Dossier Tariq Ramadan (19) : Justice 2.0, les SMS font la loi. Un an pour un demi-aveu.




Dossier Tariq Ramadan (17) : Hypocrisie, propagande, à quand les sanctions pénales ?

La seconde plaignante

Christelle fut dépeinte par la défense et les partisans de Tariq Ramadan comme une mythomane nécessitant une prise en charge psychologique. Son handicap fut remis en cause, faisant d'elle une simulatrice pendant que la sclérose de l'islamologue était instrumentalisée à profit.1 Christelle est handicapée depuis plusieurs années après avoir été percutée par une voiture, une blessure aggravée par une chute dans un escalier en 2008. Cela n'a pas été contesté par Tariq Ramadan mais clairement minimisé par son avocat. Il en est d'ailleurs fait mention dans le procès-verbal datant de sa garde à vue entre le 31 janvier et le 2 février 2018. Or il s'avère que Christelle n'est pas celle décrite par la défense, elle est intelligente, tenace, pugnace et très déterminée à aller jusqu'au bout de sa démarche.

Elle fut aussi pointée du doigt pour de supposées collusions avec des ennemis autoproclamés de l'islamologue comme Caroline Fourest, puis assimilée au RG ou proche de Nicolas Sarkozy voire de l'extrême droite. Autrement dit la théorie du complot dans toute sa splendeur, rien à voir avec l'absence d'un fait de viol ou d'agression sexuelle.

Les collusions du réseau servant les intérêts de la défense du présumé innocent sont en revanche bien plus faciles à dénoncer et à démontrer. En passant par la psychologue Fanny Bauer-Motti (Réveil Citoyen), le Muslim Post et le comité de soutien Free Tariq Ramadan, tous deux en relations avec Lotfi Bel Hadj. Jusqu'aux rassemblements quotidiens organisés devant le centre pénitencier de Fresnes puis diffusés via la chaîne GLOBE 777 sur Youtube. D'autres chaînes Youtube ont produit un contenu biaisé voire diffamatoire comme Annabiya, Break News TV, WAP STIT ou encore Mohamed le Magnifique. Cette dernière chaîne a mis délibérément la vie de Marie en danger en révélant ses données personnelles.

Le réseau Ramadan semble être une machine à fabriquer un martyr pour la cause frériste soutenue par les "authentiques croyants". Tous les opposants étant considérés comme des mécréants même s'ils sont musulmans.

Autre information notable, confirmée par les SMS de Christelle, la fille de Tariq Ramadan, précisément Maryam, était au courant depuis 2009 des turpitudes sexuelles de son père. Les 399 SMS de Christelle ont contraint Tariq Ramadan à reconnaître l'existence de leur relation sexuelle puis, acculé par sa perversion mise à nue, il reconnut également une relation sexuelle avec Henda Ayari ! 

Finalement le scénario décrit par Christelle était confirmé par les aveux tardifs du présumé innocent durant une audience, le 22 octobre 2018.2 Dorénavant seul le consentement est remis en cause puisque le fait majeur n'est plus contesté, à savoir la relation sexuelle avec violence.

Les soutiens du « prisonnier politique »

Les partisans de Tariq Ramadan continuent à militer pour une justice équitable et le respect de la présomption d'innocence de leur « prisonnier politique ». La ligne la plus dure du mouvement de soutien évoque toujours l'existence d'un complot et/ou le racisme d'Etat dont serait la cible le grand intellectuel des Frères musulmans. Avec une telle base de fidèles toujours prêt à le suivre aveuglément, nul doute qu'une fois sortie de prison, Tariq Ramadan pourra continuer certaines de ses activités sous une forme alternative.

L'utilisation du concept de « prisonnier politique » est malavisée, l'expression exacte pour épouser la description faite par les soutiens de Tariq Ramadan serait prisonnier d'opinion. Le prisonnier politique agit contre l'autorité de son propre pays tandis que le prisonnier d'opinion exprime simplement ses idées ou ses convictions. Mais Tariq Ramadan est détenu provisoirement pour de multiples viols, non pas à cause des truismes qu'il a partagé avec une partie des musulmans de France.

Le prisonnier d'opinion est une théorie du complot, celle des « ennemis de toujours ». En effet, certains faits étant trop anciens, mais pas d'autres, cela révéleraient d’une concertation dans le but de nuire au grand intellectuel musulman. 

L'important délai séparant certains faits, de la date du dépôt de plainte, n'est pas un argument permettant d'évaluer la crédibilité d'une accusation de viol. Sinon pourquoi la loi prévoit-elle un délai de 20 ans pour sanctionner les auteurs d'un crime de viol ? Sans doute qu'il n'est pas toujours aisé pour la victime d'entreprendre cette démarche consistant à réveiller un souvenir douloureux que l'on préférerait gommer définitivement de sa mémoire. Parfois les victimes n'ont pas conscience de ce qu'elles ont subies soit à cause du traumatisme soit à cause de l'emprise de leur violeur. Porter plainte pour viol contre une personne charismatique est d'autant plus délicat. Cela peut nécessiter un certain temps pour se convaincre qu'il est possible de faire condamner une personne jugée intouchable.

Enfin, sur la présomption d'innocence, c'est un concept juridique incarnée par la justice de droit commun, signifiant que la personne à qui l'on reproche une infraction est réputée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité soit légalement démontrée. Autrement dit un procès doit avoir lieu pour juger de la crédibilité d'une accusation afin que la justice détermine en son âme et conscience si le présumé innocent est coupable ou non. La présomption d'innocence n'a aucun lien avec le fait d'être détenu provisoirement en prison ou d'être maintenu en liberté dans l'attente du procès.

En l'occurrence, dans le dossier Ramadan, une instruction à charge et à décharge est actuellement en cours, la présomption d'innocence de l'accusé est bel et bien respectée par la justice française. Après la première plainte, le présumé innocent est resté libre du 20 octobre 2017 jusqu'à sa double mise en examen le 2 février 2018. Ceci sur la base d'indices graves et concordants. Dans le cadre de la troisième plainte instruite en France, il a été placé sous le statut de témoin assisté, preuve que les éléments à décharge sont pris en compte pour le présumé innocent puisqu'il a bénéficié de la réforme de la loi Guigou.3



Du côté des médias, le respect de la présomption d'innocence de Tariq Ramadan est du même acabit que celui offert à François Fillon lors de l'éclatement de l'affaire du « Pénélope Gate ». Actuellement Tariq Ramadan se trouve entre les mains de la justice française, il n'a été jugé ni coupable ni innocent puisque son dossier est en cours d'instruction. Sa présomption d'innocence est respectée. Il n'a pas été lynché par le peuple ou enlevé par des mercenaires puis torturé jusqu'à la mort. Non, la justice poursuit son travail. Concernant le respect du code éthique ou de la déontologie professionnelle, personne n'a de critique à formuler puisque les journalistes, Maître Marsigny et Fanny Bauer-Motti ont tous manqué à plusieurs reprises à leurs devoirs fondamentaux dévolus à leur fonction. Au point tel que même Maître Szpiner avait invité son confrère Marsigny a déposé plainte contre lui pour diffamation s'il l'estimait nécessaire.

Les soutiens de Tariq Ramadan critiquent le droit français et plus globalement la France mais ils se font plus discrets quand il s'agit de militer pour la non prescription du crime de viol ou du délit d'agression sexuelle. En effet cela ne serait pas profitable aux intérêts du « prisonnier politique ». La souffrance d'une victime ne se prescrit jamais alors que la loi offre une chance au bourreau d'échapper à ses responsabilités. Une telle réforme aurait permis aux premières présumées victimes de Tariq Ramadan de porter plainte pour les faits qui se sont déroulés aux collèges de Saussure et des Coudriers entre les années 1980 et 1990. Les quatre étudiantes suisses ont décrit une relation professeur/élève qui se caractérisait par une emprise psychologique liée au charisme du personnage et accentuée par la fonction d'autorité qu'il exerçait sur elle. Il s'agissait de corruption de mineures avec circonstance aggravée.4


Marsigny Show

Recruté par le comité de soutien dédié à la défense de Tariq Ramadan, Maître Marsigny est devenu un personnage médiatique central dans cette affaire et le porte voix des revirements de son client. Son dernier changement fait suite à un nouvel épisode judiciaire du dossier, l'expertise des SMS a produit un document de 82 pages. Un document résumé par un seul SMS, non daté, pour Maître Marsigny et les pro-Ramadan. Mais ces messages ont surtout révélé un fait fondamental qui a poussé Tariq Ramadan à reconnaître ce qu'il niait depuis un an : une relation sexuelle avec la seconde plaignante.

Le ton des messages envoyés par Tariq Ramadan durant le mois de septembre 2009 a considérablement changé au point que Christelle refusa préalablement de le rencontrer. Elle découvrit même que Tariq Ramadan serait violent auprès d'autres femmes. Mais l'islamologue arrivera à ses fins en faisant passer ces femmes pour des jalouses ou des mythomanes, membres de la clique qui cherche à le faire tomber. La suite nous la connaissons, leur rencontre se ponctua par une relation sexuelle avec de multiples violences dont certaines relèvent d'une perversité notable.

Concernant Henda Ayari, l'islamologue a finalement soulagé la première plaignante qui éprouvait des difficultés à retrouver une date et un lieu correspondant aux faits dont elle l'accusait. Celui-ci a en effet reconnu une relation sexuelle « consentie » avec elle à l'instar de Christelle. Là encore les échanges SMS entre madame Ayari et le présumé innocent sont utilisés par la défense pour accréditer la relation sexuelle « consentie ». Une chose est certaine, ces messages sont la preuve de la sexualité déviante de Tariq Ramadan, à la fois bercée par la domination et la violence.5

Sur BFMTV, dans l'émission « Grand Angle », le 22 octobre 2018, Maître Marsigny affirma encore que les SMS disculpaient son client, démontrant le consentement de ces relations sexuelles. Il a aussi reconnu que « monsieur Ramadan s'est défendu bêtement depuis le début ». Ou bien pouvons-nous considérer qu'il était dos au mur après que les pressions extérieures visant les plaignantes aient échoué à les faire flancher et ainsi les pousser à retirer leur plainte. C'est ainsi que ces deux inconnues devinrent reconnues aux yeux de Tariq Ramadan puis qu'un jeu de séduction virtuel s'avèra être une relation sexuelle « consentie ».

Sur CNews, le 23 octobre 2018,6 Marsigny a rejeté l'idée d'une quelconque emprise sur les plaignantes, jugeant cet argument comme une énième tentative de la partie civile d'incriminer à nouveau son client. Or l'évocation de l'emprise psychologique n'est pas un argument de dépit puisqu’il fut évoqué dès 2017.7 Antérieurement Majda Bernoussi évoqua aussi l'emprise de Tariq Ramadan à l'instar de toutes ses proies.

Maître Marsigny nia l'existence des pressions subies par les plaignantes, consécutives aux accusations émises à l'encontre de son client depuis fin 2017.8 Marie a pourtant été agressé à plusieurs reprises et contrainte de déménager après que son identité et son adresse furent révélées sur Youtube le 9 mars 2018, deux jours après sa plainte et son témoignage radiodiffusé sur Europe 1.9 Maître Marsigny l'ignore t-il ? Pourtant, à la fin du mois de mars 2018 Marie déposait une plainte contre X pour agression en incriminant explicitement Tariq Ramadan. Pendant ce temps-là, sur internet les insultes sont quotidiennes, pouvant pousser au suicide, une spirale qui ne s'arrête jamais. Mais Maître Marsigny ignore toutes les pressions subies par les plaignantes.

Sur France Info, le 23 octobre 2018, selon Maître Marsigny, Tariq Ramadan a menti pendant un an à cause de la pression médiatique et pour protéger sa famille. Or au mois de juin 2018 il reconnaissait officiellement avoir eu 5 relations extra-conjugales avec des femmes dont les noms figuraient dans le dossier d'instruction. Pourquoi avoir encore nié deux autres adultères puisqu'à ce moment il n'y avait plus rien à protéger en terme d'image médiatique ou familiale ? Était-ce le sado-masochisme de l'islamologue qui se manifestait, prenant plaisir à remuer le couteau dans la plaie ? Peut-être finira t-il par reconnaître aussi la plaignante suisse Brigitte ?

Sur France 5, dans l'émission « C l'hebdo », le 27 octobre 2018, lors de cet intervention télévisée, aux abois, Maître Marsigny semblait avoir une affaire personnelle à régler avec la seconde plaignante puisqu'il n'a pas respecté son anonymat. A plusieurs reprises il a prononcé son véritable nom comme il l'avait déjà fait quelques jours auparavant sur CNews ou encore sur France Info. Ce comportement est irresponsable, Maître Marsigny a mis délibérément la vie de Christelle en danger en révélant son identité à la télévision et à la radio. L'éthique professionnelle a semblé momentanément indisponible chez cet avocat, un comble pour celui qui se réclame du droit, à l'instar du diagnostic de la psychologue Fanny Bauer-Motti qui estime que Tariq Ramadan a un comportement sexuel normal.


N'est-ce-pas Maître Marsigny qui avait considéré que le cas de Christelle relevait de la psychiatrie ? Emmanuel Marsigny a aussi accusé la seconde plaignante de l'avoir menacé. Mais qui subit depuis plus d'un an, diverses pressions, intimidations et menaces, depuis le déclenchement de cette affaire ? Est-ce Maître Marsigny ou Christelle et les autres plaignantes ? Qui a déclaré avoir porté plainte contre Christelle peu avant son audience au mois de septembre 2018 ? Fanny Bauer-Motti. Et dans quel but inavouable ?


Pour Maître Marsigny le vrai rebondissement de cette affaire ce sont les textos et ces messages qui démontrent d'une manière incontestable que ces femmes ont menti.



Nouvelle défense de Tariq Ramadan

Le saint homme a finalement reconnu des relations sexuelles avec Christelle et Henda Ayari, celle qui fut aussi étiquetée mythomane par la propagande pro-ramadaniste.10 Le nouvel axe de la défense consiste, après avoir reconnu le fait matériel, à plaider le consentement mutuel. Un changement de stratégie incongru après avoir tergiversé pendant un an, niant le fait matériel, tout en dénigrant les plaignantes et leurs accusations. L'avocat de Tariq Ramadan s'appuie sur une infime quantité de messages échangés entre les protagonistes pour démontrer que le consentement est une réalité, en conséquence son client mérite d'être remis en liberté.11 Les messages à caractère sexuel et violent sont pour Maître Marsigny des jeux sexuels consentis.

Sur le consentement, il est l'expression verbale ou non verbale, d'un refus ou de l'acceptation d'un acte. Ce terme n'apparaît pas dans le code pénal concernant le chapitre des agressions sexuelles. Consentir au préliminaire d'un acte sexuel qui se déroule comme vous le souhaitez signifie t-il consentir tacitement à toutes les pratiques suivantes si elles vous font souffrir et que vous exprimez le désir d'arrêter ? Non, sinon il s'agirait au minimum d'un acte commis sous le coup de la contrainte et de la violence, autrement dit un viol.

Sur RTL dans l'émission animée par Marc Olivier Fogiel, le 11 octobre 2018, Christelle s'interrogeait ironiquement sur l'instrumentalisation par la défense de ses SMS. Elle déclarait en substance qu'il suffisait dorénavant d'envoyer un SMS à quelqu'un en lui disant « je vais te tuer » pour s'octroyer le droit de le faire légalement.

Frank D.




1Le Monde : Tariq Ramadan mis en examen pour viol et viol sur personne vulnérable, Raphaëlle Bacqué, 2 février 2017.

2 Reuters : Nouveaux éléments à charge contre Tariq Ramadan, 26 septembre 2018.
3Legifrance : Loi n° 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes.

4Legifrance : article 227-22 du code pénal.

5Le Point : EXCLUSIF. Affaire Tariq Ramadan : ces SMS au cœur de l'instruction, Stéphane Sellami, 22 octobre 2018.

7Le Parisien : Une deuxième femme accuse Tariq Ramadan de viol, Jean-Michel Decugis, 27 octobre 2017.

9Europe 1 : "J’étais à sa merci" : troisième plainte pour viols contre Tariq Ramadan, 7 mars 2018.

11Le Monde : Des SMS à la rescousse de Tariq Ramadan, Yann Bouchez, 24 octobre 2018.

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