate, le mot "génocide" jaillit comme pour témoigner de l'impuissance du droit international à prévenir et limiter les conflits. Il sauve la face de l’ONU en montrant qu’il s’agissait d’un crime "extrême" quasiment inévitable : un génocide. Pire, il crée potentiellement un précédent pour justifier de futures interventions militaires en cas de risque de génocide. Cette jurisprudence ouvre la porte à une utilisation expansive et politique du mot "génocide". L’affaiblissement du droit pénal international : si tout devient génocide, plus rien ne l’est vraiment ; la gravité unique du crime se dilue. D’autres rappellent que cela peut devenir une arme rhétorique : un État accusé de génocide est placé au rang des nazis, ce qui ferme la porte au dialogue. Si un massacre de 8 000 personnes est qualifié de génocide, alors toute opération de nettoyage ethnique, même locale et limitée, peut entrer dans cette catégorie. On perd la spécificité historique de la Shoah ou du Rwanda, qui étaient des entreprises d’anéantissement à l’échelle d’un peuple entier. La justice internationale paraît sélective et donc décrédibilisée.

Opération Tempête (1995) 

L'Opération Tempête (4 au 7 août 1995) orchestrée par les croates a entraîné l'expulsion de 150 000 à 200 000 Serbes de Krajina, avec 150 à 600 civils tués et des villages brûlés. Au total, la guerre de Bosnie a causé environ 100 000 morts, incluant le siège de Sarajevo (environ 10 000 civils tués) et Srebrenica (8 000 Bosniaques massacrés). Le contexte de Gaza présente plus de similitudes avec le siège de Sarajevo (blocus prolongé, bombardements civils) qu'avec Srebrenica (massacre ciblé). Des pays comme la Turquie, l'Iran, l'Arabie saoudite, le Pakistan et la Malaisie ont amplifié la rhétorique génocidaire contre la Serbie, exerçant une pression diplomatique. En 1995, un tournant majeur s'impose avec l'engagement renforcé des États-Unis, aboutissant à l'Accord de Dayton. Le fossé en termes de victimes humaines entre le massacre de Srebrenica, le génocide arménien et la Shoah est absolument vertigineux. Il est à souligner que la Turquie, qui depuis les années 2000 accuse Israël de commettre un génocide, n'a toujours pas admis le génocide arménien, dont elle est tenue pour responsable au niveau international.

Héritage : Faiblesses du Droit International et Leçons pour Aujourd'hui

Les conflits yougoslaves ont établi un précédent en permettant à l'OTAN d'intervenir au Kosovo en 1999 sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, contournant ainsi les mécanismes multilatéraux traditionnels. Par la suite, les États-Unis y ont implanté la base militaire de Bondsteel, officiellement pour consolider la stabilité dans les Balkans, mais aussi pour contrer l'influence russe dans la région. Ce faisant, le droit international s'est mué en un outil stratégique au service de l'OTAN, au détriment d'une application impartiale et universelle. Les Serbes, appuyés par la Russie, contestent encore farouchement les condamnations liées à Srebrenica, perpétuant un sentiment d'injustice qui freine la réconciliation entre les communautés et sape les fondements d'une paix durable. La justice internationale, dans ce contexte, apparaît souvent comme biaisée et affaiblie, minant sa crédibilité globale. La qualification de génocide à Srebrenica relève d'un juridisme rigoureux et formel, ancré dans des critères légaux précis, mais elle n'a pas donné lieu à un accord politique ou historique partagé, ce qui entretient les débats et les clivages profonds. 

Conclusion

Cette analyse critique révèle comment Srebrenica est instrumentalisé par les pro-palestiniens pour dénoncer un génocide commis par Israël, en occultant les subtilités historiques – notamment la relativisation des exactions serbes au prisme des traumatismes ancestraux comme Jasenovac – et en masquant les hypocrisies géopolitiques sous-jacentes. Le choix de Sarajevo, génocide controversé, aux dépends de celui de la Shoah, du Rwanda ou des Arméniens en dit long sur la stratégie de communication émotionnelle au détriment de la profondeur historique. 

À l'inverse, le siège de Sarajevo partage de multiples similitudes avec la situation à Gaza – blocus prolongé, punition collective des civils, bombardements –, contrairement au massacre ciblé et localisé de Srebrenica, qui ne cadre pas avec ce modèle de strangulation urbaine. En revanche, la comparaison s'arrête ici car l'intensité démographique ou la protection civile fait de Gaza un piège bien plus impitoyable que Sarajevo. 

Les faiblesses structurelles du concept de génocide, tel que défini par la Convention des Nations unies de 1948, tiennent à l'absence d'un seuil chiffré explicite – comme un ratio minimal de victimes par rapport à la population du groupe ciblé – et à l'ambiguïté de la formule "en tout ou en partie", qui permet une interprétation flexible de l'ampleur de la destruction. À cela s'ajoute l'éventail des critères constitutifs (meurtres, atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale, imposition de conditions de vie destructrices, entraves aux naissances, transferts forcés d'enfants), qui n'exigent pas d'être concomitants ou cumulés : un seul suffit, pourvu que l'intention spécifique de détruire le groupe "en tant que tel" soit prouvée. Cette souplesse, issue des négociations diplomatiques de l'époque, rend le terme vulnérable à une application sélective et à une inflation rhétorique, favorisant des débats interminables sur la preuve de l'intention et l'échelle des actes.

Pourtant, la matrice idéologique du génocide reste indéniablement la Shoah, qui cumule exhaustivement tous ces critères – de l'extermination physique systématique à la destruction biologique et culturelle – tout en atteignant une ampleur inégalée : environ 6 millions de Juifs tués, soit les deux tiers des Juifs d'Europe, dans un projet industrialisé et motivé par un délire raciste purificateur. 

Contrairement à cette référence paradigmatique, où l'intention globale d'anéantissement transcende les faiblesses définitionnelles, les cas ultérieurs (comme Srebrenica ou les accusations à Gaza) soulignent comment l'absence de seuils clairs peut diluer la gravité unique de l'Holocauste, transformant le concept en outil diplomatique plus qu'en instrument de justice absolue.


Frank D. 

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