L'Escalade Israélienne contre l'Axe de la Résistance : De la Chute d'Assad à la Décapitation des Houthis (2023-2025)
Depuis l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de près de 1 200 Israéliens et l'enlèvement de 250 otages, le conflit s'est rapidement étendu au-delà de Gaza. Israël a lancé une série d'opérations militaires contre ce qu'il qualifie d'"axe de la résistance" – un réseau d'alliés soutenus par l'Iran, incluant le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen, le Hamas à Gaza, la Syrie d'Assad et d'autres groupes. Ces actions, souvent justifiées par Israël comme des mesures de légitime défense contre des menaces imminentes, ont visé des cibles en Iran, au Liban, au Qatar et au Yémen. Entre octobre 2023 et septembre 2025, ces frappes ont causé des milliers de morts, des déplacements massifs de populations et une escalade régionale sans précédent, menaçant la stabilité du Moyen-Orient. Cet article explore ces agressions, en se basant sur des événements documentés, et met en lumière leur impact sur l'"axe de la résistance".
Le Rôle d'Israël dans le Changement de Régime Syrien
Israël n'a pas directement provoqué la chute d'Assad – celle-ci résulte principalement de dynamiques internes syriennes –, mais son rôle a été décisif dans l'affaiblissement préalable du régime et dans la sécurisation post-chute de ses intérêts. Tel-Aviv considérait Assad comme un allié de l'Iran et du Hezbollah, menaçant sa frontière nord via le Golan. Avant la chute d'Assad, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie contre des cibles iraniennes et du Hezbollah, y compris l'assassinat de Zahedi. L'assassinat de Mohammad Reza Zahedi par Israël en avril 2024 a été un catalyseur dans l'érosion du régime Assad, en isolant l'Iran et en exposant les vulnérabilités syriennes. Ces opérations ont neutralisé des infrastructures militaires syriennes, affaiblissant la capacité de Damas à soutenir Téhéran.
Immédiatement après le 8 décembre 2024, faisant suite à l'évacuation d'Assad, Israël a lancé une offensive massive : près de 480 frappes aériennes en trois jours contre des dépôts d'armes chimiques, des systèmes de défense antiaérienne (85 % détruits), des bases aériennes (MiG-29 anéantis) et la marine syrienne. L'armée israélienne a envahi la zone démilitarisée du Golan (accord de 1974), établissant sept bases fortifiées du mont Hermon à Quneitra, justifiant cela par la création d'une "zone tampon" contre les menaces djihadistes.
Ces actions ont été condamnées par l'ONU comme des violations du droit international, risquant une fragmentation accrue de la Syrie (rappelant le mandat français des années 1920). Israël argue d'une nécessité sécuritaire, craignant un vide exploité par des groupes comme HTS ou des résidus du Hezbollah. Human Rights Watch a documenté des frappes causant des pertes civiles et bloquant le retour de réfugiés du Golan. Bien que les frappes aériennes israéliennes aient visé des objectifs militaires proches de zones résidentielles, entraînant des dommages collatéraux, ceux-ci sont restés limités par rapport au nombre total de frappes effectuées sur trois jours.
Attaques contre l'Iran : Ciblage du Hezbollah et du Programme Nucléaire
La république islamique d'Iran, principal bailleur de fonds de l'"axe de la résistance", a été au cœur des frappes israéliennes, motivées par le soutien de Téhéran au Hezbollah et par les craintes d'un programme nucléaire imminent. Dès avril 2024, après l'assassinat d'un commandant iranien en Syrie, l'Iran a lancé une première attaque directe sur Israël avec plus de 300 drones et missiles. Israël a riposté par des frappes limitées sur des radars iraniens.
L'escalade a culminé en octobre 2024, lorsque l'Iran a tiré environ 200 missiles balistiques sur Israël en représailles aux assassinats du leader du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran (juillet 2024), du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et d'un général des Gardiens de la Révolution à Beyrouth (septembre 2024). Puis, Israël a répondu par trois vagues de frappes sur des sites de production de missiles solides en Iran, retardant le programme balistique iranien d'au moins un an en détruisant des équipements importés de Chine.
Le point culminant a eu lieu en juin 2025 : le 13 juin, Israël a lancé l'opération "Rising Lion", une attaque massive avec plus de 200 avions de chasse et 330 munitions sur une centaine de cibles, incluant des installations nucléaires comme Natanz et Fordow, des bases militaires et des commandants clés. Israël justifiait ces frappes par une menace nucléaire imminente, malgré des rapports américains indiquant que l'Iran n'était pas en train de construire une arme nucléaire. Pourtant, le niveau d'enrichissement était largement supérieur à la normale, environ 20 fois supérieur aux 3-5% nécessaires pour une centrale électrique.
Les États-Unis ont rejoint l'offensive le 22 juin en frappant trois sites nucléaires iraniens, provoquant une riposte iranienne contre une base américaine au Qatar. Un cessez-le-feu a été signé le 24 juin, mais pas avant que 1 062 Iraniens ne soient tués, dont de nombreux leaders militaires et scientifiques. Sur les 1 062 victimes iraniennes, 862 étaient des cibles militaires et 200 victimes étaient des civils liés à des dommages collatéraux. Le bilan des victimes côté israélien est de 8 civils morts grâce à l'interception de 86% des 525 missiles et 1 000 drones suicides lancés par l'Iran.
Ces attaques ont affaibli la dissuasion iranienne, isolant Téhéran et démontrant la supériorité technologique israélienne, mais elles ont aussi risqué d'impliquer les États-Unis dans un conflit plus large.
Attaques contre le Liban : Guerre Totale contre le Hezbollah
Le Hezbollah, allié chiite de l'Iran, a ouvert un front nord contre Israël dès le 8 octobre 2023, en tirant des roquettes en solidarité avec le Hamas. Entre octobre 2023 et septembre 2024, plus de 10 200 échanges transfrontaliers ont eu lieu, avec Israël lançant 8 300 attaques et le Hezbollah 1 900. Ces affrontements ont déplacé 80 000 Israéliens du nord et 75 000 Libanais du sud.
L'escalade a commencé en septembre 2024 avec l'opération "Northern Arrows". Les 17 et 18 septembre, Israël a fait exploser des milliers de pagers et talkies-walkies utilisés par le Hezbollah, tuant 42 personnes et blessant 3 500. Le 27 septembre, une frappe aérienne a assassiné Hassan Nasrallah à Beyrouth, tuant 33 personnes au total. Le 1er octobre, Israël envahissait le sud du Liban.
Un cessez-le-feu a été signé le 27 novembre 2024 sous l'égide de l'ONU (résolution 1701), exigeant le retrait israélien d'ici janvier 2025 et le désarmement du Hezbollah au sud du Litani. Cependant, Israël a maintenu des positions et continué des frappes sporadiques en 2025, y compris en septembre contre des entrepôts d'armes de la force Radwan d'élite du Hezbollah. Au total, plus de 4 000 Libanais ont été tués depuis octobre 2023.
Attaques contre le Qatar : Frappes sur les Négociateurs du Hamas
Le Qatar, hôte du bureau politique du Hamas depuis 2012 et médiateur clé dans les négociations de cessez-le-feu, a été ciblé pour la première fois le 9 septembre 2025. Israël a lancé dix missiles sur un complexe résidentiel à Doha, visant des leaders du Hamas en pleine réunion sur une proposition américaine de trêve à Gaza. La frappe a tué cinq membres du Hamas, dont le fils de Khalil al-Hayya (négociateur en chef), un agent de sécurité qatari et quatre autres associés, blessant des civils.
Israël a justifié l'attaque comme une vengeance pour l'attaque du 7 octobre 2023 et une frustration face aux négociations stagnantes, visant des figures impliquées dans le massacre. Le Premier ministre Netanyahu l'a qualifiée de "pleinement justifiée". Le Qatar a condamné l'attaque comme une violation du droit international, menaçant des poursuites contre Netanyahu. Cette frappe a sapé les efforts diplomatiques qataris, qui avaient déjà abouti à deux cessez-le-feu en 2023 et 2025, et risque de mettre en péril la vie des otages restants à Gaza.
Le Qatar, petit émirat gazier aux ambitions géopolitiques, joue un double jeu en se posant en médiateur neutre tout en soutenant des mouvements islamistes. Depuis 2012, il héberge le bureau politique du Hamas, versant environ 1,8 milliard de dollars à Gaza, dont une partie a potentiellement financé des activités militaires, facilitant indirectement l'attaque du 7 octobre 2023. Le Qatar a aussi abrité Yusuf al-Qaradawi, figure des Frères musulmans prônant le jihad anti-israélien, et soutenu financièrement Tariq Ramadan, promoteur de l'islam politique en Europe. Bien que des liens historiques avec des financiers d'Al-Qaïda existent, les accusations de soutien direct à ce groupe ou aux Houthis restent non prouvées. À travers Al Jazeera et des investissements massifs en Occident, le Qatar masque ses sympathies islamistes sous une façade de diplomatie et d'humanisme, maintenant une influence controversée au Moyen-Orient et au-delà.
Attaques contre le Yémen : Ciblage des Houthis et Allégations sur AQAP
Les Houthis, soutenus par l'Iran, ont lancé plus de 100 attaques contre des navires en mer Rouge et des missiles sur Israël depuis novembre 2023, en solidarité avec Gaza, perturbant plus de la moitié du commerce maritime mondial. Israël a riposté dès juillet 2024 par sa première frappe sur le port de Hodeidah.
En mai 2025, après un missile balistique touchant près de l'aéroport Ben Gourion, Israël a détruit l'aéroport international de Sanaa et neuf autres cibles, tuant des civils. En juin, la marine israélienne a frappé des ports houthis. L'escalade a culminé en août-septembre 2025 : le 28 août, l'opération "Lucky Drop" a tué le Premier ministre houthi Ahmed al-Rahawi, neuf ministres et le chef d'état-major lors d'une réunion à Sanaa. Le 10 septembre, des frappes sur des camps militaires, un QG de propagande et un dépôt de carburant ont tué 35 personnes et blessé 131, dont 31 journalistes dans un complexe de presse – la plus meurtrière contre des médias en 16 ans. Le 16 septembre, 12 frappes sur Hodeidah ont visé des infrastructures "utilisées pour importer des armes iraniennes".
Bien que les attaques israéliennes se concentrent sur les Houthis, des allégations persistent sur des liens avec Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQAP), actif au Yémen du sud. AQAP a mené des attaques en 2023-2025 contre des forces anti-Houthi, utilisant des drones et IED (engin explosif improvisé), mais Israël n'a pas revendiqué de frappes directes contre AQAP. Les Houthis et AQAP, bien que rivaux, partagent un front anti-israélien dans l'"axe de la résistance" élargi avec le Hamas et le Hezbollah. Le ministre israélien de la Défense Israel Katz a menacé les Houthis de "conséquences sévères", promettant des représailles continues.
Conclusion
Les agressions israéliennes de 2023 à 2025 ont transformé l'"axe de la résistance" en un champ de bataille régional, affaiblissant le Hezbollah (perte de leaders et arsenal), les Houthis (décapitation gouvernementale) et le Hamas (assassinats), tout en retardant le programme nucléaire iranien. Cependant, ces opérations ont causé des destructions massives, des violations alléguées du droit international et une escalade impliquant les États-Unis. Avec un cessez-le-feu fragile en Iran et au Liban, et des tensions persistantes au Yémen et au Qatar, la région risque une guerre plus large. Une diplomatie inclusive, impliquant l'ONU et des médiateurs comme le Qatar, reste essentielle pour briser ce cycle de violence.
Frank D.
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